20 Avril 1980

Une Génération de combat



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A visage découvert et drapeau de la liberté déployé, la génération d’Avril 1980 prend le pari risqué de la modernité politique. Un acte fondateur d’une portée historique intangible. Le Printemps berbère d’avril 1980 marque un moment de rupture globale avec un ordre politique autoritaire adossé à une idéologie factice. A la vision exclusiviste édifiée sur le système de parti, de langue, de religion, de culture et de pensée unique de nature violente, Avril 1980 oppose et propose une autre conception de l’Algérie. Un autre modèle de société fondé sur le pluralisme politique, les libertés démocratiques et la diversité culturelle et linguistique. C’est la formulation d’un projet démocratique cohérent précurseur. A contre-courant d’un récit national glorificateur, sacralisant, figé et dogmatique, les thèses d’Avril portent un projet national enraciné dans la réalité historique de l’Algérie et qui est dans le même temps tourné vers un avenir ouvert en résonance avec les aspirations d’émancipation. Et c’est en ce sens que le Printemps d’avril 1980 est permanent. Il inaugure une nouvelle séquence historique impérissable. Partie de Kabylie, cette flamme de liberté ne s’est jamais éteinte. Son onde de choc a débordé les frontières nationales et ne cesse de secouer l’histoire et les mémoires. En libérant des énergies, mobilisant des forces politiques et sociales, elle s’incarne en un mouvement qui se met en marche et qui part à la reconquête de ce qui a été véritablement la profondeur civilisationnelle du sous-continent. Face à l’épreuve du temps, mais surtout face aux multiples formes de répression et de persécution, le mouvement n’a pas dévié de sa trajectoire. Il n’a pas cédé. Sur «le chemin du devoir», la dynamique enclenchée à partir de l’université de Tizi Ouzou engrange des victoires. De bataille en bataille, ses idées triomphent et gagnent des espaces. Les acquis sont indéniables. Avril 1980, c’est aussi une rupture générationnelle, car ce moment est aussi et surtout des hommes et des femmes – à peine la trentaine pour les plus âgés d’entre eux– qui vont décider de rompre avec un personnel politique sclérosé et une élite intellectuelle assujettie. A visage découvert et drapeau de la liberté déployé, la génération d’Avril 1980 prend le pari risqué de la modernité politique. Se réclamant des idées progressistes qui ont présidé à la lutte de Libération nationale, elle affronte sur le terrain politique, idéologique et intellectuel le système du parti unique et ses caciques. C’est une poignée de militants composée d’étudiants, médecins et syndicalistes qui va défier l’ogre autoritaire. Dans un contexte d’une hostilité rare, elle réussit à briser le silence national imposé à tous et à ouvrir une brèche dans le congélant mur de l’autoritarisme. Une irruption soudaine et fracassante dans le champ politique national qui fait voler en éclats la doxa nationaliste. Le mythe tombe. Dans une diversité politique et philosophique affirmée, cette génération pionnière décide de penser et d’agir autrement. Elle se projette dans un autre destin en assumant sa part du devoir. Débarrassée du carcan idéologique qui plombe le pays, elle écrit une exaltante histoire en phase avec les aspirations d’un peuple opprimé. Renouer avec un passé millénaire et se rattacher à l’universel en portant des revendications de liberté d’expression, de liberté de conscience, d’émancipation, de droits de l’homme et de justice. Telle était la tâche à laquelle cette génération s’est attelée. C’est en ce sens qu’Avril 1980 était une révolution et ses acteurs des révolutionnaires. Ils s’appellent Mouloud Mammeri, Saïd Sadi, Ali Yahia Abdennour, Djamel Zenati, Saïd Khelil, Mouloud Lounaouci, Rachid Halet, Arezki Aït Larbi, Hend Sadi, Achour Belghezli, Mustapha Bacha, Boukrif Salah, Salem Chaker, Ferhat Mhenni et beaucoup d’autres. Portés par une population fière d’eux, ils vont affronter tête haute la redoutable Sécurité militaire, la persécution et la propagande du parti unique. Ils vont surtout connaître l’impitoyable Cour de sûreté de l’Etat et les affres des sinistres bagnes de Berrouaghia et de Lambèse. Ils ne courbent pas l’échine. Ils ont fait l’histoire, parce qu’ils ont agi en initiateurs d’un combat long. De prison, ils ressortent aguerris. Renforcés dans leur conviction, ils font douter les tenants du pouvoir et déstabilisent leurs certitudes. Déterminés, ils poursuivent inlassablement le combat sur plusieurs fronts. Au sein du MCB, dans la Ligue des droits de l’homme, au sein du mouvement associatif et dans les syndicats. Il n’est pas prétentieux de dire que cette génération a forgé une conscience politique, a fait avancer les idées les plus éclairées. Sa lutte est permanente. Et c’est elle qui va donner naissance et vie au combat démocratique et progressiste au lendemain de l’instauration du pluralisme politique. Dans la phase démocratique – dévoyée –, les acteurs d’Avril 1980 vont encore et toujours se retrouver en première ligne de combat contre à la fois la dictature et son «fils légitime» qui était l’islamisme radical. Avec la même fougue, ils continuent de réenchanter l’idéal démocratique. Venue de loin, la génération d’Avril n’est pas finie.  


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