Un dernier recensement fait ressortir 536 crânes de résistants algériens au musée de Paris



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Le nombre de crânes de résistants algériens conservés au Muséum national d’histoire naturelle de Paris (MNHN), selon un dernier recensement, s’élève à 536, venant de toutes les régions d’Algérie, a indiqué samedi à Paris le chercheur algérien en histoire et anthropologie, Ali-Farid Belkadi.

«Le dernier recensement au 18 avril 2018 s’élève à 536 crânes. Ils viennent de toutes les régions d’Algérie, de Khenchela, d’Oran, de Batna, de Skikda, d’El-Kala, d’Alger. Parmi ces 536 crânes et ossements figurent ceux d’hommes préhistoriques, très peu nombreux. Tous n’ont rien à faire en France», a affirmé dans un entretien à l’APS ce chercheur qui avait découvert, dans le cadre d’un travail de recherche en mars 2011, les crânes d’Algériens qui avaient combattu à Zaâtcha (Biskra) l’armée française en 1849.

«Il y a un an, j’ai fait un nouvel inventaire, à la demande du ministère des Moudjahidine, en vue de la demande officielle de rapatriement de ces restes», a-t-il expliqué, évoquant, par ailleurs, sa demande pour la prise en charge par les autorités algériennes d’autres recherches à mener, concernant cette fois des restes de déportés algériens morts en Nouvelle-Calédonie, «non inhumés, dont les Français avaient gardé les ossements».

A la faveur de l’entretien qu’avait eu le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le 6 décembre dernier, avec son homologue français Emmanuel Macron qui effectuait une visite de travail et d’amitié en Algérie, la France s’est engagée à restituer les crânes de résistants algériens conservés au MNHN, rappelle-t-on. A cet effet, l’Algérie a demandé, en janvier dernier, officiellement à la France la restitution de ces crânes.

Le chercheur Belkadi a indiqué qu’il a repris ce dossier «tout dernièrement» en s’intéressant cette fois-ci aux travaux du docteur Sanrey, un médecin militaire qui vivait dans les années 1840 et qui avait présenté au laboratoire de la Société d’anthropologie de Paris 52 crânes de Biskra et 6 crânes de la région des Aurès, rappelant qu’un de ses confrères, le docteur Paul Topinard, médecin et anthropologue, a publié des travaux sur ces crânes de «la population indigène de Biskra», ainsi que le général Faidherbe.

L’extermination de la population de Zaâtcha

«Le muséum de Paris (MNHN) détient ces restes de Biskra qui portent tous les références du musée suivies d’un numéro d’ordre», a précisé ce spécialiste de l’histoire antique et de l’épigraphie libyque et phénicienne, soulignant que ces crânes originaires de Biskra, glanés par un médecin militaire qui vivait dans les Aurès, appartiennent aux résistants de Zaâtcha, en plus de ceux de cheikh Bouziane et Moussa Al-Darkaoui.

Il faut rappeler que le siège de Zaâtcha (30 km au sud-ouest de Biskra) s’est déroulé du 16 juillet au 26 novembre 1849, opposant les troupes de la colonisation française du général Emile Herbillon aux résistants algériens de cheikh Bouziane, et qui s’est terminé par l’extermination de la population de l’oasis.

«Vers neuf heures et demie du matin, le 26 novembre 1849, la tête de cheikh Bouziane, celle de son fils Al-Hassan et celle de Si-Moussa Al-Darkaoui sont placées au bout de trois piques. Un instant avant qu’on le fusille, un soldat l’ayant bousculé un peu rudement avec la crosse de son fusil, Al-Hassan, le fils de Bouziane dit : «Je suis le fils de Bouziane, on tue le fils de Bouziane, on ne le frappe pas.» Il soulignera que le crâne d’Al-Hassan «n’a pas été retrouvé au muséum de Paris, il doit être rangé dans une autre collection».

Il y a en tout 70 crânes, tous originaires de Biskra, qui sont conservés au MNHN, a-t-il indiqué, relevant qu’«aucun anthropologue français n’a jamais pu récolter autant de crânes en une fois». Le chercheur a ajouté que les autres crânes en provenance des Aurès, «toujours émanant du même médecin», appartiennent à des résistants membres de tribus des Aurès soulevées par le marabout de grande renommée, Si Abdelhafidh ; cette insurrection est liée à celle de Zaâtcha.

Par ailleurs, l’auteur de ces recherches a indiqué qu’il est en relation avec un atelier spécialisé dans la reconstruction/reconstitution faciale de ces crânes pour faire connaître aux Algériens à quoi pouvaient ressembler ces résistants.

Beaucoup de précieux «sujets» de l’histoire et de la préhistoire de l’Algérie conservés à Paris

«Cela coûte environ 17 000 euros par buste, plus l’emballage, le transport et les douanes. L’objectif est de faire connaître aux Algériens à quoi pouvaient ressembler Cherif Boubaghla, Mokhtar Al-Titraoui, Moussa Al-Darkaoui, Cherif Boukedida et quelques autres», a-t-il expliqué, faisant observer qu’on connaît le visage de Massinissa à travers des pièces de monnaie interposées, celui de Juba I et II par leurs statues, ou celui de l’Emir Abdelkader.

«Les enfants dans les écoles sauront qui étaient ces grands héros de la résistance qui ont sacrifié leur vie pour que vive l’Algérie», a-t-il soutenu, lançant un appel aux sponsors en Algérie pour financer cette opération.

Sur un autre plan, le chercheur algérien a indiqué qu’il a également entrepris d’autres recherches au Musée du Louvre où il a fait l’inventaire des stèles phéniciennes de Constantine, soulignant qu’il est le seul Algérien à les avoir recensées et qu’il a contacté à ce sujet le ministère de la Culture.

«Outre les stèles phéniciennes (puniques) du Musée du Louvre, il y a de précieux ‘‘sujets’’ de l’histoire et de la préhistoire de l’Algérie qui sont conservés au MNHN. Des hommes (et des femmes) de Ternifine (le site acheuléen de Tighennif, près de Mascara), des hommes (et des femmes) de mechta Al-Arbi (près de Chelghoum Laïd, Mila), des hommes (et des femmes) de Roknia (Guelma)», a-t-il précisé, soulignant que les crânes exhumés des dolmens de Roknia par le naturaliste Jules-René Bourguignat «appartiennent à la souche berbère».

R. N.


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