Plaidoyer pour une approche qualitative et durable dans l’acte de bâtir



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Le groupe des sociétés Hasnaoui (GSH) participe, à compter d’aujourd’hui et jusqu’au 26 avril, à la 21e édition du Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics (Batimatec). Douze filiales constituant le pôle construction du GSH exposeront leurs nouveaux produits intégrant des systèmes constructifs innovants sur la place de l’Unité africaine de la Safex, aux Pins Maritimes, à Alger. Pour Brahim Hasnaoui, PDG du groupe éponyme, le Salon Batimatec, avec plus de 1000 exposants cette année, est un excellent baromètre pour «jauger la vitalité des différents acteurs du secteur du bâtiment en Algérie, découvrir les nouveautés liées à l’acte de bâtir et dégager des perspectives futurs pour un secteur fortement impacté par la crise financière que connaît le pays». Selon lui, le secteur du bâtiment vit actuellement des problèmes réels induits non seulement par les récentes restrictions budgétaires, mais surtout par l’«incapacité des différents intervenants à concevoir et à relancer la croissance en ayant recours, de moins en moins, à la commande publique». «En l’espace de deux décennies, l’Algérie a consenti des financements colossaux pour la réalisation de logements, tous types confondus. Cette tendance n’est plus envisageable, voire insoutenable à moyen et long termes, d’où la nécessité de repenser la politique du logement en mettant en place de nouveaux mécanismes pour relancer le secteur», explique-t-il. Pour notre interlocuteur, le logement ne doit plus se mesurer en fonction de son coût initial, mais en fonction de son impact sur la santé, l’éducation, la productivité… «L’urbanisme conditionne le citoyen de demain et cela n’a pas de prix. L’Algérie de demain doit pouvoir trouver les meilleures formules possibles pour développer le savoir vivre-ensemble, construire des cités intégrées, écologiques et à faible consommation d’énergie. Et pour commencer, l’Etat est en droit d’exiger un SMIC qualitatif à l’ensemble des intervenants dans le secteur à travers de nouveaux cahiers des charges», soutient-il. Plaidant pour une approche plutôt qualitative et durable dans l’acte de bâtir, Brahim Hasnaoui estime qu’il est aujourd’hui nécessaire de libérer le foncier et d’encourager les initiatives visant à asseoir un processus d’industrialisation des matériaux de construction à même de réduire les coûts de construction. Le foncier est le nœud gordien du problème du logement en Algérie, souligne-t-il. Priorité à l’outil national de réalisation «En Algérie, l’aspect relatif à la préservation des terres agricoles a longtemps servi de prétexte pour freiner le développement de l’immobilier. L’Etat a légiféré en fonction de la Mitidja, une terre fertile et relativement bien irriguée et qu’il est nécessaire de protéger de l’invasion du béton. Mais ce n’est pas le cas de toutes les régions du pays. Dès qu’on sort de la région de la Mitidja, le problème du foncier se pose autrement», fait-il remarquer. Une plus grande disponibilité du foncier permet, affirme-t-il, d’améliorer sensiblement l’ensemble des paramètres auxquels obéit le secteur du bâtiment. L’expérience menée par le groupe à Oran, à travers le projet immobilier El Ryad, en est la meilleure preuve. «Le projet El Ryad a permis d’une part d’intégrer la notion du vivre-ensemble dans une cité à basse densité du bâti et, d’autre part, d’adopter de nouveaux produits de construction fabriqués localement tels que les bétons prêts à l’emploi, le double vitrage pour l’isolation thermique, les ciments colles et autres adjuvants. Cela ne pouvait se faire sans la disponibilité du foncier à l’est de la ville d’Oran», témoigne-t-il. Pour Brahim Hasnaoui, l’industrialisation des matériaux de construction prônée depuis 40 ans par le groupe, à travers des partenariats scellés avec des firmes étrangères, espagnoles et italiennes notamment, commence à porter ses fruits en Algérie. «Nous proposons aujourd’hui des produits 30% moins cher et de qualité équivalente aux produits importés. Maintenant, il s’agit de compléter notre offre en continuant à opérer un transfert de savoir-faire et de renforcer notre compétitivité sur le marché national et à l’international», révèle-t-il. Interrogé sur l’opportunité de recourir à des entreprises étrangères pour la réalisation de projets de logements, Brahim Hasnaoui estime que cette démarche a induit, dans les faits, une marginalisation de l’outil national de réalisation et une saignée de devises avec des parts transférables de plus de 45%. «Au lieu de faire une analyse critique de la situation de l’entreprise algérienne en termes de formation, de financement, de management et d’intégration par corps de métiers, nous avons plutôt opté pour une solution de facilité», constate-t-il. Selon lui, les entreprises étrangères ne sont pas plus performantes que les entreprises algériennes, elles sont plutôt plus avantagées par rapport aux entreprises de droit algérien. «Lorsqu’on permet aux entreprises étrangères d’appliquer des prix unitaires supérieurs, d’avoir recours à une main-d’œuvre qualifiée expatriée, d’importer des engins de travaux publics sans restriction et de pouvoir faire tourner leurs chantiers avec un volume hebdomadaire de 70 heures, il est tout à fait normal qu’elles puissent réaliser plus vite que les entreprises algériennes. Celles-ci sont, par contre, obligées de recruter localement et d’évoluer avec un temps de travail de 40 heures/semaine, sans compter les innombrables entraves bureaucratiques auxquelles elles sont confrontées au quotidien», conclut Brahim Hasnaoui.


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