«Nous attendons l’application effective du principe de la préférence nationale»



...

Propos recueillis par Lyes Mechti Le Salon Batimatec, qui réunit chaque année les professionnels du bâtiment et de la construction, s’ouvrira aujourd’hui pour sa 21e édition, alors que les entreprises du secteur sont toujours en proie à de graves problèmes de trésorerie. Qu’est-ce qui a engendré une telle situation et que faudrait-il faire pour sauver ces entreprises de la faillite ? Le secteur du bâtiment a grandement besoin d’être redressé. Pour ce faire, l’AGEA a soumis, dès le début de l’année, pas moins de l12 propositions qui touchent directement à l’activité quotidienne des entreprises du secteur. Nous avons à ce propos suggéré au sujet de la shortlist, prévue pour la réalisation du programme de logements, de la supprimer carrément vu qu’elle a montré ses limites. Sa suppression permettra aux entreprises nationales de bénéficier des marchés publics. Aussi, afin de mettre un terme à la spéculation dans un marché de la location immobilière, il y a lieu d’encourager l’entreprise nationale à construite des habitations destinées pour 50% à la location et 50% à la vente. La nouveauté portera sur le prix de location qui ne dépasserait pas le SNMG. Le facteur principal de la réussite de ce processus est la facilitation à l’entreprise nationale en matière d’accès au foncier par un mécanisme d’acquisition auprès des walis, via une structure mixte, Etat-entreprise, chargée de manager ce dossier. Nous avons également appelé à mettre en place un mécanisme, au titre de concessions ou tout autre concept assimilé, pour la mise à disposition de zones d’activité du BTPH par wilaya, ce qui permettra de regrouper les entreprises du BTPH et disposer d’espaces pour leurs équipements et autres centrales à béton ou à enrobé. Ce processus permettra aussi de cartographier facilement le secteur du BTPH. Quant aux problèmes rencontrés avec les contrôleurs financiers au niveau des wilayas, il ne faudrait plus que ces respectables employés de l’Etat soient un outil de blocage dans les paiements des situations/factures des entreprises du BTPH. Celles-ci subissent à ce niveau une situation qui devient une énorme contrainte. A notre sens, le contrôleur financier doit contrôler le marché avant sa signature et donner son aval quant au respect des dispositions financières réglementaires. S’il venait à s’opposer, pour ne pas dire bloquer des situations/factures des entreprises du BTPH, il devra sous 48 heures faire part de ses réserves valables, pour permettre à l’entreprise de les lever dans les plus brefs délais et permettre leur paiement. Au niveau local et national le ministère des Finances devra mettre en place un système/circuit de paiement des factures des entreprises du BTPH, tout aussi efficace. Ce système devra être en même temps strict, pour garantir les droits de l’administration, et souple pour pouvoir payer les entreprises dans les temps conclus. Pensez-vous que la décision du gouvernement de surseoir provisoirement au paiement des impôts et taxes par les entreprises du BTP va atténuer, un tant soit peu, la situation de crise que vit l’entreprise du BTPH ? Tout a fait. C’est d’ailleurs une très sage décision, encore faudrait-il que l’application au niveau des wilayas suive. Lors de notre dernière assemblée générale, des informations, rapportées par nos présidents de bureaux de wilaya, ont fait état de la non-application de cette instruction. A ce sujet, nous avons officiellement saisi par écrit monsieur le ministre des Finances pour entreprendre les actions qu’il jugera utiles. Connaissant son professionnalisme, sa rigueur et son écoute, je suis persuadé que des résultats, dans un très proche avenir, seront constatés à l’échelle locale. Qu’en est-il du problème de la concurrence des entreprises étrangères ? Le principe de la préférence nationale dans l’attribution des marchés publics a été officiellement retenu par le gouvernement, mais pouvez-vous nous confirmer son application réelle sur le terrain ? La concurrence doit être loyale et éthique. Elle ne doit pas se baser sur la tricherie. Nous attendons toujours l’application réelle et effective du principe de la préférence nationale de 25% décidée par le président de la République, et ce, à travers les soumissions et les passations de marché. Nous sommes en étroite collaboration avec le ministre de l’Habitat pour que son application soit effective sur le terrain. Nous travaillons également à solutionner les deux plus cruciaux problèmes, à savoir le paiement des arriérés et le plan de charge. Les entreprises du secteur sont confrontées aussi à un autre problème, celui du manque de main-d’œuvre qualifiée. Comment l’appréhendez-vous ? Nous n’avons pas cessé de suggérer au ministère de la Formation professionnelle d’ouvrir des créneaux de formation pour le secteur du BTPH et d’améliorer la communication envers nos jeunes pour les convaincre d’adhérer à ce secteur d’avenir. L’approvisionnement en matière de construction est désormais limité aux matériaux fabriqués localement. Les entreprises du secteur sont-elles satisfaites au plan quantitatif et qualitatif ? Nous sommes satisfaits, mais un grand travail doit être fait par les fabricants, les promoteurs et les réalisateurs pour améliorer davantage la qualité de nos matériaux ; non seulement pour satisfaire le marché national mais aussi pour être concurrentiel à l’international et contribuer, ainsi, à la réduction de la facture des importations. Je voudrai saisir cette occasion pour revenir sur les dernières déclarations de hauts responsables de l’UE par rapport à l’interdiction d’importation de certains produits par l’Algérie, en précisant que ces mesures de protection ne remettent en aucun cas la volonté de l’Algérie de consolider sa coopération économique avec l’UE, mais dans le respect du principe gagnant-gagnant. C’est pourquoi nous soutenons toujours chaque mesure visant à protéger la production nationale.


Lire la suite sur El Watan.