La politique de restrictions budgétaires sera-t-elle revue par le gouvernement ?



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Dopés par la géopolitique, les prix du pétrole ont subitement rebondi. D’à peine 60 dollars en moyenne en 2017, ils dépassent allègrement les 74 dollars aujourd’hui. Quelques pointes à 75 dollars indiquent que les cours pétroliers pourraient s’envoler au moindre retournement de conjoncture (conflit ouvert avec l’Iran, actes terroristes au Nigeria, décision intempestive de Donald Trump, etc.). L’instabilité géopolitique qui affecte une bonne partie de la planète conforte malheureusement cette hypothèse en dépit de la disponibilité d’importants stocks qui auraient normalement dû tirer les prix du pétrole et du gaz vers le bas. Bien qu’il soit encore trop tôt pour présager de la durée de cette subite envolée, cette dernière constitue à l’évidence du pain béni pour les autorités algériennes à court d’argent en cette période extrêmement sensible de préparation à un 5e mandat présidentiel qui requiert des ressources financières considérables pour fidéliser l’électorat à coups de transferts sociaux et d’affectations de rentes. Les 10 à 12 milliards de dollars supplémentaires que pourrait procurer cette remontée des cours pétroliers qui s’ajoutera à l’argent de la planche à billets et au supplément d’impôts collectés vont conforter les autorités algériennes dans leur gestion rentière du pays. Elles continueront à dépenser sans compter dès lors qu’il s’agit de se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir. Bien que le prix de référence pour l’élaboration de la loi de finances pour l’année 2018 soit de 55 dollars le baril, l’équilibre budgétaire réel ne pourra être atteint cette année qu’avec un prix moyen annuel avoisinant les 80 dollars, estiment quelques experts. On est pour l’instant encore loin du compte, le déficit pouvant dépasser les 10 milliards de dollars si les prix venaient à caracoler, comme on le redoute, autour de 75 dollars seulement.    Anticipant cette envolée des cours hydrocarbures que l’on espère forte et durable, le gouvernement qui agit en période préélectorale (l’élections présidentielle aura lieu en avril 2019), le gouvernement prévoit d’ores et déjà d’augmenter fortement les dépenses budgétaires dans le courant de l’année et sans doute encore plus en 2019. Ces dépenses vont, comme chaque année, grossir le déficit des dépenses publiques qui pourraient atteindre voire allègrement dépasser les 2500 milliards de dinars, selon des prévisions largement relayées par la presse. Un déficit que seul un prix du pétrole à 100 dollars, conforté par l’apport de la planche à billets et une collecte d’impôts exceptionnelle, pourrait résorber. Critiqué de toutes parts (FMI, Banque mondiale, opinion publique) pour l’usage de la planche à billets, le gouvernement pourrait décider de modérer cet apport problématique qui risque d’engendrer une envolée de la dette intérieure aux conséquences désastreuses sur les grands équilibres économiques et financiers du pays. A en croire le ministre des Finances, il a été très peu fait usage de la planche à billets dont les premiers tirages (environ 700 milliards de dinars) auraient exclusivement servi à la résorption d’une partie de l’impasse budgétaire qui se chiffre comme on le sait à environ 13% du Produit intérieur brut (PIB). L’embellie financière générée par l’inattendue hausse des cours pétroliers pourrait inciter, pour le grand bien de notre économie, le ministère des Finances et la Banque d’Algérie à mettre en veilleuse la planche à billets. La remontée des cours pétroliers et gaziers dopera également la balance des paiements qui accusait un problématique déficit ayant contraint le gouvernement à mettre en œuvre un programme drastique de réduction des importations qui lui a valu de vives critiques, notamment de la part des pays cosignataires d’accords de libre échange (ZLEM et ZLA). Le gouvernement sera-t-il tenté, au vu des encaisses supplémentaires générées par la hausse des prix des hydrocarbures, de lâcher du lest pour calmer ses partenaires européens et arabes, lésés par la réduction des exportations en direction de notre pays ? Tout porte à croire que le gouvernement algérien, en mal de reconnaissance étrangère notamment en cette période de troubles géopolitiques, le fera. On ne connaît uniquement pas l’ampleur du délestage qu’il sera appelé à consentir à ses remuants partenaires, notamment européens, dont une importante personnalité vient d’effectuer un déplacement à Alger uniquement pour s’enquérir de ce problème. Au ministère du Commerce, on commence même à évoquer la possibilité de mettre fin aux interdictions d’importation d’une gamme d’environ 1000 produits et d’utiliser à la place de ces interdictions des taxes douanières plus élevées. Le commerce extérieur pourrait ainsi continuer à évoluer normalement tout en permettant à l’Etat d’empocher de substantielles recettes douanières.       On s’interroge enfin sur les répercussions possibles de cette hausse inattendue des prix des hydrocarbures sur le niveau de nos réserves de change et sur la remise en selle du fonds de régulation des recettes. Trop tôt pour en parler, reconnaissent les experts qui s’accordent toutefois à dire que les réserves de change (90 milliards de dollars au début de l’année 2018) continueront à baisser compte tenu des dépenses qui seront engagées cette année, tandis que le fonds de régulation des recettes n’aura de chance de ré-émerger que si cette dynamique de remontée des prix s’installe dans la durée. Une prévision qu’il est encore trop tôt de confirmer.


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