Renouveau industriel, une illusion bien entretenue



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A en croire des sources de la Société de gestion immobilière SGI-Annaba en charge de la gestion des Zones industrielles (ZI) de Souk Ahras, Guelma, El Tarf et Annaba, outre celles en cours de réalisation totalisant quelque 2000 ha, le gouvernement s’apprêterait à lancer, d’ici peu, la mise sur pied d’une quarantaine de nouvelles zones industrielles, s’étirant sur environ 8000 hectares. Elles devraient être implantées dans plus de 30 wilayas du pays (Annaba, Skikda, Batna et Sétif, entre autres). Et dans cette perspective, pour la première tranche une enveloppe avoisinant les 900 milliards de dinars aurait déjà été mobilisé pour les besoins du démarrage des chantiers d’un lot de 30 ZI prévues pour entrer en service au second semestre 2019. Quant à la dizaine de projets de ZI restante, un budget global de plus de 600 millions de de dinars a été alloué aux études nécessaires à leur construction qui interviendra courant 2019. L’objectif de la démarche gouvernementale, version 2018, étant «l’encouragement de l’investissement productif à travers la facilitation de l’accès au foncier industriel», une vieille rengaine qui a tendance à devenir de plus en plus lassante. Ainsi, on ne fait que confirmer que dans la filière industrielle nationale, à chaque époque son gouvernement, ses ministres, ses décisions et ses engagements à atteindre le tant attendu renouveau industriel. Mais le mode de pensée reste figé. Claustrés dans le manque de visibilité, nos décideurs ignorent, peut-être, que s’engager dans de nouveaux programmes, c’est également faire le bilan de ce qui a été concrètement réalisé pour mieux comprendre les besoins du présent. Car, faut-il le rappeler, au début de l’automne 2017, le gouvernement, alors dirigé par le même Ouyahia, toujours dans l’ambition de stimuler l’investissement productif national et étranger, avait fait part d’une approche «innovante». Dans ce cadre, le Premier ministre se réjouissait, dans la foulée de la présentation de sa fameuse feuille de route, de la mise au point d’un plan d’envergure portant sur la réalisation progressive, à travers tout le territoire national, de 50 nouvelles ZI, offrant des services modernes, avec des financements pourvus par le Fonds national d’investissement (FNI), sous forme de crédit de long terme. Moins d’une année après, ces 50 nouvelles ZI sont passées à 30 et les wilayas concernées de 39 à 30. Quel qu’en soit le nombre exact, le pays qui dispose déjà de 72 ZI d’une superficie globale de 12 000 ha ainsi que de pas moins de 450 Zones d’activités (ZA) totalisant plus de 17 000 ha, peine à se doter d’une industrie forte et solide à même de l’aider à se défaire de sa dépendance aux hydrocarbures et à en contrer les aléas du marché. C’est à croire qu’en matière de développement industriel, les différents gouvernements continuent de s’investir dans l’effet d’annonce, faisant outrageusement fi de l’impact que cela pourrait avoir sur la crédibilité du pays vis-à-vis des investisseurs, surtout ceux étrangers à l’adresse desquels l’on multiplie, à renfort de vaines stratégies, les tentatives de séduction. Attitude qui incarne de mieux en mieux le symbole de ce décalage entre les enjeux de l’heure et les moyens à mobiliser pour y faire face. Sur quel pied danser, nos gouvernants ne le savent décidément pas. Car, avant le nouveau plan d’Ouyahia, Abdelmalek Sellal avait fait de la réhabilitation des ZI son cheval de bataille. Effets d’annonce Début janvier 2016, son ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, avait annoncé le lancement d’une nouvelle opération de réhabilitation de 70 ZI. Les études y afférentes finalisées et l’enveloppe budgétaire nécessaire prête. Cette opération devait être menée parallèlement à la réalisation de 49 nouveaux parcs industriels, promettait le ministre. Près de 4 années plus tôt — avril 2012 —, Cherif Rahmani, ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, apprenait que le FNI mettait à la disposition de l’Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière (ANIREF) une enveloppe de l’ordre de 85 milliards de dinars pour aménager, en 6 ans, 42 zones industrielles de «nouvelle génération», dont 27 sites devaient être construits sur 5600 hectares le long de la rocade Est-ouest, au Nord du pays, 10 sites sur 2720 ha le long de l’autoroute des Hauts-Plateaux et 5 sites totalisant 1262 ha dans le Sud. En août 2005, un autre programme national de réhabilitation des ZI et ZA s’étalant sur 3 ans devait être mis en chantier pour un budget s’élevant 6 milliards de dinars. Y étaient concernées les ZI et ZAC situées dans les wilayas d’Alger, Blida, Tizi Ouzou, Tissemsilt, Annaba, Skikda, Sétif, Oum El Bouaghi, Constantine, Khenchela, Bordj Bou Arréridj, Relizane, Oran, Aïn Témouchent, Mostaganem et Mascara. «Tous les besoins recensés au niveau de ces zones ont été pris en charge dans le cadre de cette opération d’une importance sans précédent», se réjouissait Abdelhamid Temmar, le ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements de l’époque. En même temps, le projet de création de trois villes industrielles devait être mis en route, dont celle de Bellara dans la wilaya de Jijel. Début 1999 fut donné le coup d’envoi d’une opération de réhabilitation des ZI et ZA pour laquelle l’Etat avait consacré plus de 25 milliards de dinars. Au total, 46 ZI et 18 ZA réhabilitées en 7 ans dans 40 wilayas du pays, annonçait pompeusement Abdelmadjid Menasra, alors ministre de l’Industrie et de la Restructuration. Autres temps, autres conjonctures et enjeux, mais les réponses se focalisant toujours sur l’argent et les engagements sans lendemain. Alors que la crise s’est confortablement installée et les appels à la retenue budgétaire fusaient de partout, pas moins de 10 milliards de dinars avaient été mobilisés pour les besoins d’un programme de réhabilitation des ZA, version Bouchouareb. Bien que celui-ci se soit gardé d’indiquer le volume de l’enveloppe allouée à son programme, des sources sûres parlent de 10 milliards de dinars au minimum, puisque peu de temps avant le déclenchement de la crise, la mise allait être rejouée à hauteur de 20 milliards de dinars. Tout cet argent englouti pour aboutir à quoi ? Une industrie qui peine à sortir la tête de l’eau et une redoutable mafia du foncier qui impose son diktat. Les croisements des intérêts occultes ayant servi à mettre en place un processus de dilapidation en règle de dizaines de milliers d’hectares.


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