Vers un second cycle de baisse des cours du pétrole



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A moins d’un retournement spectaculaire de conjoncture, les cours du pétrole devraient très probablement repartir à la baisse à la faveur des surstocks de pétrole et d’essence aux Etats-Unis d’Amérique officiellement annoncés ce mercredi par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). La loi de l’offre et de la demande est en effet implacable et les prix du Brent ont immédiatement décliné de près de 4 dollars seulement trois jours après la publication de ces statistiques. Le Brent de la mer du Nord est en effet subitement passé de 80,3 dollars à 76,33 dollars vendredi dernier tandis que le WTI chutait de 72,9 dollars à 67,71 dollars. Ces statistiques momentanément occultées par les tumultes de la géopolitique ont subitement remis en évidence que le monde regorge d’hydrocarbures que seule une forte croissance de l’économie mondiale pourrait absorber. Une croissance qui se fait malheureusement attendre et dont les grandes institutions économiques et financières mondiales (FMI, Banque mondiale, Agence internationale de l’énergie, etc.) semblent douter quand elles évoquent les perspectives de reprise. La surabondance de pétrole et de gaz pourrait même s’aggraver si les pays de l’Opep et la Russie venaient à ne pas reconduire l’accord de réduction des quotas qui arrivera à expiration cet été et tout porte à croire qu’un relâchement sera opéré sur pression des gros consommateurs comme la Chine, l’Inde et l’Europe dont la croissance risque d’être compromise par la cherté de l’énergie. Les effets géopolitiques et l’entente des pays membres de l’OPEP ont certes efficacement contribué à une remontée substantielle des cours durant ces six derniers mois, mais ils ne suffisent pas à eux seuls. La relative quiétude géopolitique et la croissance de l’offre venue d’une multitude de puits de pétrole et de gaz de schiste américains et canadiens, ont réussi à maintenir les stocks à des niveaux très élevés. Il faut en effet reconnaître que l’offre mondiale de pétrole et de gaz naturel n’est plus ce qu’elle était il y a à peine une décennie. Les grandes découvertes d’hydrocarbures effectuées dans de nombreux pays d’Afrique (Angola, Zimbabwe, Nigeria, etc.), d’Asie (pays du golfe, Iran, Irak, etc.) et d’Australie notamment, ont mis sur le marché des quantités considérables d’hydrocarbures auxquelles se sont ajoutées celles qui proviennent des puits non conventionnels qui prolifèrent dans certains Etats américains, canadiens et mexicains. De nombreux autres pays, parmi lesquels l’Algérie considérée comme la troisième réserve de gaz de schiste au monde, sont en train de s’y mettre. En dépit du recul de la production opérée par l’Opep et la Russie, le pétrole a continué à couler à flots, approvisionnant copieusement les marchés internationaux «spot», y compris en or noir. La production mondiale actuelle et à venir est de nature à générer une crise de surabondance qui, à l’évidence, impactera négativement les cours des hydrocarbures. Elle sera probablement plus grave que celle que les pays producteurs d’hydrocarbures avaient subie durant les années 2014 et 2017, période durant laquelle les prix avaient décliné au point d’avoir gravement déséquilibré leurs balances des paiements. La remontée des cours du baril qui a culminé à 80 dollars au début du mois de mai 2018 n’est en réalité qu’un épisode conjoncturel dû, comme il était souvent arrivé, à des turbulences géopolitiques qui s’estompent dès que la sérénité revient sur le terrain des conflits internationaux. C’est exactement ce qui s’est passé ces derniers mois avec les déclarations intempestives du président américain Donald Trump qui avait remis en cause l’accord nucléaire avec l’Iran, proféré des menaces à l’encontre de la Syrie et du Venezuela, et rejeté les accords de libre-échange dans les zones atlantique et pacifique. Des menaces qui fort heureusement n’ont pas été suivies d’actions concrètes. Le maintien, à ce jour, de la paix internationale a permis au marché, c’est-à-dire à la loi de l’offre et de la demande, de reprendre sa faculté de déterminer les prix des hydrocarbures. Et à ce titre, le constat d’une surabondance de pétrole et de gaz est vite constatée. Une surabondance du reste exacerbée par une demande mondiale encore trop molle. Le déterminisme imparable de l’offre et de la demande Si la légère reprise des cours constatée ces six derniers mois a effectivement donné quelques lueurs d’espoir notamment aux pays fortement dépendants de la rente pétrolière, la baisse tendancielle qui a entamé son cycle de baisse depuis la publication des stocks américains sonne malheureusement comme un rappel au déterminisme imparable de l’offre et de la demande que des événements conjoncturels peuvent certes perturber momentanément, mais jamais détourner définitivement de son cours que constitue la réalité, autrement dit les données concrètes du marché mondial. Un marché que seule la disponibilité ou non du pétrole et du gaz peuvent réguler, quand bien même certains facteurs exogènes viendraient à perturber, comme ce fut le cas ces six derniers mois, cette incontournable logique. Ce sont précisément ces effets conjoncturels, seuls ou combinés, qui ont fait que les cours du pétrole ont quelque peu grimpé tout au long de ces six derniers mois avant d’opérer une redescente qui risque de ramener à terme le prix du baril à des niveaux très bas. La triste réalité des surstocks dopés par une production massive de pétrole et de gaz de schiste a rattrapé le marché dont la préoccupation essentielle n’est plus de vendre au meilleur prix, mais la certitude de pouvoir écouler ses stocks qui n’arrêteront pas de se déprécier sous l’effet d’une surproduction que l’économie mondiale ne parvient pas à absorber dans son état actuel de croissance. A moins d’un spectaculaire retournement de conjoncture que pourrait provoquer une guerre, un achat massif d’hydrocarbures par la Chine et certains grands pays émergents ou une reprise subite de la croissance mondiale, la tendance à l’accumulation de stocks a toutes les chances de se poursuivre, voire même de s’amplifier. Incités par l’augmentation des cours de ces six derniers mois, les producteurs se sont en effet lancés dans une course effrénée à l’extraction de pétrole et de gaz non conventionnels. Près d’un millier de nouveaux puits ont été forés en quelques mois dans divers Etats américains, portant la production des Etats-Unis à un peu plus de 10 millions de barils/jour. En raison de ce trop d’hydrocarbures, les pays producteurs de pétrole risquent de faire les frais d’un second cycle de baisse des prix qu’il sera cette fois bien difficile de contenir par des ententes de cartels, ni même par des crises géopolitiques mineures. Les stocks disponibles sont trop importants et par conséquent plus difficiles à écouler sur les marchés internationaux et notamment le marché spot de Rotterdam où la concurrence est de plus en plus féroce. Pour obtenir de nouveaux marchés ou seulement garder leurs clients attitrés, certains négociants en mal de débouchés sont prêts à brader leurs produits au risque de provoquer une nouvelle dégringolade des prix dont pâtiraient surtout les pays fortement dépendants de la rente d’hydrocarbures, comme le nôtre.  


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