Faute de budget, le restaurant du CRA de Ghardaïa peine à assurer le f’tour aux centaines de nécessiteux



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À travers la wilaya de Ghardaïa, 6162 repas ont été déjà offerts la 1ère semaine de Ramadhan par les 5 restos du CRA. Rencontré au siège du croissant rouge algérien de Ghardaïa, en plein centre ville, le président du CRA de Ghardaïa, Ba El Hadj Bafouloulou, nous reçoit mais avec beaucoup de lassitude dans la voix « nous sommes éreintés par la situation. Dites vous bien que nous sommes entrain de nous endetter auprès de divers fournisseurs pour nous approvisionner en denrées alimentaires de façon à pouvoir continuer à assurer des repas de l’Iftar aux nécessiteux. Même les bienfaiteurs, qui avant nous remettaient tant de l’argent que des denrées alimentaires, se sont font très rares. C’est vraiment infime comme contribution que nous avons reçu de leur part cette année. Même la wilaya, qui nous a promis de nous aider pécuniairement tarde à le faire, mais nous restons confiant. Nous savons que nous pouvons compter sur eux. Ce n’est qu’une  question de temps et nous recevrons cette somme qui nous soulagera beaucoup. Il faut que vous  sachiez, aussi, que nous avons ouvert cette année 5 restaurants dont le plus important est celui ci, au centre de la ville de Ghardaïa. Les  autres sont situés à Guerrara, à 120 kms au nord - est du chef lieu de wilaya, à Berriane à 45 kms au nord, à Zelfana à 75 kms au sud et à El Atteuf, à 10 kms. Nous avons à la date d’hier, (samedi 26 mai) déjà servi à travers nos 5 restos 6162 repas, mais le gros a été servi ici à Ghardaïa.  »   En effet, à Ghardaïa, le CRA reste pratiquement le dernier refuge structuré, à continuer à porter et prêter assistance à une frange de population fragile et démunie, dont le dernier lieu de chaleur et de dignité qui lui restait dans cette wilaya, risque , si la situation financière ne s’améliore pas, de lui être refusé, l’abandonnant ainsi aux affres de la faim et de la misère .Il y a lieu de souligner que le restaurant du CRA de Ghardaïa est le seul lieu ouvert chaque année tout au long du mois de carême, connu et apprécié de tous les nécessiteux de la région qui en font un lieu de convergence obligatoire pour apaiser leur faim dans le respect et la dignité, tant les bénévoles qui y activent font tout pour mettre chacun d’eux (et d’elles, parce qu’il y a aussi plein de femmes, dont certaines accompagnées d’enfants en bas âges qui y pointent chaque soir à l’heure du f’tour), dans les meilleures conditions possibles.   Ayant à son actif plus de dix années de bénévolat dans cette même structure, un vieux monsieur qui affirme laisser chaque soir sa famille rompre le jeûne sans lui, pour venir donner un coup de main, être utile et apporter un tant soit peu de chaleur humaine à une partie de notre population dans le besoin, ne comprend toujours pas ces réticences , cet abandon et ce refus silencieux d’apporter une aide à son prochain par les pouvoirs publics. “Ils sont les seuls à ne pas les voir, à croire qu’ils sont atteints de cécité. Pourtant le restaurant du CRA est situé à proximité du siège de la wilaya, mitoyen de l’APC de Ghardaïa et faisant face, séparé de quelques centaines de mètres, du siège de la DAS. Il leur suffit juste d’orienter leur regard vers cette bâtisse pour mesurer l’ampleur de la détresse humaine en ce mois censé être celui de la piété et du partage”.   Puis ajoutant à notre adresse : “Regardez par vous-même cette longue chaîne qui se met déjà en place et il n’est que 18 heures. Restez avec nous jusqu’au f’tour et vous constaterez que plus on sert, plus ils arrivent” et c’est effectivement ce que nous avons constaté de visu, plus de 160 repas ont été servis ce soir-là. Et tous ceux qui ont été servis sont des Algériens, par des Algériens. Faut-il en faire un dessin ? 


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