Affaire brc et gestion de Sonatrach

Les contrevérités de Ould Kaddour



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L’argument de la lutte des clans au sommet de l’Etat, réelle ou présumée, est brandi par l’actuel PDG de Sonatrach pour mieux escamoter le fond de l’affaire –non jugée à ce jour – sur laquelle a enquêté l’Inspection générale des finances dès février 2006. Dans un entretien au Quotidien d’Oran (édition d’hier), Abdelmoumen Ould Kaddour revient, pour la première fois, sur cette affaire BRC dans laquelle sont impliquées des personnalités de la haute hiérarchie militaire et des hommes du président Bouteflika. Abdou – petit surnom affectif du PDG de Sonatrach – est comme Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll : un personnage féerique.  L’Algérie, son univers fantastique, le comble au-delà de ses espérances, lui, qui avant son rappel insolite, en mars 2017, à la tête du géant Sonatrach, gisait encore dans la fosse aux traîtres dans laquelle il a été jeté pour «espionnage» dans un volet de l’affaire BRC (Brown Root & Condor), la  compagnie mixte d’engineering algéro-américaine qu’il dirigera contre les intérêts de son pays. Vent debout, assuré du déploiement instantané du parapluie yankee, le patron de Sonatrach parle, disserte. Sans complexe. Sans vergogne.  Dans un entretien au Quotidien d’Oran (édition d’hier), Abdelmoumen Ould Kaddour revient, pour la première fois, sur cette affaire BRC dans laquelle sont impliquées des personnalités de la haute hiérarchie militaire et des hommes du président Bouteflika. «Une affaire complexe et scabreuse», estime d’emblée Ould Kaddour. Une affaire «diligentée pour casser Chakib Khelil», dès lors que l’ancien ministre de l’Energie (et patron de Sonatrach à l’heure du scandale), «n’a jamais accepté que le DRS s’implique dans la gestion des entreprises affiliées à Sonatrach, encore moins dans son ministère». L’argument (argutie ?) de la lutte de clans au sommet de l’Etat, réelle ou présumée, est brandi pour mieux escamoter le fond de l’affaire – non jugée à ce jour – sur laquelle a enquêté l’Inspection générale des finances dès février 2006. Pour rappel, entre 2001-2005, BRC avait obetenu 41 gros marchés en EPC (clés en main), de gré à gré, pour un montant avoisinant les 204 milliards dinars. BRC, joint-venture créée au milieu des années 1990 avec l’américain KBR, filiale d’Halliburton,  avait en effet le privilège des marchés du ministère de la Défense nationale avec 14 contrats pour 131,4 milliards de dinars, dont des hôpitaux militaires, bases aériennes, système d’information, etc., et 27 marchés avec Sonatrach pour 73,5 milliards de dinars. Astronomiques, les surfacturations mises au jour par les inspecteurs de l’IGF le long du processus de l’attribution et exécution desdits contrats renseignent sur le degré d’incurie affectant les secteurs de la Défense et de l’Energie, et sur l’entreprise de pillage en règle des ressources qui s’y  pratique. Deux des rapports de l’IGF (rapport préliminaire et rapport d’étape) consacrés à ces 41 contrats avaient été rendus publics ; le troisième, le rapport final, qui devait être celui de «l’approfondissement» de la mission de contrôle de l’IGF aux domiciliations bancaires, aux transferts et paiements à l’étranger, à la situation fiscale de BRC, aux contrats de sous-traitance et aux coûts du personnel étranger, languit sous une épaisse chape de plomb. «Détournements ? Malversations ? De quoi avez-vous été accusé précisément ? » interroge la journaliste Ghania Oukazi. «D’espionnage !» répond Ould Kaddour. Le procès,  à huis clos, du Pdg de BRC,  accusé avec un lieutenant du service d’écoute, et un civil, leur ami commun, de «divulgation d’informations classées secret défense nationale», a été expédié par le tribunal militaire de Blida en février 2007. Les avocats de la défense avaient évoqué à l’époque (comptes rendus de la presse) une «affaire banale» de flash-disc contenant un fichier sonore, une communication téléphonique interceptée entre Ould Kaddour et «son correspondant libyen». Condamné à une peine relativement clémente – le code militaire prévoit des peine capitales pour les crimes d’espionnage et de trahison – , incarcéré à la prison militaire de Blida, Ould Kaddour est libéré sans purger la totalité de sa peine. «On m’a sorti de prison comme on m’a fait entrer, sans aucun papier, sans aucun dossier» dit-il et, usant d’ironie, ajoute : «J’ai été jugé pour espionnage alors que BRC avait construit le siège de l’état-major de l’armée ! N’est-ce pas contradictoire ?» Ould Kaddour est amer à l’évocation du sort réservé à  BRC, dissoute dans la précipitation, dans un bain d’acide faisant disparaître le corps du crime. «BRC que nous avons créée était une entreprise performante, de niveau mondial, elle réalisait des projets complexes dans les délais et dans les coûts, elle employait 2000 ingénieurs et techniciens algériens, en majorité des jeunes, on travaillait dans un cadre super sophistiqué, on avait déjà l’open-space (…). BRC a construit le centre de criminologie de Bouchaoui, le siège du ministère de l’Energie, les hôpitaux d’Oran et de Constantine, le centre d’expertise et le service des grands brûlés de Aïn Naâdja…» Un plan de charge qui suscite les convoitises : «On traitait de gros projets, qui dit gros projets, dit grosses sommes d’argent, on nous en voulait, les tentations…» dit-il en guise d’explication. Ould Kaddour ne dira rien sur son innocence ni sur sa culpabilité d’ailleurs. «J’ai passé deux ans de prison à Blida,  raconte-t-il,  chez les militaires. J’ai été condamné officiellement à 30 mois de prison ferme, mais avant de les terminer, on est venu me dire ‘tu sors’, j’ai refusé, j’ai demandé pourquoi vous m’avez mis en prison et pourquoi vous voulez que je sorte aujourd’hui ?» Après avoir saigné à blanc les budgets de la défense et de Sonatrach, le manager de 67 ans, consacré parmi les personnalités les plus influentes en Afrique, élevé dans la cour de l’empire – qui l’a formé dans ses prestigieux  MIT Massachusetts et Harvard University –, est un néo-converti au patriotisme économique. «Dans notre stratégie SH 2030, nous avons intégré le processing, nous avons commencé à raffiner en février 2018, on ne doit plus vendre nos matières premières et notre gaz sans valeur ajoutée», se résout Ould Kaddour, fantasmant sur une Sonatrach «recentrée sur ses métiers de base» et «positionnée dans le top 5 des compagnies mondiales». 


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