Tribune. Inner circle, Ahmed Ouyahia et Fadhila Laouar



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Si vous arrêtez de parler, tout irait pour le mieux Ya si Ouyahia ! C’est l’unique conseil que je vous offre par ces temps qui courent. Et c’est dire, dès qu’il y a un cafouillis au sommet -les Américains appellent cela “muddle” – vous allumez vos torches en expliquant, comme un héritier de l’Etat, ce qu’on doit faire et ce qu’on ne doit pas faire.

Qui l’eut cru c’est bel et bien vous Ahmed Ouyahia …vous qui résumez les 56 ans d’indépendance de l’Algérie, vous les résumez dans le registre des séquences lugubres dans lesquelles se façonne chaque jour que Dieu fait.

Injustice, menace, délit d’opinion, corruption, rente, RNdisme de parvenus, cruauté, méchanceté et clientélisme. Si on a multiplié ces épithètes, c’est que votre personnage nous fait rappeler douloureusement Mme Fadila Laouar, cadre de Sider Annaba, décédée’ en novembre 1997.

Le fichier était bien connu, le cancer terminal de cette dame n’a pas dissuadé le pouvoir Algérien du Rond à Béton de l’inculper injustement avec 10 de ses collègues. L’acte d’accusation résumait toute l’hérésie judiciaire dans un procès plus infâme que burlesque, tenu un certain mois d’octobre 1997.

Ici, on ne veut surtout pas nous ‘étaler sur les supplices infligés à cette Algérienne avant sa mort, algérienne sans grade oui ! Juste de la ville d’Annaba loin des Microphones  d’Alger ! Une femme de l’Elisa et du Mont Edough, elle qui, en matière d’abnégation et de compétence, 100 Ouyahia ne pouvaient rivaliser avec.

Pauvre Algérie: Fadhila est morte car ce fût le temps du Chimiste du RND et de son collègue Mohamed Betchine. On pense, d’ailleurs, que, si Ahmed Ouyahia est devenu premier ministre dans ce pays, c’est qu’il a bien su comment forcer les barrages en compagnie de Betchine.

Pour L’horloge, c’était déjà acquis … c’est son métier. Juste une petite chaouchara (intrigue) contre Mokdad Sifi et le voilà dans l’actuariat funeste, imposé par le trio Belkhir, Toufik et Touati, comme chef du gouvernement le 31 décembre 1995.

Il séjourna en premier essai jusqu’au 10 juin 1997, soit un total de 523 jours. L’apprentissage en tronc commun pour un premier ministre “normal” dure en principe juste 3 mois soit 90 jours, il en a eu 6 fois plus. Contre toute attente, il est reconduit le 24 juin 1997 pour rester encore jusqu’au 14 décembre 1998.

Ce fut déjà terrible pour l’Etat …..et le monde avait cru que la bêtise avait droit uniquement à  une vie, mais revoilà encore Ouyahia apparaître comme alternative pour maximiser les alliances, juste après la mutinerie politique Bouteflika- Medienne contre Benflis -Lamari en 2003 .

L’homme allait totaliser une sieste subventionnée de 3820 jours presque 10 ans et demi: un record comme indu-occupant du premier ministère, poste qu’il ne quitte en déchéance que le 3 septembre 2012 sous le titrage: Ouyahia IX ( 9ieme épisode ), ou le Zéro résultat.

Jamais, jamais vous ne trouverez de telles débandades ailleurs … sauf chez nous, dans cette Algérie des indispensables, ou on pouvait recycler un “loser” perdant pour 10 fois successives. Sacrilège dans une narquoise le congélateur de la rente le refait encore réapparaître comme chef du gouvernement après Tebboune.

Et oui, il n’y a qu’un seul habitant dans l’ile, l’ile ne connait du Monde que cet habitant  …. Elle dépend  de lui, il ne dépend pas d’elle, c’est grâce à lui  l’ile survit, c’est l’homme qui est né avant la terre chez nous !

Mais qu’elle est la place d’Ouyahia dans la sociométrie du régime ? Dans quelle position se trouve-il ? … autrement expliqué dans ces liaisons en dyades et en triades.

Le fil américain ne le cite pas mais présente l’ « Inner circle » en une triade capitoline Algérienne de trois collines. La colline présidentielle (presidential Hill) occupée par les deux Boutef’ et la version politique de la personne d’  El Hamel, la colline militaire assurée par Gaid Salah et enfin la colline de la politique partisane( partisan Political Hill) pilotée par la quincaillerie du FLN  . Cette dernière  serait  juste l’outil à actionner, une fois le plan d’attaque élaboré’.

En seconde rangée dans l’inner circle , et dans des couloirs respectifs, vous trouvez le Chef de la Police « en version pratique » qui dispose d’une capacité mobilisable de policiers pour faire face à un déferlement de milliers de manifestants, après lui les partons de l’ Entrepreneuriat du ciment et du gravier et de l’automobile  pour la frange affairiste , toujours en contact avec  la présidence , et enfin, le  responsable de l’intelligence pour gérer les Data.

Ouyahia qui trimbale une image d’Epinal, serait en réalité le guichet commun du foisonnement-cloisonnement, charge’ parfois, grâce à  sa rhétorique,   de  bobiner juste , les fils de la mercerie.

Ça parait une organisation presque parfaite prête au plan, elle n’a rien à envier à l’Inner circle de Georges Bush à la veille de son deuxième mandat. Mais en travaux pratiques pour bloquer l’opposition politique, beaucoup repose sur le dos des chef de la police  et de la justice qui font bon marché des libertés des gens quand ça leur  plait, mais gagnent  ses bonnes notes en matière de gestion de foule, et la police est devenue l’unique attrait touristique de l’Algérie

Utile de comparer : Si à New York la police est juste gestionnaire de l’espace public mais pas de la liberté, la police en Algérie est pluridisciplinaire, elle gère l’air, l’espace, et la liberté.

 Empêcher les gens de s’exprimer dans les marches et les manifestations devient son credo. Sa formule est simple: elle a développé un véritable procédé d’usine lors des actions de rue. Le déploiement policier dans des cadres urbains compliqués,  est l’un des plus rapides au monde.

Puis elle dispose de toute l’onomastique des éléments meneurs de la contestation  maîtrisés  dans beaucoup de cas,  des le début, et généralement grâce à la force physique de ses agents, meneurs embarqués vers des commissariats parfois éloignés des endroits du clash.

L’Algérie fait ainsi sa mutation d’un pays policier, pour se reconvertir en pays de la Police. Le RCD parle de Police politique, mais Police tout court juste utilisée à  mauvais escient. Son rôle sera encore  déterminant dans les élections de 2019.

Ce qui est frappant, c’est que la police Algérienne revient à des bons sentiments en finale, comme si elle fait partie d’un jeu politique. Une fois l’extinction de la manifestation et son noyau dispersé, le processus devient achevé.

On téléphone de chez El hamel  selon un timing. Relâchez-les ! Et c’est comme cela que l’événement se vide de sa substance à l’aide de Télévisions vassales ! 90% des arrêtés disent qu’ils étaient bien traités par la police au niveau des commissariats …

Ihtiram el Mouatin ” (respect du citoyen) en florilège … par la main gauche une bouteille d’eau ou jus en bonus pour améliorer l’ordinaire, et le chef de la police comptabilise en extra-muros : aucun tué, aucun blessé grave durant toutes ses interventions : un exploit dans un pays musulman, le chef de police risque d’être le candidat de 2019 !  .

Au département d’Etat américain et comme le rapporte leur relai diplomatique, le chef de la police Algérienne ,  a des ambitions présidentielles .  

Ceci est pour le volet Rue et la police , et on estime qu’il y a un fléchissement aujourd’hui et ça va fonctionner pour quelques temps, car jusqu’à présent la contestation politique plus précisément, ne se traduit pas convenablement dans le réflexe populaire pouvant créer la dynamique, vu les régiments de rentiers-corrompus qui ceinturent les hauts territoires mais intensément étranglent les espaces mitoyens et basilaires.

Toutefois, La gravite résiderait le jour où les mathématiques de la banque centrale croiseraient réellement la réalité économique et sociale. La réponse politique tendrait alors à se fédérer mais la marge d’erreur offrirait la place à l’imprévu. Le régime pourrait faire aussi une bavure de trop, qui risquerait de territorialiser l’émeute.

Et en parallèle ? Croyant avoir gagné la rue, les gens des pouvoirs s’attaquent à leur problème de l’heure: les journalistes et les intellectuels qui les contredisent. Il faut dire avec un pouvoir qui n’aime pas la démocratie mais juste fasciné par l’ignorance et le mal, il lui arrive de devenir si inspiré’ en choisissant par mégarde un Ouyahia , toujours prêt pour assurer la mission de factotum de l’immeuble , et devenir copains des journalistes .

Mais quel est ce pouvoir qui se fie au syllogisme d’un premier ministre devenu une des personnes les plus mal-aimées de l’Algérie ? Ou moment où même son partenaire Ould Abbas aurait exige selon des sources sures, sa soumission politique et la dissolution pure et simple du RND . Dans quelles limites Ouyahia est utile ? Pourquoi il juste un chef de chorale qui accepte de se faire bémoliser  les  fausses notes ?

Pour répondre a ces questions, il faut revenir aux foyers normatifs qui guident ses monologues cycliques de créateur en couveuse du RND, surtout lorsqu’il est venu  hier expliquer en raisonnement “jussif ” truffé d’injonctions délibératives. Ça sera probablement un volet à ouvrir pour explorer une démarche difforme et contrefaite devenue une véritable tradition chancelante d’un homme qui ne veut pas se ressaisir. Rabi yahdi man Khlaq ( Que Dieu guide vers le droit chemin ,sa créature).

Larbi Zouaimia Universitaire   Analyse et Blogueur


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