Béji Caïd Essebsi prépare-t-il sa succession ?



...

Les récents va-et-vient de Ridha Belhaj au palais de Carthage ont fait de son retour à la sphère du président de la République et Nidaa Tounes une conclusion normale. Belhaj était le directeur exécutif de Nidaa Tounes, avant de devenir directeur du cabinet présidentiel.

Avec les rumeurs circulant concernant l’alignement d’une bonne partie du staff du palais de Carthage sur les thèses du chef du gouvernement, Youssef Chahed, contre Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif de Nidaa Tounes, le retour de ce fidèle lieutenant devient envisageable.

Par ailleurs, «Belhaj est le plus docile parmi les ex-dirigeants de Nidaa Tounes, ayant quitté le parti ; il n’est pas de la trempe de Lazhar Akermi ou Mohsen Marzouk», affirme, sur Tounesna TV, l’avocat Abdelaziz Mezoughi, lui aussi, nidaaiste des premières heures. Le président Caïd Essebsi voudrait, semble-t-il, le charger de réaménager Nidaa Tounes, en vue des élections générales de 2019.

Pour ce qui est de l’ex-chef de gouvernement, Habib Essid, le flou persiste concernant son éventuel retour dans la sphère du Président. Essid s’est limité à dire que «rien n’est officiel». Son retour constituerait une surprise.

Renforts

Ridha Belhaj a donc quitté son parti Tounes Awalan et a rejoint Nidaa Tounes. La commission politique de Tounes Awalan a approuvé ce départ. Il ne sera pas surprenant que ledit parti se dissoude pour fusionner avec Nidaa Tounes.

Ce sera un renfort de taille pour la clique de Hafedh Caïd Essebsi, au sein de Nidaa Tounes, d’autant plus que quatre autres membres (Boujemaa Remili, Khemaies Ksila, Naceur Chouikh et Faouzi Meaouia) de la commission constitutive de cette formation sont des membres de l’instance politique de Nidaa Tounes qui a déposé Hafedh Caïd Essebsi. Ridha Belhaj est également membre de la commission constitutive de Nidaa Tounes, l’unique structure légale du parti fondé par le président Béji.

Pour ce qui est de Habib Essid, c’est une autre paire de manches. Le Président aurait besoin d’un conseiller assimilant toutes les affaires de l’Etat, y compris en matière sécuritaire. En plus, Habib Essid pourrait constituer un bon candidat pour la présidence de la République.

Il connaît très bien les rouages de l’Etat et sa position de ministre-conseiller pourrait l’aider à mieux comprendre ce qui lui reste à savoir. Habib Essid était en 2014 le candidat proposé par Nidaa Tounes et accepté par Ennahdha à la tête du gouvernement de l’époque. Pourquoi pas maintenant pour le poste de président de la République ?

Souci d’alternance

Les observateurs considèrent que le président Caïd Essebsi serait en train de préparer son parti et son entourage pour les prochaines élections générales.

Les principaux acteurs politiques n’étant plus, selon lui, en harmonie après le gel de l’accord de Carthage. «Le gouvernement de Chahed ne dispose plus de ceinture politique pour le protéger», a affirmé le Président dans une interview sur Nessma TV.

La scène politique est tiraillée, comme le traduisent les flottements au sein de l’Assemblée des représentants du peuple et la division par rapport au sort du gouvernement de Chahed.

Le président Béji Caid Essebsi n’a pas voulu activer l’article 99 de la Constitution, lui permettant de demander le renouvellement de confiance à l’égard du gouvernement Chahed. Il veut rester au-dessus des conflits partisans. Toutefois, à travers le renforcement de son entourage, le président Béji Caïd Essebsi veut rester vigilant durant le reste de son mandat, tout en étant fidèle à son attitude de ne pas se prononcer concernant son éventuelle candidature en 2019.

Il est clair que Béji Caïd Essebsi veut remettre de l’ordre au sein de Nidaa Tounes pour garder la possibilité de l’alternance politique en Tunisie, impossible en l’absence d’un parti pouvant concurrencer les islamistes d’Ennahdha.


Lire la suite sur El Watan.