Ne tirez pas sur les altistes !



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Sous une chaleur accablante, avec un seul climatiseur en service, ce chef d’orchestre de 57 ans conduit la répétition d’Une nuit sur le mont chauve du modeste Moussorgski. Autour de lui, une quarantaine de musiciens se préparent pour un concert prévu le 18 août au Théâtre national de Bagdad.

Devant leurs pupitres, les présents ont la passion de la musique chevillée au corps, en dépit des secousses qu’a connues leur pays. Mais une grande partie de l’orchestre a déserté, estimant que la dernière décision du gouvernement leur portait le coup de grâce. «L’orchestre est en grand danger. Regardez, il n’y a que le tiers de l’équipe. Certains n’ont plus assez d’argent pour venir et d’autres sont déçus par l’impact de la politique sur l’orchestre», affirme le chef à la longue chevelure grise, en jean et polo gris.

«Nous sommes au bord du précipice, mais soyez sûr que nous n’allons pas tomber. Ne pas être payés pendant huit mois a un effet psychologique terrible sur les musiciens, mais nous allons continuer à résister pacifiquement avec notre musique», ajoute cet homme jovial, qui fut en 1989 le premier maestro de nationalité irakienne, quatre ans après l’obtention de son diplôme en Roumanie.
Guerres, embargo et jihadistes

L’Orchestre national irakien, né officiellement en 1970 après plusieurs tentatives avortées, a survécu à tous les soubresauts de l’histoire depuis 40 ans. Il a connu deux guerres, une invasion, un embargo international de douze ans et l’apparition du groupe ultra radical Etat islamique (EI), qui s’était emparé du tiers du pays avant d’en être chassé il y a moins d’un an. Mais c’est une autre guerre, celle «contre la corruption», qui risque d’en venir à bout. Suivant une recommandation de la Banque Mondiale, pour lutter contre la corruption, le ministère des Finances a émis en début d’année une directive interdisant à tout fonctionnaire de toucher deux salaires de l’Etat, une mesure qui frappe un tiers des membres de l’orchestre. En moyenne, un musicien touche 600 000 dinars par mois (500 dollars) et le chef d’orchestre 1 500 000 dinars (1 250 dollars). L’orchestre coûte mensuellement à l’Etat 100 millions de dinars (85 000 dollars).

Des montants dérisoires, comparés aux sommes exorbitantes que des ministres ou hauts fonctionnaires ont détournées avant d’être arrêtés, chassés ou s’être enfuis. Les deux tiers restants des musiciens non concernés par la directive –retraités, employés du secteur privé ou ceux n’ayant pas d’autres ressources– ont le droit d’être rémunérés. Mais en raison de la lenteur bureaucratique que subit la mise en place de la réforme, personne n’a reçu le moindre dinar depuis huit mois. Ainsi, le chef d’orchestre, sa fille Nour, timbaliste, ses fils Hossam, violoncelliste, et Islam, altiste, n’ont rien touché depuis janvier.

Pour le directeur des affaires administratives du ministère de la Culture, Raad Allaoui, il n’y a pas de quoi s’affoler. «Le ministère des Finances a demandé une régularisation des contrats (…) Des mesures de vérification sont en cours», affirme-t-il à l’AFP pour expliquer les retards de paiement. Il assure que les salaires seront payés prochainement car «l’orchestre est une des vitrines culturelles du pays» et que le ministère «respecte ses artistes et leur talent».Les principaux intéressés dénoncent toutefois des paroles creuses déjà entendues.


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