Abdelkader Drif. Ancien dirigeant du MC Alger

«Le PDG de Sonatrach exécute les ordres d’officines occultes»



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Abdelkader Drif, un des plus anciens dirigeants encore en vie du Mouloudia d’Alger, n’est pas resté insensible aux derniers événements qui ont secoué le grand club algérois.

Comme toujours, fidèle à ses positions qu’il a toujours exprimées lorsqu’il s’agit du club qu’il a eu l’honneur de diriger au temps de sa splendeur et de son historique succès en Coupe d’Afrique des clubs en 1976 — le MCA a été le premier club algérien à remporter la Coupe d’Afrique des clubs champions —, il ne voulait à aucun prix laisser passer l’épisode malheureux de ce début de saison, élimination en Ligue des champions, limogeage du coach Bernard Casoni et du directeur du club , Kamel Kaci Saïd, qui a été par la suite reconduit dans ses fonctions suite à l’intervention du PDG de Sonatrach.

 

M. Drif, que vous inspire la situation du Mouloudia ?

Je tiens à préciser qu’à travers ma déclaration, j’exerce mon droit d’opinion légitime en tant qu’ancien dirigeant, pour ne pas dire le dernier encore en vie. Je suis avec d’autres Mouloudéens un témoin privilégié de la longue et riche histoire de ce grand club. Je suis convaincu que la majorité des Mouloudéens épousent mon point de vue sur la situation actuelle. Elle n’est pas bonne du tout et rien dans les décisions prises ces derniers jours ne présage d’un avenir radieux à l’ombre de l’opacité qui entoure la prise des décisions. Personne ne peut tromper ni leurrer le peuple du Mouloudia. Les Mouloudéens ne sont pas dupes et disent à l’unisson : «Non à cette situation !»

Vous contestez les décisions du premier responsable de Sonatrach qui est intervenu en personne dans ce qui est appelé «l’affaire du double limogeage» de Bernard Casoni et Kaci Saïd ?

Je n’ai pas cette prétention. D’abord, mon éducation ne me le permet pas, ensuite, de faire une intrusion ou immixtion dans les prérogatives du premier responsable de Sonatrach. Beaucoup diront, à juste raison, que les décisions du PDG de Sonatrach sont souveraines et qu’elles ne prêtent nullement à contestation de la part de parties (supporters, anciens dirigeants, joueurs) qui ne sont pas directement impliquées dans la gestion et la vie de la société sportive.

OK. Néanmoins, les supporters ont le droit de penser le contraire car il s’agit de leur club. Je suis sûr que ces derniers ne sont pas en phase avec les dernières décisions prises. J’irai plus loin. Le peuple du Mouloudia s’interroge sur la manière dont le club est dirigé. Les derniers événements lui donnent raison.

C’est-à-dire ?

Voilà un club qui est totalement pris en charge par la plus grande entreprise du pays, donc qui ne souffre pas de l’absence ou manque de moyens comparativement à de nombreux clubs algériens qui malgré tout cela n’arrivent pas à gagner des titres régulièrement. Donc, quelque chose cloche dans la maison. Exemple édifiant, la saison dernière s’est achevée sans que le Mouloudia remporte un titre. Tout le monde est parti en vacances, je ne sais s’il y a eu un bilan qui a été fait. L’entraîneur n’était pas sûr d’être maintenu. Cela a été fait très tard.

Le recrutement s’est fait partiellement sans lui, c’est lui qui l’a déclaré à la veille du match contre Sétif en Ligue des champions. Cela a débouché sur une situation ubuesque. Casoni et Kaci Saïd se sont mutuellement rejeté la responsabilité du fiasco technique. Après la douloureuse élimination en Ligue des champions, le conseil d’administration s’est réveillé et a décidé de mette fin aux fonctions des deux intéressés. Ce mic-mac n’arrange pas les affaires du Mouloudia.

Le conseil d’administration n’a fait qu’exercer ses prérogatives…

C’est facile de dégager en touche. Il s’est dédouané par ces deux décisions. Mais avant, qu’a-t-il fait pour éviter cette situation qui fait du Mouloudia la risée du football algérien ? Une situation pareille n’aurait jamais pu se produire si le conseil d’administration était vigilant et avait pris toutes ses responsabilités. On ne reprend pas une saison sur les ruines de la précédente. Si le conseil d’administration avait procédé à une étude sérieuse du bilan de la saison dernière, il aurait fait l’économie de la crise qui secoue aujourd’hui le club de plein fouet.

Les objectifs arrêtés en début de saison n’ont pas été atteints. Des décisions ont-elles été prises à l’encontre de ceux qui sont responsables des échecs ? Non. La nouvelle saison a été planifiée sans tenir compte de ce qui n’a pas marché. Les responsables n’ont à aucun moment fait dans l’anticipation. Couper des têtes pour en sauver d’autres, c’est vieux jeu. Les mouluriers ne mordront pas à l’hameçon.

A quel niveau situez-vous l’échec ?

La réussite ou l’échec dans le football, on ne peut pas l’imputer à une seule partie. Toutefois, j’ouvre la parenthèse pour dire que les joueurs, autant que leurs responsables, portent une lourde responsabilité dans ce qui est arrivé. Le collectif n’avait pas toutes les capacités techniques requises pour les challenges fixés par la direction. Le talent faisait défaut à ce groupe. La direction s’est fourvoyée dans ses ambitions sans limites.

Pour viser des titres, il faut mettre sur pied une composante humaine, technique, capable de matérialiser les objectifs fixés par la direction. En fin de saison, Casoni est rentré chez lui sans aucune assurance de rempiler. Kaci Saïd a poursuivi sa mission à la tête du club a priori sans avoir fait un bilan sérieux de la saison qui s’est achevée sans titre. Quelques jours avant la reprise, Casoni est sorti de sa retraite. Il est revenu, a complété le recrutement et la machine ne s’est pas emballée comme le club le souhaitait.

Un commentaire sur la décision du PCA Hireche qui a décidé de limoger Kaci Saïd et Casoni ?

Il n’a fait qu’exercer les pouvoirs que lui confère son poste de président du conseil d’administration de la SSPA Le Doyen. Rapidement, sa décision a été battue en brèche par le patron de Sonatrach, Ould Kaddour, qui est intervenu personnellement pour exiger le retour de Kamel Kaci Saïd. Situation incongrue. Ce retournement de situation fragilise Hireche qui a été désigné pour cette responsabilité par le patron de Sonatrach. Hireche a deux solutions : se soumettre ou se démettre.

Le président-directeur général de Sonatrach a-t-il pris la bonne décision ?

Pour moi, le problème se pose en d’autres termes. S’il avait choisi les bonnes options, validé un vrai projet, il ne serait pas là aujourd’hui à jouer au pompier. Avec ce type de gestion, la maison Mouloudia finira par brûler un jour. Le message que je délivre au patron de Sonatrach est le suivant : «Monsieur Ould Kaddour, vous ne gérez pas le monument sportif qu’est le Mouloudia. Vous ne faites qu’exécuter des ordres imposés par des officines occultes».


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