L’Algérie se prépare pour abandonner le gazoduc Maghreb-Europe qui traverse le Maroc



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Le ministre de l’Energie Mustapha Guitouni a lancé l’extension ou plutôt la déviation du gazoduc Maghreb-Europe qui relie l’Algérie à l’Espagne via le Maroc. L’information n’a pas fait beaucoup de bruit. Hormis Le Soir d’Algérie qui a relevé son importance en ce sens qu’elle concerne directement l’avenir de ce gazoduc entré en exploitation en 1996, les autres médias ont juste annoncé le lancement des travaux d’extension.

Or, l’enjeu est capital pour l’Algérie qui cherche à pouvoir directement alimenter l’Espagne mais aussi l’Europe en gaz sans dépendre d’un autre pays. En effet, l’extension, longue de 200 km, permettra de relier le Gazoduc Pedro Duran Farell, qui va de Tlemcen vers l’Espagne à travers le Maroc, au Medgaz qui va de Beni-Saf à Aïn Témouchent à Almeria en Espagne. Le point de jonction se situe à El Aricha dans la wilaya de Tlemcen.

Le ministre de l’Energie parle de l’augmentation du volume des exportations du gaz via le Medgaz, mais le gouvernement algérien se prépare en réalité à l’éventualité de la non-reconduction par le Maroc du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe, qui arrivera à terme en 2021. Autrement dit, par cette extension, l’Algérie envisage l’option d’abandonner carrément le gazoduc Maghreb-Europe et de concentrer ses exportations vers l’Europe sur le Medgaz, en attendant de relancer l’autre gazoduc Galsi qui reliera l’Algérie à l’Italie.

Cette décision de faire la jonction entre le Medgaz et le Pedro Duran Farell est motivée par l’attitude changeante du Maroc, dont les dirigeants sont de plus en plus hostiles à l’égard de l’Algérie.

Le lancement des travaux de cette extension, confiés à des entreprises nationales pour un coût total estimé à plus de 31 milliards de dinars, intervient quelques temps après le doute semé par le ministre marocain de l’Energie sur l’avenir du contrat du gazoduc Maghreb-Europe qui prendra fin dans trois ans.

En effet, dans une déclaration à un journal marocain, ce ministre avait affirmé que «le Maroc développe deux lignes hautement stratégiques, à savoir Jorf Lasfar et le gazoduc Maroc-Nigeria. La ligne reliant l’Espagne à l’Algérie qui passe par le Maroc est tout aussi importante, selon lui, mais elle est au centre d’une grande réflexion «pour trouver la meilleure vocation pour cette grande infrastructure, aussi bien pour le marché national que celui de l’export du gaz».

Ce ministre n’avait pas du tout parlé de la reconduction du contrat. Lorsqu’on connaît le niveau d’hostilité du régime marocain à l’égard de l’Algérie, il est très fort probable que le contrat ne serait pas renouvelé. Surtout que le Maroc est partie prenante du gazoduc Nigeria Espagne qui passera aussi par Gibraltar. L’Algérie agit donc pour parer à toute éventualité et surtout pour sécuriser totalement ses exportations gazières vers l’Europe.

Aujourd’hui, le Medgaz assure une bonne partie des exportations de gaz vers l’Espagne. Plus de 60% du gaz transitant par ce gazoduc sont destinés au marché espagnol. Le reste est vendu sur le marché européen devenu très concurrentiel avec l’arrivée du gaz de schiste américain. Ce gazoduc assure le tiers de la consommation annuelle espagnole en gaz naturel estimée à près de 33 milliards mètres cubes.

H. A.


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