Document exclusif. L’ARPT ferme les yeux sur des centres d’appels clandestins à Alger



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L’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), qui s’est transformée récemment en Autorité de Régulation de la Poste et des Communications Electroniques (ARPCE), est au coeur d’un nouveau scandale qui soulève de nombreuses interrogations sur la gestion de cet organisme stratégique.  

Un organisme qui a en charge la régulation de plusieurs activités comme celles des centres d’appels en Algérie. A ce propos, Algérie Part a obtenu des documents exclusifs démontrant un énorme laisser-aller et un immobilisme criant. En effet, l’ARPT ferme les yeux sur des pratiques scandaleuses qui portent un préjudice considérable au secteur des télécommunications en particulier et à l’économie nationale en général. Il s’agit des centres d’appels qui opèrent en toute clandestinité et illégalité. Preuve en est, en date du 6 mai dernier, un avocat basé à Alger a fait parvenir tout un dossier à l’ARPT concernant les activités clandestines de deux centres d’appels appelés Eurl CARTEL Prime et SARL Telux.

Comme le démontre les documents en notre possession, ces deux sociétés détiennent des centres d’appels dans les banlieues d’Alger où ils proposent des prestations chèrement payées en euros par des clients étrangers. La SARL TELUX, par exemple, détient un immense centre d’appel caché dans une luxueuse villa située à Birkhadem. Selon nos investigations, rien que loyer de cette villa coûte environ 70 millions de centimes par mois. La gérante de ce centre d’appel est une demoiselle qui s’appelle Imane Boumaza. Son parcours est troublant et regorge plusieurs zones d’ombre. Depuis 2015/2016, cette gérante dispose de son propre centre d’appel qui travaillait sans aucune autorisation ou agrément délivré par l’ARPT. Son associé Abdelmalek Maaouche détient lui-aussi un autre centre d’appel  clandestin qui était basé à la Résidence Sahraoui à Draria. Aujourd’hui, il est localisé à El-Achour. Pour l’exploiter, comme son associée Imane Boumaza,  Abdelmalek Maaouche, utilise une simple agence de communication

Il faut savoir que pour le fonctionnement d’un centre d’appel, il est nécessaire d’injecter un fonds de roulement doté chaque mois d’au moins 200 millions de centimes. Il est également nécessaire de se doter d’une connexion internet puissante appelée dans le jargon des experts “une connexion symétrique” qui permet une fluidité dans les communications des centres d’appels. Le coût de cette connexion internet est d’au moins 14 millions de Da par mois. Il faut donc beaucoup, mais vraiment beaucoup, d’argent pour lancer un centre d’appel.

En Algérie, il faut surtout un agrément ! Et la procédure pour l’obtenir est des plus dures et strictes. Cette procédure peut tarder jusqu’à une année car le demandeur d’un agrément de centre d’appels doit déposer, d’abord, un dossier au niveau de l’ARPT. Cette instance transmet ce dossier au ministère de la Défense Nationale. La gendarmerie nationale entre ensuite en action et réalise des entretiens avec le demandeur pour vérifier tout son parcours. Et depuis 2017, en plus de l’enquête de la gendarmerie nationale, le dossier d’une demande d’agrément pour l’activité d’un centre d’appels doit passer aussi par les services du ministère de l’Intérieur. La DGSN réalise également, de son côté, des enquêtes et le demandeur est convoqué au niveau de la sûreté de sa daïra pour les besoins d’un autre entretien. A la fin de toutes ces procédures, l’agrément est délivré par l’ARPT à la suite du feu vert de toutes ces institutions. L’agrément est imprimé sur un papier sécurisé. Il s’agit du même papier utilisé pour imprimer les billets de banque.

Il faut savoir qu’en Algérie, l’article 1 de la décision N”O1 /SP/PC/ARPT DU 11 JANVIER 2O1O stipule clairement que seules “les sociétés disposant d’une autorisation dûment délivrée par I’autorité de régulation de la poste et des télécommunications sont autorisées à fournir des prestations de service de centre d’appel tel que défini dans le cahier des charges élaboré à cet effet”.

L’article 3 de cette même décision explique que “nonobstant les poursuites judiciaires qui en résulteront, le non respect de la présente décision entraînera l’application aux contrevenants des sanctions prévues aux articles 35, 36, 37 et 38 de la loi no2000-03 du 5 Joumada El 0ula 1421 correspondant au 5 Août 2000 fixant les règles générales relatives à la poste et aux télécommunications”.

La loi algérienne prévoit donc des sanctions sévères à l’encontre des opérateurs qui exploitent des centres d’appels clandestins. Mais l’ARPT n’a pas bougé le petit doigt durant toutes ces dernières années alors que nous avons recensé au cours de nos investigations au moins 3 centres d’appels qui travaillent au noir dans les environs d’Alger à l’image de TELUX et CARTEL PRIME. Ces centres disposent même de clients étrangers qui leur versent des paiements conséquents en devises. A titre d’exemple, le centre d’appel de TELUX travaille avec un client français appelé FIDELIS, spécialiste de la collecte de dons au profit des associations françaises. Rien que grâce à ce client, TELUX engrange jusqu’à 20 mille euros par mois.

Une activité clandestine et illégale qui cause ainsi un préjudice financier important au Trésor Public puisque des impôts ne sont pas payés comme tous les contribuables déclarés et transparents qui travaillent en toute légalité. Selon nos investigations, la gérante de TELUX a déposé finalement un dossier de demande d’agrément au mois de janvier 2018. Jusqu’à aujourd’hui, aucune suite n’a été donnée à sa demande. En attendant, elle poursuit son activité clandestine comme il y a de cela au moins trois ans. Signalons en dernier lieu qu’il y a près de 91 centres d’appels légaux et agréés en Algérie. Ces opérateurs souffrent terriblement de la concurrence déloyale de ces centres d’appels clandestins.

Les experts fin connaisseurs de ce secteur mettent enfin en exergue la menace sur la sécurité nationale que représentent ces centres d’appels clandestins qui détiennent entre leurs mains des bases de données regroupant des millions d’utilisateurs et de consommateurs. Des données sensibles et confidentielles qui peuvent être utilisées pour des desseins suspects ou dangereux. Qu’attend l’ARPT pour réagir ?


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