Noyade collective



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Par Akram Chorfi – L’Algérie se noie dans un verre d’eau. Cela pour deux raisons. La première tient au fait que des averses saisonnières, pourtant prévisibles, prennent les responsables communaux en défaut, au point de surprendre au moment où il aurait fallu s’y préparer pour réduire leurs effets sur les populations et le milieu urbain.

La seconde, et la plus regrettable, c’est la manière de communiquer des responsables qui prennent à chaque fois des postures défensives, comme s’ils étaient coupables d’avoir provoqué la catastrophe, alors qu’en comparaison avec d’autres pays, même parmi les plus avancés, les inondations et autres impondérables ne provoquent guère moins de victimes et de dégâts matériels.

En se livrant à un travail de recherche de diagnostic, on se rend compte, avec facilité, d’une réalité indiscutable : la responsabilité est partagée entre les acteurs communaux et les populations, les uns étant défaillants et incapables d’être proactifs, les autres étant agissants, braconnant à tout-va, accaparant des biens publics, construisant à même les oueds, jetant les ordures ménagères sur les routes, qui finissent par boucher les avaloirs.

Mais si la responsabilité est effectivement partagée, elle finit, pourtant, par revenir de droit à l’Etat, instance globale, qui a toujours eu bon dos, supportant même les attaques de populations victimes de leurs propres méfaits, avec l’air de dire que l’Etat ne les a pas protégés contre eux-mêmes.

N’est-ce pas le cas de gens qui construisent, contre le bon sens et en dépit des lois, sur des lits d’oueds et qui ragent, plus tard, contre les pouvoirs publics quand l’impondérable vient à se produire ?

Une manifestation des forces de la nature devient destructrice car elle trouve sur son passage, secondée par l’imprévision des intendants de la cité, l’incivisme coupable des habitants.

Et pourtant, sur ces tableaux qui décrivent la bêtise humaine, ces mêmes acteurs de la gabegie collective et institutionnelle dessinent des traits de courage, portés par des élans de solidarité humaine, unis dans la crise comme jamais, capables d’être des héros prêts à donner leur vie pour sauver des vies.

A. C.


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