Le patron du RND réduit le 5 octobre 1988 à l’anarchie

Les messages inquiétants d’Ouyahia



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Catégorique, Ahmed Ouyahia écarte l’option de dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN), quelle que soit la nature de la crise et quelle que soit sa durée, comme il affirme que l’élection présidentielle se tiendra comme prévu en avril 2019.

Le secrétaire général du RND et de surcroît Premier ministre a invité le président du Parlement, Saïd Bouhadja, à démissionner «dans la dignité» de son poste de président de l’Assemblée, comme le souhaitent les députés qui l’ont porté, il y a une année et demie, à ce rang. Lors d’une conférence de presse animée hier, à l’issue d’une rencontre avec les femmes de son parti, le patron du RND est revenu sur les questions qui alimentent l’actualité ces derniers jours, à leur tête, justement, la crise qui secoue le Parlement.

Tout en s’abstenant d’entrer en confrontation avec Bouhadja, Ouyahia a affirmé, ouvertement, avoir soutenu l’action des 100 députés de son parti dès lors qu’il n’a pas objecté la motion de destitution de Bouhadja paraphée par ces élus. «Les députés ne veulent plus travailler avec le président de l’APN, voilà les raisons du marasme», a expliqué Ouyahia, précisant que la Constitution ne prévoit pas le cas d’un conflit interne à l’APN et que la Présidence n’a pas à intervenir dans les affaires internes du Parlement et les problèmes entre les députés.

A croire donc Ahmed Ouyahia, la Présidence n’y est pour rien et ne peut pas s’immiscer dans les affaires internes de l’Assemblée du fait que la Constitution a clairement énoncé la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

«La Constitution est claire à ce sujet. En plus de cela, Bouhadja n’est pas élu par décret, donc je ne comprends pas pourquoi on parle d’un coup de fil de la Présidence. Il a été élu par ses pairs, il se trouve qu’il s’est produit un malentendu entre eux et par conséquent ils ne veulent plus travailler avec lui, d’où le blocage et cela ne va pas se répercuter sur la vie politique. Il n’y a pas de crise politique», rassure Ouyahia.

«Je n’ai pas peur de l’opposition, mais des fauteurs de troubles»

Il appelle Bouhadja à faire preuve de sagesse et à faire prévaloir l’intérêt général, car, selon lui, la situation qui a conduit au blocage est insensée. «Je ne pense pas que Bouhadja va s’aventurer à vouloir bloquer l’APN pendant longtemps, quand bien même il persisterait dans son refus de démissionner, cela ne posera pas problème, puisque la loi de finances 2019 sera signée par le Président le 30 décembre 2018 et sans recourir au Parlement», avoue Ouyahia qui, par ces propos, reconnaît que l’APN est inutile !

Abordant la question de la présidentielle, le Premier ministre a réitéré son appel au président Bouteflika pour briguer un 5e mandat afin de poursuivre son œuvre qu’il a entamée il y a 19 ans. Le RND, dit-il, est un allié du front national auquel a appelé le FLN pour soutenir la candidature de Bouteflika, mais les deux partis, se défend-il, ont des méthodes différentes. Ce qui amène Ouyahia à parler de stabilité, tout en mettant en garde contre ceux qui essayent d’attenter à l’Algérie.

«On ne réalise l’importance de la stabilité que lorsqu’on la perd. Le multipartisme et la démocratie ne doivent pas être un outil pour porter atteinte à l’Algérie. Beaucoup s’adonnent à des manœuvres politiciennes au détriment du pays et au service d’ambitions personnelles, on en a parlé en évoquant les événements d’Octobre et elles sont encore là. Il y a certains qui sont prêts à mettre le pays à sang juste pour préserver leurs intérêts», affirme Ouyahia qui pense qu’il dérange de par son travail, d’où le souhait de certains de le voir «dégommer» par Bouteflika dans le cas où il y aurait un remaniement. L’opposition ne fait pas peur à Ahmed Ouyahia.

Mais il craint et redoute les fauteurs de troubles (khalatine). Hier dans son discours, Ouyahia a évoqué quatre défis à relever. Il s’agit, vraisemblablement, d’une feuille de route que l’Exécutif doit mettre en exécution : il s’agit de mettre fin à l’anarchie et la violence, réhabiliter la notion de travail, vaincre la démagogie et préserver la stabilité du pays.

Pour le chef du RND, les événements d’Octobre 1988 sont la résultante de «manipulations politiciennes» et qui «n’ont pas marqué le début du processus démocratique dans le pays», mais le début de l’installation de «l’anarchie, de l’incivisme, du rejet de la loi et des velléités d’imposer la dictature de la rue». Pour lui, les martyrs d’Octobre 1988 sont des «victimes de manœuvres politiciennes». Abordant la période de terrorisme, Ouyahia parle de «décennie de terrorisme» et non «noire», avant de souligner que «cette folie meurtrière a fait perdre 18 années pour les avancées démocratiques au pays».

«Des lobbies manipulent la rue»

«La violence, elle, est venue dans le sillage du terrorisme et est devenue aujourd’hui un véritable fléau», dit-il, citant les guerres des gangs qui se déroulent dans les nouvelles cités. «Tous ces phénomènes doivent être éradiqués, car avec l’anarchie, on n’ira pas loin», lance-t-il, avant de pointer du doigt certains cercles. «Dès qu’on touche aux intérêts des lobbies, ils font sortir les enfants du peuple dans la rue», accuse Ouyahia qui appelle à l’occasion la société à jouer pleinement son rôle. «L’Etat doit imposer le respect de la loi, c’est évident.

Mais la société aussi doit éduquer ses enfants.» Ouyhaia s’en est pris également à ceux qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs, traitant leur action de «populisme». Il appelle à mettre fin à la démagogie.

Invité à s’expliquer sur les revendication des retraités de l’armée, Ouyahia ne comprend pas leur attitude. «Est-ce qu’ils manifestent pour revendiquer leurs droits ou est-ce qu’ils sont actionnés et utilisés ? Nous constatons qu’à la veille d’un rendez-vous électoral important, il y a ce genre d’agitation, d’où nos questionnements», tranche Ouyahia. Certaines voix ont fait de l’immobilisme de l’Algérie un registre du commerce, rien ne doit bouger. «Si on veut avancer, il faut d’abord se libérer de la démagogie, puis veiller à défendre la justice sociale», note-t-il.

«Bajolet est un accident de l’histoire»

Sur un autre registre, Ouyahia a nié l’existence de crise entre l’Algérie et la France, mais notre pays applique la réciprocité. Interrogé sur la position de l’Algérie quant aux déclarations de l’ex-ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet, Ouyahia pense que Bajolet fait partie du clan qui cherche à démolir les relations algéro-françaises. «Pour l’Algérie, le livre de Bajolet est un torrent de haine. Les analystes devraient lire son livre jusqu’à la fin.

Il a consacré 30 pages à l’Algérie où il a déversé sa haine. Bouteflika a été élu pas son peuple, la France défend ses intérêts et l’Algérie aussi», a tonné Ouyahia pour qui cet ex-ambassadeur n’est autre qu’un accident de l’histoire dans les relations entre l’Algérie et la France. «Il a déversé son fiel. Mais les chiens aboient et la caravane passe», tranche le chef de l’Exécutif. Au sujet des «restrictions» sur l’octroi des visas, il fera remarquer que «la France a agi d’une certaine façon, nous répondrons de façon similaire» et il rappelle qu’«entre l’Algérie et la France, il n’existe pas une relation de cadeaux»,conclut Ouyahia.


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