Les veuves, douleurs et détermination féminines



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La 9e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB) donne la parole aux femmes pour dire, artistiquement, leur existence, leurs épreuves et leurs aspirations.

Dans la soirée de lundi, trois femmes tunisiennes l’ont fait sur les planches du théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh dans une tragédie gémissante de souffrances.

Les veuves, la pièce de l’Argentin Ariel Dorfman, mise en scène et adaptée par Wafaa Taboubi, raconte le drame de trois femmes qui ne sont pas, en fait, toutes veuves. L’une a perdu son époux, les deux autres le père et le frère.

L’épouse, la fille et la sœur partagent en tout cas la même douleur de la perte d’un être cher dont elles n’ont pas fait le deuil pour n’avoir pas pu récupérer leurs corps. Chaque jour, elles scrutent la mer qui rejette des cadavres dans l’espoir de récupérer ceux de leurs hommes. Le brouillard, qui a enveloppé le silence pesant au lever de rideau, a traduit des horizons qui s’annoncent bouchés.

La scénographie a grossi les contours de la tragédie par les déplacements et le positionnement des comédiennes sur les planches et leurs expressions corporelles qui dessinent le désarroi humain. Les trois femmes (Nadra Touni, Nadra Sassi et Faten Shawaybi) se meuvent sur une scène sans aucun décor, nue comme la vérité, avec des costumes sobres et un jeu d’acteurs maîtrisé.

En courant, parcourant ou en traversant la scène, elles jettent et s’arrachent des draps blancs que l’on ne peut s’empêcher de voir comme des linceuls. Le drame n’est pas loin. De jour comme de nuit, les trois femmes font face à la mer agitée dont on entend les vagues remuantes.

L’océan qui a emporté leurs hommes les écoute, témoin de leurs douleurs. «Rendez- nous nos hommes pour qu’on les enterre». Leurs cris de détresse sont sans écho. Elles se questionnent, doutent, se disputent et espèrent. L’inconnu, la peur, le désarroi et les faux espoirs les menacent de folie et les fait balancer entre pleurs et éclats de rires. Des fous rires dans le malheur.

C’est le tragique qui convulse. Leurs hommes ont disparu dans des circonstances floues, dans un pays où on nous fait entendre les bruits de bottes, d’hélicoptères et de bombardements. Un climat de guerre est suggéré pour placer dans la trame le facteur provocateur des cas de disparition. Colonisation ou guerre civile ?

Ni le contexte ni l’ennemi ne sont précis. Les coupables auxquels les trois femmes font face sont bien armés. Ils sont même méprisés et défiés de venir affronter le courage de ces femmes qui pleurent leurs disparus. Ils sont trahis par la mer qui vomit les cadavres de leurs victimes. Lorsque la mer se calme, les dialogues s’apaisent.

On parle d’amour et de séduction, comme un lot volé à des femmes à l’âme lacérée. Ni le frère ni le père, encore moins l’époux que l’on soupçonne, quant à lui, d’avoir trahi et fui par lâcheté, n’ont réapparu.

Les hommes ont disparu, les femmes résistent aux violences et à l’injustice. «Quand est-ce que le pays redeviendra comme avant ?», questionne l’une d’elles. Le combat et le drame de la femme se dissolvent dans le drame de tout un pays qui la mobilise. «Sortez ! Laissez-nous construire notre pays», crient, rageuses, les trois «veuves».

Comme le suggère le spectacle, l’ennemi, dont l’identité est gardée indécise, n’apparaît pas nécessairement à la force des baïonnettes de l’invasion. La pièce, premier prix aux journées théâtrales de Carthage en 2017, est laissée ouverte aux interprétations, libre à chacun de l’appliquer au contexte des disparus de son pays. La douleur est identique.


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