Conseil national du parti sur fond d’exclusions

La famille d’Aït Ahmed s’implique



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Le conseil national du Front des forces socialistes (FFS) s’est réuni, hier en session ordinaire, au siège national du parti, avenue Souidani Boudjemaâ. Selon un communiqué sanctionnant les travaux de ce conclave et dont El Watan a reçu une copie, «le conseil national ordinaire a procédé à l’examen de la situation politique et organique du parti». Les débats «ont porté sur le système actuel de gouvernance politique et la nécessité urgente de son changement», précise la même source.

S’exprimant sur l’échéance électorale de 2019, les membres du conseil national n’ont «aucun doute» sur le fait que «sauf imprévu, la prochaine élection présidentielle ne fera que pérenniser le système actuel, quel que soit le candidat parrainé par le régime, alors que le FFS plaide, lui, pour un changement de système et non pas pour un changement dans le système». Le FFS préconise d’engager un processus politique fondé sur «un projet de reconstruction d’un consensus national avec l’élection d’une Assemblée constituante, visant à instaurer un nouveau système basé sur le droit et la démocratie».

Analysant le régime de gouvernance qui a prévalu depuis l’indépendance, le FFS estime que «l’Exécutif n’est pas parvenu à décentraliser l’administration et à diversifier l’économie en l’ancrant au plan régional et mondial, afin de créer des emplois en nombre suffisant et des infrastructures sociales en rapport avec les besoins croissants». «Le législatif mal élu n’a pas constitué un contre-pouvoir crédible en mesure d’être le porte-voix des aspirations réelles de la population. Quant à l’appareil judiciaire, sa dépendance à l’égard de l’Exécutif, son silence devant la violation des lois, y compris de la Constitution, l’a rendu inapte à construire l’Etat de droit.»

Le FFS constate que «le système est usé» et doute qu’il «puisse se réformer par lui-même, en faisant du nouveau avec de l’ancien». «Cela étant, le changement est inévitable à court ou à moyen terme, et gagnerait à se faire de façon pacifique et consensuelle, dans le cadre d’un Etat de droit.» Dans l’alternative qu’ils proposent, les membres du conseil national insistent sur le fait que «le changement de système politique doit s’accompagner en même temps d’un changement de politique économique qui préserve la souveraineté nationale dans le contexte de la mondialisation.

Ce sera la mission du futur gouvernement qui sera issu, avec l’avènement de la 2e République, de la future Assemblée nationale constituante démocratiquement élue». Sur le plan organique, le communiqué du FFS annonce que «le conseil national a pris connaissance de l’état d’avancement des opérations de renouvellement et d’élargissement des structures du parti au niveau des fédérations et des sections, et se félicite du respect de la feuille de route et des délais fixés».

Pas de réponse à la déclaration de la famille Aït Ahmed

Notons que le communiqué du FFS n’a pas abordé les mesures disciplinaires qui ont touché certains cadres du parti. Le conseil national était pourtant très attendu sur ce sujet, et tout particulièrement sur le cas de la députée Salima Ghezali qui a été radiée des rangs du parti pour une tribune publiée sur TSA le 13 août 2018 sous le titre : «Réponse au général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah».
Sa radiation a suscité, faut-il le rappeler, une vive émotion au sein de l’opinion et a fortiori chez une partie des militants et des sympathisants du FFS. Cela a obligé la famille de Hocine Aït Ahmed à réagir à travers une déclaration publique diffusée jeudi dernier.

La déclaration est signée : «Les enfants de Hocine Aït Ahmed, en concertation avec Djamila Aït Ahmed.» Intitulé : «Déclaration de la famille de Hocine Aït Ahmed», le document met en exergue cette formule : «FFS : Collégialité-Concertation-Consensus», une manière de rappeler les valeurs fondamentales du parti. Juste en dessous, on peut lire ces mots qui donnent le ton : «La liberté d’expression et le droit à l’expression libre aujourd’hui en péril. Les fondamentaux et l’avenir du FFS, enjeux du conseil national (CN) du vendredi 19 octobre 2018.»

Interpellant les militants et les cadres du parti qui devaient donc se réunir hier, la famille de Da L’Hocine les harangue en des termes assez vigoureux. Qu’on en juge : «A chaque membre du conseil national du FFS, ‘‘instance délibérante et de contrôle’’ (article 37 des statuts) : votre sens de l’honneur et votre esprit de responsabilité sont sollicités à titre individuel. Ils seront déterminants pour l’issue de la réunion du CN du 19 octobre et pour l’avenir du FFS.»

Attirant l’attention des membres de cette assemblée sur la gravité de la radiation de Salima Ghezali, les auteurs qualifient cette mesure d’«ubuesque» : «Valider et/ ou entériner la radiation de Salima Ghezali, notamment compte tenu de l’épisode ubuesque et kafkaïen du 6 octobre dernier par la commission de médiation et de règlement des conflits, illustré par le refus du président de cette commission d’en signer le procès-verbal avec remise de sa démission séance tenante, c’est légitimer irréversiblement au sein du FFS les pratiques superficielles aux relents staliniens.»

Et d’ajouter en s’adressant «à chaque militante et militant du FFS» : «Vous êtes porteurs, à titre individuel, et dépositaires, à titre collectif, des valeurs, des principes et des fondamentaux du FFS. Il vous revient légitimement, en particulier en cette grave crise que vit aujourd’hui le FFS, de susciter et d’organiser, pacifiquement et sans violence, des débats à cet égard dans chacune de vos structures ainsi que de (ré)instaurer formellement les pratiques de collégialité, de libre débat et de concertation pour un consensus.»

Ils exhortent dans la foulée les membres de chacune des trois instances dirigeantes du parti à agir en conscience : «A chaque membre des trois collégialités (instance présidentielle / comité d’éthique / secrétariat national, composant la collégialité de la direction nationale – article 45 des statuts) : Exprimez ouvertement et assumez pleinement vos positions en toute responsabilité politique individuelle et collégiale sans vous cacher devant ou derrière le portrait de Hocine Aït Ahmed.»

La famille du défunt chef historique du FFS n’hésite pas à plaider la cause des proscrits en leur témoignant clairement son soutien : «Nous exprimons notre pleine solidarité avec Salima Ghezali, Chafaâ Bouaiche, Abderrazak Zemmouri, Soraya Louz, ainsi que notre inquiétude, notamment, pour Hamou Didouche, Hassen Ferli, Hakim Kridi, Chafâa Aguenihanai, Hocine Haroun, Nacer Abdoune…» En conclusion, les enfants et la veuve de Hocine Aït Ahmed insistent sur le cas Salima Ghezali en déclarant : «En tout état de cause, nous considérons la décision de la radiation de Salima Ghezali comme un désaveu de Hocine Aït Ahmed dans un contexte de reniement des valeurs, principes et fondamentaux de Hocine Aït Ahmed au sein du FFS.»

Pour rappel, dans sa tribune publiée sur TSA, Salima Ghezali était revenue sur l’inauguration par Gaïd Salah, le 30 juin dernier, d’une annexe de l’Académie militaire de Cherchell baptisée du nom de Abane Ramdane en regrettant le fait que ce geste n’ait pas dépassé le cadre protocolaire pour pousser nos décideurs civils et militaires à s’inspirer réellement de la vision politique de Abane et des principes résolument modernes de la Plateforme de la Soummam. Elle concluait sa tribune au vitriol par ces mots cinglants : «Il ne reste, pour ceux que le sort du pays intéresse, qu’à reprendre les idéaux patriotiques là où ils ont été abandonnés en même temps que la Plateforme de la Soummam et passer de manière ordonnée à la deuxième République. Ou se condamner à, tôt ou tard, repasser par la case 1er Novembre.

Mais cela ne concerne pas votre génération ni son système. Ce ne peut être l’affaire que de patriotes politiquement formés, techniquement compétents et moralement intègres. A ce propos, vous avez raison quand vous dites que le peuple algérien aime son armée. Mais vous n’avez aucune idée du degré de détestation que ce même peuple algérien a pour ces ‘‘Généraux d’Affaires’’, corrompus et corrupteurs, sans lesquels jamais n’auraient pu proliférer les ‘‘Bouchi’’ au pays du million et demi de chahids.»Visiblement, l’appel de la famille de Hocine Aït Ahmed n’a pas été entendu.

Il faut dire que cette prise de position publique a été diversement appréciée, les uns saluant l’intervention des enfants de Da L’Hocine pour dénoncer une décision considérée comme hâtive et excessive, les autres goûtant peu cette «ingérence», estimant que les instances dirigeantes du FFS sont seules habilitées à se prononcer sur les affaires internes du parti.


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