Contribution – Un ministère de la Défense ou seulement de l’ANP ?



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Par Bachir Medjahed – Un Front national intérieur (FNI) n’est pas un parti politique, mais une composante de la défense nationale qui avait fait l’actualité avant qu’il ne rejoigne le monde des amnésies. On en avait parlé durant la décennie 1980 et un décret avait même été signé. Le projet est revenu du monde des oublis durant la décennie 2010 et il est prêt à y retourner.

Le front intérieur a-t-il toujours sa place quand on sait que les guerres nouvelles sont plutôt des agressions durables et terriblement dévastatrices et déstabilisatrices ? Peut-être faudrait-il d’abord définir le concept de défense et en identifier toutes les composantes. Pour le moment, seul le chef d’état-major de l’ANP, à travers ses innombrables visites d’inspection, s’adresse aux unités de l’armée et aux populations en même temps à travers la presse et la revue El-Djeïch.

A partir de Tindouf et d’ailleurs, le chef d’état-major ne s’est pas trop étendu sur le contenu du concept de défense bien qu’il ait eu le mérite de n’en avoir pas fait l’économie. Lorsqu’un discours du représentant militaire le plus haut de l’armée est diffusé in extenso dans la presse et que cela se répète souvent, cela nous permet, à nous autres profanes, de mieux comprendre les missions de l’armée et ce qu’elle devrait faire pour les accomplir.

Si les changements opérés dans le corps de sécurité de l’armée ont représenté pour nous pratiquement des cours «grandeur nature» et banalisé des noms jusque-là inconnus, il nous reste maintenant à saisir les concepts utilisés. Qu’est-ce que la sécurité ? Qu’est-ce que la défense ? Qu’est-ce qu’un contrat de défense ? Qu’est ce qu’une coopération militaire ? Quelles sont les limites de la souveraineté nationale ? Qu’est-ce qu’un partenariat stratégique ? Quelle est l’implication de l’armée dans la sécurité intérieure ? S’agit-il de sécurité intérieure et de sécurité publique ? Autant de questions dont les réponses sont attendues pour mieux nous éclairer sur ceux qui nous protègent.

Le chef d’état-major rappelle sans cesse que l’armée est déterminée à éradiquer le terrorisme. Il n’y a pas de doute et, d’ailleurs, il ne peut y en avoir car la mission même de l’armée est de protéger les populations et les frontières. Sinon, à quoi servirait-elle ? Le chef d’état-major n’a eu de cesse de le répéter. C’est sa mission, lui également, de mener les troupes vers l’accomplissement de leurs missions constitutionnelles.

Mais s’il existe un chef d’état-major, celui-ci l’est-il exclusivement pour l’armée ? Or, il n’existe pas un ministère de l’Armée, c’est-à-dire de l’ANP. Par contre, Il existe un ministère de la Défense nationale. Et il n’y a pas exclusivement que l’armée à s’impliquer dans la défense dans le cas où le pays était agressé.

Outre la Sûreté et la Gendarmerie nationales qui sont impliquées dans la défense nationale, il y a bien de nouveaux corps armés désignés par des concepts nouveaux adaptés à une situation adaptée. C’est la Garde communale, ce sont les GLD, les Patriotes qui se composent bien d’hommes armés par l’Etat, et sûrement que l’armée a donné son accord.

Devrait-il y avoir seulement pour l’armée un chef d’état-major ? Sans doute que les autres corps doivent avoir le leur et que les interventions de tous doivent être coordonnées et non pas éparpillées.

Il arrive que, parfois, mais pas en permanence, des autorités militaires ou civiles parlent de la nécessité de maintenir la vigilance. A qui s’adressent-elles ? A l’armée ? Peut-être concept de «déterminée» contient-il lui-même l’obligation de maintenir la posture de vigilance. Idem pour les autres corps armés ; obligation professionnelle pour les deux corps de sécurité constitués et volontariat pour les autres.

Mais que devrait-il en être pour les populations dont on dit qu’elles sont toutes concernées ? Il est très facile de soutenir qu’il est impératif pour les populations d’observer en permanence une posture de vigilance contre le terrorisme, mais il est plus difficile d’en déterminer les composantes et de trouver les éléments de mobilisation.

Qu’est-ce que la vigilance ? Une définition purement gestuelle comme figurée dans les spots télévisés à l’époque des slogans maintenant oubliés de «ridjâloun wâkifoûn» (hommes debout) ? En dehors des institutions de sécurité, ce sont les partis au pouvoir, dont notamment le FLN et le RND, qui devront se donner la mission de définir les composantes du concept de vigilance, de donner l’exemple de la posture de vigilance et d’en encadrer les populations.

Il appartient également, et surtout, à l’administration locale, en particulier les walis qui président à la commission de sécurité de wilaya et qui sont en charge de missions de souveraineté, pas seulement de développement, de contribuer à créer et réunir les conditions devant favoriser un climat de mobilisation en faveur de cette posture attendue des populations.

Les autorités devraient d’abord ne pas se précipiter à tirer publiquement satisfaction du constat d’une accalmie sécuritaire qui peut parfois se révéler être une pause stratégique destinée à briser la posture de vigilance des pouvoirs publics.

Une accalmie peut également être le résultat d’une grande pression sécuritaire qui a momentanément désorganisé les groupes terroristes.

Par contre, quand il ne se manifeste pas de façon bruyante, sauf par la continuité de quelques assassinats commis de façon non spectaculaire, le terrorisme quant à lui se met en posture de veille.

La vigilance ne doit pas demeurer la seule démarche permanente des institutions de sécurité tandis que les autres dossiers liés à toutes les thérapies seraient mis sous le coude. D’abord, il importe nécessairement que les grandes politiques en matière de traitement du phénomène du terrorisme soient marquées du sceau de la continuité. Il faudrait une fois pour toutes lever certaines ambiguïtés.

Dans quelles mesures la démocratie pleine et entière pourrait-elle constituer l’indispensable composante de la lutte globale contre le terrorisme ? Dans quelle mesure la lutte transparente contre la corruption contribuera-t-elle irréversiblement et avec efficacité à placer les populations dans la posture recherchée et à élargir celle-ci à la dénonciation des recrutements et des tentatives de recrutement opérés au niveau des quartiers par les forces de la subversion ? Dans quelle mesure l’absence de tradition de débat parlementaire de façon transparente laissera-t-elle chacun avec ses propres convictions et continuera-t-elle à faire de la suspicion à l’égard de l’autre le milieu générateur de sa stratégie ? Et, celle-ci, dans ces conditions, ne pourra procéder que d’une vision éradicatrice de l’autre. Le débat libre et sans contrainte induira-t-il fatalement, même si c’est à terme, des décantations par suite d’auto-interpellation de sa propre conscience et fatalement des remises en cause ?

Même si on accepte de dire – comme le disent certains analystes – que Le terrorisme est un phénomène, il n’en demeure pas moins que les jeunes apprentis-terroristes sont orientés vers des motivations politiques. Ce n’est pas uniquement le format calculé des forces armées et des forces de sécurité ou des équipements «appropriés» qui finiront par en venir à bout. Les kamikazes sont parfois des adolescents qui, en vertu de leur âge, devraient être à la recherche de leur propre vie et non de celle de la destruction des autres. Il faudrait donc comprendre les profondes motivations de ceux qui l’ont endoctriné, comprendre pourquoi les institutions n’ont pas pu contrecarrer cet endoctrinement, pourquoi ce jeune accepte de se faire exploser. Si le terrorisme est dit vaincu militairement, il ne l’est sûrement pas sur le plan du contre-endoctrinement. Qui est chargé de cette lutte ? Nul ne le sait. Pas même les imams qui doivent en prendre la tête.

Il y a bien des institutions qui auraient dû se fixer ce genre de missions, qui auraient dû prévoir déjà des thérapies adéquates, qui auraient dû les mettre en œuvre ou les faire mettre en œuvre. Comme le disait feu Aboubakr Belkaïd, «les batailles perdues sont celles que l’on n’a pas livrées».

A quoi cela nous avance-t-il que des gouvernements successifs se mettent en contradiction, les uns déclarant qu’il s’agit d’un terrorisme islamiste, les autres n’en soufflant mot du caractère islamiste accolé au terrorisme ? Il y a bien des clarifications à apporter.

B. M.


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