Affaissements des routes, coût des charges, ascenseurs à l’arrêt, …

Sidi Abdellah craint le pire



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Sans aucune architecture spécifique, les bâtiments de cette ville sont répartis à travers des zones séparées par des routes. Alors qu’elle était censée être une «Smart city» sur les plans de réalisation, cette ville est en réalité une banale zone urbaine.

Depuis leurs attributions en 2016, les logements relevant de la formule location vente (AADL) du site de Sidi Abdellah se trouvent dans un état déplorable. Les habitants de cette «Smart City» ne savent plus à quel saint se vouer.
Située à 30km à l’ouest de la capitale, la nouvelle ville de Sidi Abdellah est un projet d’Etat qui a fait parler de lui pendant des années. Centre de recherche, citées urbaines, université, espaces de détente et de loisir… Ce sont des projets qui étaient censés être réalisés au niveau de cette «smart-city». Malheureusement, une fois réceptionné, le complexe de Sidi Abdellah est l’exemple même d’un grand échec. Sans aucune architecture spécifique, les bâtiments de cette ville sont répartis à travers des zones séparées par des routes. Alors qu’elle était censée être une «Smart city» sur les plans de réalisation, cette ville est en réalité une banale zone urbaine. Pour les pouvoirs publics, qui doivent faire face à une grave crise du logement, tous les moyens sont bons pour tenter d’améliorer la situation. Qu’ils soient biens finis ou non, leur priorité est de livrer le plus grand nombre d’appartements, quitte à négliger la qualité. Car respecter les délais de livraison fixés dans le programme du président de la République, est un impératif absolu pour les responsables du secteur. Cette ville a, en outre, été liée à plusieurs scandales. A travers des vidéos, ou des photos publiées sur les réseaux sociaux, les bénéficiaires de ces appartements dénoncent la mauvaise qualité des produits utilisés dans les travaux de construction. Pour avoir plus de détails sur l’état de cette ville, nous nous sommes rendus sur place. Après environ une heure de route, nous voila enfin arrivés aux portes de cette ville. «Bienvenue à la nouvelle ville de Sidi Abdellah», lit-t-on sur un grand monument marquant l’entrée de la ville. Une fois franchi, des bâtiments alignés des deux cotés de l’allée centrale sont érigés à perte de vue. Réparties sur six secteurs, chaque zone a son propre terrain de jeux d’enfants et parking pour voitures. Les routes, qui ont été impactées par les fortes chutes de pluies ayant touché le pays dernièrement, suscitent l’inquiétude des habitants. Affaissements des routes, inondations, glissement de terrain…. Ce sont des phénomènes qui réapparaissent systématiquement au retour de la saison des pluies. Causant de multiples accidents au sein de cette cité, ces défaillances sont, selon les bénéficiaires, le fruit de la mauvaise qualité des matériaux utilisés dans les travaux de construction, mais aussi de la négligence des entrepreneurs. En effet, ces appartements construits à moindres coûts pour la plupart, par des sociétés étrangères (chinoises, turques…), ne répondent pas aux normes prévues par le cahier des charges, et deviennent un véritable cauchemar pour les habitants.

Les entreprises de réalisation pointées du doigt

Rencontrés sur place, nombre d’habitants n’ont pas caché leur désappointement par rapport à cette situation. Pour Ahmed, un père de famille de 50 ans, les défaillances urbanistiques surgissent à chaque retour du mauvais temps. «Sur les routes, c’est impossible de rouler sans avoir peur d’un accident à cause des affaissements», dit-il, avant de préciser: «depuis la livraison de ces logements, les agents de contrôle qui devaient être dépêchés par l’AADL brillent par leur absence». Déplorant l’état lamentable dans lequel se trouvent ces nouveaux bâtiments, Ahmed nous a assurés que depuis deux années, aucun agent d’entretien n’a été aperçu dans les quartiers. Lors de notre virée, il nous a été impossible d’accéder à certaines zones impactées par les fortes chutes de pluies. Les montées des eaux ont transformé la terre en boue infranchissable, et l’absence d’évacuations ont transformé les routes en cours d’eau. Les gens sont obligés de porter des bottes pour pouvoir se déplacer, précise Yasmine, une jeune serveuse de 20 ans qui travaille dans un restaurant de ce quartier. A ce sujet, les résidents de cette ville pointent du doigt les pouvoirs publics et assurent : «les routes inachevées et l’absence d’évacuations sont, sans aucun doute, les causes principales des inondations». Selon le président du collège national des experts architectes (CNEA), les causes principales de tous ces problèmes consistent en l’absence des maîtres d’ouvrages qualifiés, et la négligence des pouvoirs publics. Contacté par nos soins, Abdelhamid Boudaoud affirme que les études de terrain, qui sont sensées être faites au début, n’ont en réalité pas été réalisées. Pour cause : «le manque de qualification des bureaux d’études qui s’occupaient de ce projet». «Un projet d’une telle importance doit être soumis à des études très approfondies, avant sa mise en exécution», signale-t-il. «Existe-t-il vraiment un bureau d’étude qui se charge du suivi et contrôle sur le terrain ?», s’interroge-t-il. «Les bureaux d’études qui existent sont défaillants», déplore-t-il. Ce problème est, selon notre interlocuteur, dû à la négligence des pouvoirs publics. En raison des failles sismiques qui caractérisent la zone où se situe la ville de Sidi Abdellah, plusieurs dégâts ont été constatés. Et c’est la raison qui oblige les pouvoirs publics à lui accorder une attention particulière, avertit notre interlocuteur. «Le meilleur moyen de remédier à ces problèmes est l’obligation d’exiger aux bureaux d’études de faire le suivi et le contrôle des travaux, avant d’entamer les travaux de construction», dit-il, avant d’expliquer : «Après l’ouverture du chantier, il faut mettre en place un cahier de suivi du chantier numéroté, pour évaluer les avancées du projet».

Une qualité qui laisse à désirer

Cages d’escaliers dégradées, murs fissurés, terrasses mal faites : tels sont les principaux défauts relevés dans des cités, ayant pourtant englouti plusieurs milliards de dinars. En poursuivant notre tournée, nous nous sommes arrêtés devant un bâtiment de neuf étages. A l’intérieur, les ascenseurs sont à l’arrêt, comme dans la plupart des immeubles de cette cité. Rencontrée sur place, une habitante de cet immeuble, Wassila, nous révèle que depuis la réception de son logement en 2016, les ascenseurs n’ont jamais fonctionné, au grand malheur des personnes âgées. «Nous appelons les pouvoirs publics à intervenir dans les plus brefs délais. Cette situation ne peut plus durer», renchérit une autre dame résidant au 5e étage. «Je n’ai plus l’âge de prendre les escaliers», ajoute-t-elle. Pour elles, il devient obligatoire de mettre ces ascenseurs en marche, à la vue des montants colossaux qui ont été alloués pour l’entretien de ces cités.
Selon les habitants, les agents de l’AADL ne sortent pas de leurs bureaux. Ils sont tout juste bon à réceptionner les reçus de paiement des loyers, chaque mois. «Ce n’est pas notre travail ! C’est la phrase préférée des agents, à chaque fois qu’on veut transmettre nos doléances», fait savoir Sid Ali, un sexagénaire. Pour chaque citoyen, la location d’un appartement de type F3 est estimée à 9500 DA, en plus des 3000DA de frais de charges. Un montant qui, notons-le, est très important pour un entretien inexistant. A l’intérieur des appartements, la mauvaise qualité des produits de construction utilisés s’est fait rapidement remarquer. Le plâtre qui recouvre les murs tombe au moindre contact. Ainsi, les bénéficiaires ont été obligés de débourser des sommes colossales pour la rénovation de leurs biens. Pour la plupart des experts du secteur de l’habitat, cette situation pouvait être évitée dès le premier jour, si les nouveaux occupants avaient refusé ces appartements. Selon eux, la loi est claire à ce sujet : «un appartement ne pourra être livré qu’après la fin des travaux. Seulement». Cependant, cette solution n’est pas évidente pour un citoyen qui a passé plus de dix années de sa vie à attendre son logement. Par ailleurs, la ville de Sidi Abdellah, à l’instar des autres villes supposées intelligentes bâties en Algérie, a signé l’échec de la stratégie nationale urbanistique.

Radia Ch.


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