Les soldes font le plein..Affaire de l’année ou attrape-nigaud ?



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En ce vendredi, jour du Seigneur et sacré pour les Algériens préférant plutôt rester peinards ou papoter entre amis au café du coin,  la circulation est inhabituellement dense sur les grands axes routiers.

A vos marques, prêts, partez ! L’ouverture officielle, le week-end passé, des soldes d’hiver a drainé des foules nombreuses au niveau des centres commerciaux de la capitale.
En ce vendredi, jour du Seigneur et sacré pour les Algériens préférant plutôt rester peinards ou papoter entre amis au café du coin, la circulation est inhabituellement dense sur les grands axes routiers. Ceux de l’Est particulièrement. On aura deviné la cause. Tout simplement, le «go» des grandes soldes est donné et un tour dans quelques magasins du centre commercial de Bab Ezzouar nous édifie sur la question. Toute l’importance accordée par beaucoup d’Algériens à ce qu’on peut appeler un phénomène de société. En effet, l’un des plus fieffés de ces établissements grouille de monde. Le parking affiche complet, et indique, à voir les différentes plaques minéralogiques, un cosmopolitisme rarement observé. Qui a dit au fait que la moitié des Algériens était pauvre ? L’essentiel, on est là, qui pour des frusques, qui pour de l’électroménager ou tout simplement se faire plaisir par quelques fantaisies. Une femme qui a du mal à se garer perd patience et touche un véhicule dont le conducteur descend pour évaluer les éventuels dégâts. Rien de grave en fin de compte, d’autant que la conductrice, accompagnée de ses trois enfants, est venue lui présenter ses excuses. Nous tempérons la contrainte par un «salamat» avant d’entrer dans le vif du sujet. «On va d’abord tâter le pouls, puis on décidera», dit la dame, avant d’annoncer une devise bien chère à elle : «Ne pas se précipiter». De plus, selon elle, ses gars (des adolescents costauds) sont difficiles à convaincre. «Un article soldé, c’est tentant, et de surcroît lorsqu’il s’agit d’une marque ; mais comme je le disais, il ne faut pas succomber au premier coup d’œil. Et s’il n’y a rien qui puisse nous intéresser, nous repartirons la conscience tranquille», fait savoir la dame avant de rejoindre sa progéniture sur le seuil du centre commercial.

Par l’odeur alléché…
A l’intérieur, l’établissement est noir de monde. Les gens vont dans tous les sens, et à les voir ainsi, on en prendrait une bonne partie pour des fous. Et si c’était de vrais fous de soldes ? Djamel, la quarantaine, que nous avons réussi difficilement à aborder alors qu’il faisait des petites foulées, le revendique sans aucun complexe. «Je ne rate pas ces occasions, dit-il, un peu essoufflé, et je sais ce que je veux ». En moins de deux minutes, le quadragénaire explique être accro à ce genre de manifestation dont il tire toujours profit. Roué en affaires jusqu’à la moelle, il réussit à tous les coups à amadouer les commerçants. C’est ce qu’il prétend, du moins. Selon lui, c’est un beau parleur. Mais est-ce suffisant d’être orateur ou tribun pour négocier ? Pas aussi sûr. A demi-mots, notre interlocuteur fera comprendre son point fort. Celui de renifler la provenance d’un article. «De nos jours, on colle des étiquettes à tort et à travers. Beaucoup d’articles fabriqués localement sont vendus au titre de labels made-in là-bas», conclut le spécialiste avant d’entrer dans une boutique de prêt-à-porter. Da Chaabane, ancien commerçant à Tizi Ouzou, ne croit pas, pour sa part, à ces soldes. «La réclame a de tout temps été un attrape-nigaud. Il n’y a qu’à voir à la télé le nombre de marques de café dont on loue la bonne qualité. Pourtant, tout le monde sait que le café acheté par nos importateurs, c’est du dernier choix. Pour les soldes, c’est la même chose. Les commerçants font des rabais pour des fins de série allant jusqu’à 70%, ce qui n’est pas réel. Pensez-vous que le vendeur accepte de perdre plus des deux tiers de la valeur du produit ? Dans ce cas et faute de contrôle rigoureux, les prix sont gonflés avant de subir un rabais qui correspond tout juste à 20 ou 30% dans le meilleur des cas. Ces soldes rappellent le corbeau et le renard, cette fable de La Fontaine dont la moralité est connue de tous», pense le vieil homme, tout en avouant être venu pour faire du lèche-vitrine. Pas plus.

L’homme rafle-tout
Avec son camion décoré, Slimane fait de la publicité gratuite aux marques mondialement connues, même si la contrefaçon n’a aujourd’hui aucune frontière. Son métier est d’être présent partout où les soldes existent. Cet originaire des monts des Aurès n’a, selon son entourage, pratiquement pas d’adresse fixe. «Itinérant comme lui, tu meurs», confie cet homme, affirmant le connaître depuis des années. «S’il est là, c’est qu’il va rafler tout ce qu’il peut». «Il a la Smala d’Abdelkader ?» interrogeons-nous. «C’est pour revendre», répond-il. L’on apprendra en effet de la bouche de notre confident d’un moment que l’acheteur potentiel possède quelques boutiques dans l’est du pays. Il écoulera sa marchandise aux prix d’avant les soldes. De cette manière, il tirera un gain net et respectable. Quelque temps, après le voilà qui ressort du centre, en compagnie de deux jeunes poussant leurs caddies chargés en direction du camion. Le bref entretien avec l’intéressé nous laisse sur notre faim. Evasif, il dira avec un sourire commercial qu’il fait les commissions pour ses amis. Mais pas un traître mot sur son activité. Pour innocenter la position de sa connaissance, notre informateur dira que «Monsieur soldes» reste quand même un commerçant jusque-là sans histoires. «Après tout, il revend les articles aux prix initialement affichés avant les soldes. Ses clients, pour une raison ou une autre, ne se déplacent pas pour ce genre d’évènement. Il a investi dans ce créneau en comptant au bout de quelques mois tirer les marrons du feu», souligne-t-il, avant de se diriger vers un magasin de chaussures.

Parfum de femme
«Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, doux comme les hautbois, verts comme les prairies». L’écriteau portant ces deux vers de Baudelaire, tirés des «Fleurs du mal» et bien mis en évidence dans la vitrine de cette parfumerie semble remplir sa fonction de tape-à-l’œil. La clientèle s’arrête d’abord par curiosité pour lire la bonne expression avant de pénétrer dans la boutique. Le parfum étant lié à la femme depuis la nuit des temps. Néfertiti avait, selon Hérodote, un panel de parfumeurs à son service. Dans cette boutique, plusieurs générations se côtoient. Les discussions tournent autour des marques mondiales. Dior, Chanel, Guerlain, Kenzo, Rabanne et autre Saint-Laurent sont sur les lèvres de ces dames et demoiselles. L’une d’elles nous fait savoir que les soldes sont toujours une occasion pour s’offrir une fragrance à prix avantageux. «J’ai un budget de 30.000 DA et j’espère rentrer avec trois au moins quatre parfums, dont deux pour mes filles étudiantes», confie-t-elle. Une autre, d’un certain âge, avoue être une passionnée des parfums. «J’adore me parfumer» , dit-elle, avant d’ajouter qu’il lui arrive de se priver de certaines nécessités rien que pour s’offrir un parfum de marque. Devant la boutique, son mari fait le pied de grue. Stoïque. Quant à lui, il s’est contenté de deux paires de chaussures bradées à 8.000 DA. Il nous apprendra qu’il est un marcheur invétéré, raison pour laquelle il a opté pour des souliers souples. C’est cela les soldes, il faut en profiter, mais se dire toujours qu’il n’y a pas plus malin qu’un commerçant.
Ali Fares


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