Bouteflika annonce sa candidature pour un 5e mandat.. La fin du suspense



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Dans son message, Bouteflika a rappelé ses appels aux forces de la nation, à faire émerger un consensus patriotique et politique qui leur permettra de mieux se mobiliser ensemble pour préserver nos acquis, défendre nos intérêts supérieurs et permettre au pays de continuer à progresser dans l’unité et la stabilité…

Le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé officiellement hier sa candidature à l’élection présidentielle du 18 avril prochain, dans un long message.
Pour justifier sa candidature, le chef de l’Etat a rappelé les «réalisations» du pays durant son règne depuis 1999. «Ce sont sans doute les avancées qu’a réalisées notre pays et la conscience des citoyens des enjeux et difficultés qui le guettent qui ont amené, ces derniers mois, de nombreuses voix au sein de la classe politique et de la société civile à encore me solliciter pour poursuivre ma mission au service de la patrie», a-t-il souligné, exprimant sa conscience que «notre pays a encore de grands chantiers à prendre en charge et à parachever et de grands défis à relever». Le chef de l’Etat a évoqué son état de santé, soutenant qu’il n’a plus les mêmes forces physiques qu’avant, «chose que je n’ai jamais occultée à notre peuple, mais la volonté inébranlable de servir la Patrie ne m’a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté». Il a expliqué qu’il présente sa candidature «en réponse à toutes les sollicitations et dans un esprit de continuité dans l’accomplissement d’un devoir ultime». Bouteflika a énuméré les défis qui s’imposent à nous et les moyens de les relever. Les défis sont ceux liés à la consolidation d’une société de progrès, de justice et d’équité, politiquement consensuelle et socialement inclusive, fondée sur une économie productive et compétitive, progressivement débarrassée, sur le plan budgétaire et financier, de la dépendance excessive à l’égard des hydrocarbures, a-t-il affirmé. Sur la voie de la construction de cette société, nous devons aujourd’hui faire face à de multiples contraintes, notamment celles liées à la croissance de la population, à la multiplication des besoins à satisfaire, à l’érosion de nos ressources financières extérieures, aux incertitudes de l’économie mondiale, aux troubles régionaux et internationaux, mais également à l’apparition dans notre société de comportements contraires aux principes d’intégrité et aux valeurs morales de respect du travail et du sens de l’effort, a-t-il ajouté. Selon lui, la prise en charge de ces exigences, défis et contraintes nécessite des avancées supplémentaires dans les divers champs de la gouvernance, de la croissance économique et du développement socio-éducatif et culturel.

Conférence nationale inclusive
Dans son message, Bouteflika a rappelé ses appels aux forces de la nation à faire émerger un consensus patriotique et politique qui leur permettra de mieux se mobiliser ensemble pour préserver nos acquis, défendre nos intérêts supérieurs et permettre au pays de continuer à progresser dans l’unité et la stabilité, au milieu d’un environnement régional fortement perturbé et dans une conjoncture internationale lourde d’incertitudes. S’il est élu, il s’engage à inviter dès cette année toutes les forces politiques, économiques et sociales de la Nation à une Conférence nationale consacrée à la concrétisation du consensus sur les réformes et les changements que notre pays devra engager en vue d’aller plus loin dans la construction de son devenir et de permettre à nos concitoyens de continuer à vivre ensemble, de mieux en mieux, dans la paix et la prospérité. Il a expliqué les motivations de cette Conférence ainsi que les missions dont elle sera investie. «Je vous ai rappelé les réalisations que nous avons déjà concrétisées ensemble dans les domaines de la paix, de la concorde, des réformes et du développement. Ces réalisations demeurent à parfaire, notamment pour rétablir et consolider la confiance des citoyens dans les institutions, raffermir l’Etat de droit et la bonne gouvernance, et conforter un développement économique fondé sur la justice sociale et l’affirmation d’une économie nationale d’initiative, productive et compétitive», a-t-il souligné. Il a ajouté que consolider la confiance des citoyens dans les institutions nécessite également des réponses plus adaptées aux aspirations de notre jeunesse, qui parfois se tient loin de la vie politique et dont certains éléments choisissent même de recourir à des tentatives d’exil, extrêmes et suicidaires.

Révision de la constitution
«Pour raffermir l’Etat de droit et la bonne gouvernance, il nous faut d’abord vaincre le fléau de la bureaucratie grâce à une modernisation et à une décentralisation accrue de l’administration publique, mais il nous faut aussi renforcer la contribution des citoyens à la gestion des affaires locales à travers la mise en place de mécanismes de démocratie participative, pour plus d’efficience dans la gestion du service public et sa pérennité», a-t-il poursuivi, précisant que raffermir l’Etat de droit, c’est surtout consolider l’indépendance de la Justice et assurer une plus grande mise en œuvre de ses décisions. «C’est aussi progresser davantage dans la lutte contre la corruption par le renforcement des organes chargés de cette mission ainsi que par une plus grande implication de la société civile dans ce combat», a-t-il encore indiqué. Bouteflika affirme qu’outre l’élaboration d’une plate forme politique, économique et sociale, la Conférence nationale pourra aussi proposer un enrichissement profond de la Constitution, dans le respect de ses dispositions relatives aux constantes nationales, à l’identité nationale et au caractère démocratique et républicain de l’Etat. «Les propositions que dégagera la Conférence nationale me seront soumises pour leur concrétisation par les voies appropriées», a-t-il noté. En annonçant sa candidature pour un cinquième mandat, le chef de l’Etat fait part de «son intention sincère d’associer toutes les forces nationales, politiques, économiques, associatives et syndicales à la poursuite de la construction de notre démocratie». Il a appelé à faire prévaloir tout ce qui rassemble sur ce qui nous différencie les uns des autres dans le respect du pluralisme des visions, et «j’aspire à voir l’Algérie, démocratique et pluraliste, s’unir davantage, avec force et avec efficacité, pour progresser encore plus dans la construction de son avenir».
Karim Aimeur


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