Ce qu’un ancien ministre de Kadhafi a écrit sur le président Bouteflika



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Par R. Mahmoudi – Dans une contribution publiée dans le quotidien panarabe Al-Charq Al-Awsat, et consacrée à l’élection présidentielle en Algérie, l’ex-ministre des Affaires étrangère et représentant de la Libye aux Nations unies, à l’époque de Mouammar Kadhafi, Abderrahmane Chalgham, s’est interrogé sur les raisons qui font que l’actuel chef d’Etat, Abdelaziz Bouteflika, dont il loue les mérites, s’attache au pouvoir, «après vingt ans passés à la tête de l’Etat grâce à plusieurs amendements constitutionnels taillés sur mesure».

Ecrit dans un style plus proche de la chronique littéraire, le texte, intitulé «Bouteflika écrit toujours l’Algérie», débute par une introduction élogieuse : «Abdelaziz Bouteflika a toujours un regard sur l’Algérie, qu’il se trouve sur une chaise fixe ou roulante. Qu’il soit au cœur de la capitale, en tant que chef d’Etat ou comme un exilé, loin du pays qu’il porte comme un destin fatal qui a fini par détruire sa santé. Son histoire se confond désormais avec celle d’un pays qui s’appelle l’Algérie. Il vient de se présenter pour un cinquième mandat pour continuer à diriger le pays sur un fauteuil roulant, face à quelque 200 candidats !»

Puis, sur un ton caustique, l’ex-diplomate libyen s’interroge : «Comment peut-il diriger le pays, alors qu’il ne peut pas bouger à cause de l’AVC dont il a été victime ? N’y a-t-il plus personne en Algérie, pays de plus de 40 millions d’habitants, qui soit capable d’en prendre la direction ? N’y a-t-il pas parmi l’armada de candidats au moins un qui soit digne de lui succéder sur le trône ?» L’auteur juge que toutes ces questions «sont raisonnables et légitimes dans un pays qui regorge de partis politiques jouissant d’une grande liberté d’opinion et d’action et d’une pluralité d’idées, allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par des partis islamistes. Alors, pourquoi cet attachement au vieux Abdelaziz qui ne peut plus marcher avec ses pieds ?» se demande encore Chalgham.

Après un bref rappel des étapes traversées par le jeune Etat algérien depuis l’indépendance et du parcours révolutionnaire et politique d’Abdelaziz Bouteflika, le diplomate libyen tente de comprendre la posture actuelle avec des mots sibyllins et des aphorismes, en croyant avoir trouvé la réponse à sa question qui le taraude : «Pourquoi Abdelaziz veut-il rester Président sur son fauteuil roulant ? La réponse est parce qu’il est la locomotive qui conduit l’Algérie dans son silence mobile. Le fauteuil donne un plus, et n’est jamais réduit. Il est à la fois le rejet et l’acceptation. Le combattant du FLN. Le jeune ministre dans le premier gouvernement postindépendance (…) C’est lui qui a mis fin aux dix années sanglantes après son arrivée au pouvoir.»

Selon Abderrahmane Chalgham, Bouteflika a instauré un système qu’on pourrait appeler le «boutefliksime» (en français dans le texte), hérité de l’école de Boumediene. «Aujourd’hui, il n’interfère pas dans les détails quotidiens de la gestion des affaires de l’Etat. Il se contente de surveiller, le gouvernement et tous les autres appareils sont là pour appliquer son programme. Le fauteuil qui roule sous ses jambes symbolise le pouvoir d’ordonner et de freiner en même temps. Bouteflika écrit toujours l’Algérie !»  conclut-il.

R. M.


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