Les partisans du 5e mandat en campagne et largement couverts par l’ENTV

Où est l’instance de Abdelwahab Derbal ?

Quelle équité entre les prétendants à la prochaine présidentielle ? Aucune, pratiquement. Les candidats à la candidature à la présidence de la République démarrent à chances inégales.

Depuis le lancement du processus, enclenché avec la convocation du corps électoral et la définition de la date de la tenue du scrutin, seulement un seul postulant bénéficie des largesses de l’Etat. Il s’agit du président sortant, Abdelaziz Bouteflika.

Un super candidat. Malgré son absence physique, l’homme a eu un traitement de faveur de la part des médias publics et des autorités à tous les niveaux.

N’ayant traité les annonces de candidature d’aucun autre prétendant, la presse publique, télévision, radio, journaux et APS ont réservé «un accueil chaleureux» au message du Président-candidat dans lequel il a officialisé son engagement dans la prochaine course à la Présidence.

Le message en question a été d’ailleurs diffusé via l’agence officielle qui ne s’est pas contentée d’une simple reprise. Plusieurs dépêches traitant du contenu de la lettre ont été balancées dans la même journée. Elles sont vite relayées par les médias lourds publics, en l’occurrence l’ENTV et la Radio nationale.

Campagne avant l’heure

La campagne du chef de l’Etat est ainsi lancée, avant l’heure. Les promoteurs du 5e mandat, dont le directeur de campagne du Président-candidat, Abdelmalek Sellal se lance déjà dans la bataille électorale, en animant rencontres et meetings qui sont aussi largement médiatisés.

En effet, aucun déplacement de l’ancien Premier ministre n’échappe aux caméras de la télévision publique et aux micros des différentes chaînes de radio. Les partisans de la «continuité» ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Au contraire, ils s’offrent toutes les tribunes et envahissent tous les terrains.

C’est ainsi que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’apprête à prendre le pupitre de l’Assemblée populaire nationale (APN). Sous prétexte de présenter sa déclaration de politique générale – un exercice retardé de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois – il se présentera, lundi 25 février, devant les députés pour, non seulement faire le bilan d’une année et demie de son gouvernement, mais pour appeler à «la continuité», synonyme de 5e mandat.

Abdelwahab Derbal en spectateur

Que fait la Haute instance de surveillance des élections (HIISE) ? Son président, Abdelwahab Derbal, qui sillonne le pays actuellement pour s’enquérir de l’assainissement interminable du fichier électoral, ne semble pas intéressé par ce grave dépassement qui entache, d’ores et déjà, le processus électoral. Il ne bronche pas en tout cas.

Pourtant, la HIISE est chargée, de par ses missions, de s’assurer «avant le scrutin, notamment, de la neutralité des agents chargés des opérations électorales et la non-utilisation des biens de l’Etat au profit d’un parti politique, d’un candidat ou d’une liste de candidats». L’instance doit aussi s’assurer «de la répartition équitable, entre les candidats, du temps d’antenne dans les médias audiovisuels nationaux autorisés à exercer».

Ces missions se limitent-elles à la période de campagne électorale officielle ? Qui rendra justice aux prétendants lésés en cette période préélectorale ? Dans les pays démocratiques, l’accès aux médias lourds est garanti à tous les candidats et les partis durant toute période électorale.

La répartition équitable des temps de passage à l’antenne, dans les médias publics comme dans les chaînes privées, est respectée à la seconde près.