Journée d'étude sur la harga

Le phénomène examiné à Tizi Ouzou



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« Ensemble pour faire face au phénomène de l'émigration clandestine qui guette l'avenir de nos enfants, car la lutte contre le fléau de la « harga » est l'affaire de tous ». Tel est le thème d'une journée d'étude organisée,ce mercredi, à la maison de la Culture de Tizi-Ouzou par l'association « Femme active » et à laquelle ont pris part des universitaires, des cadres de la police, des hommes de culte et autres spécialistes de cette question dont l'ampleur touche presque tous les pays de la planète. C'est El-Djouher Hachemi, la présidente de l'association organisatrice de cet événement majeur, qui prendra la première la parole pour souligner l'ampleur du phénomène, d'où la solution urgente à arrêter pour endiguer ou à défaut limiter ce mal sociétal.

Et comme à son habitude, l'intervenante ne prendra pas de gants pour accuser les parents qui négligent l'éducation de leurs enfants, les universitaires et intellectuels ne s'impliquant pas dans cette lutte contre le phénomène de la harga, ainsi que les associations et autres acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, coupables à ses yeux d'inertie et d'absence de motivation, alors que la société attend de leur part des éclairages. Le Dr Saïd Bouzri mettra au banc des accusés l'absence de référence au code de « nos grands-parents », pourtant socle principal de notre avenir. Plus loin, ce spécialiste du droit musulman dira que les candidats à la harga sont des victimes puisqu'ils affrontent les dangers de la mer sans le savoir. Intervenant à son tour, l'officier de police Mohamed Allouache apportera un éclairage important sur les candidats à l'émigration clandestine et les zones à partir desquelles ils prennent le large. Il informera l'assistance que les Algériens tentant cette aventure embarquent le plus souvent à partir du Maroc et rejoignent ce pays le plus légalement du monde. « Le choix de la rive marocaine, explique cet officier de police, s'explique par le fait de sa petite distance des côtes espagnoles ». « A partir des côtes algériennes, Tigzirt et Azeffoun notamment, ajoute-t-il, la distance à parcourir est jugée trop longue, donc considérée comme dangereuse ».

Allouache dira enfin que très peu de candidats à l'émigration clandestine vers l'Europe prennent le départ à partir de Tigzirt et d'Azeffoun. Et tout en précisant que les services de sécurité sont toujours sur le qui-vive puisque les côtes nationales sont surveillées 24h/24 et 7j/7, il notera que les passeurs ont eux aussi l'œil vigilant puisqu'ils choisissent généralement la nuit pour embarquer leurs clients sur leurs embarcations. Il notera également sur ce point précis que les passeurs ne s'occupent pas eux-mêmes des formalités d'embarcation, à savoir la perception de l'argent nécessaire pour l'embarquement. « Ils font recours, relève cet officier de police, au concours d'une tierce personne ». Leur identité est tenue également secrète pour les candidats au voyage clandestin. Cet officier de la police parlera aussi des candidats arrivant des pays subsahariens dans le but de rejoindre l'Europe. Ces Africains, selon les explications de Mohamed Allouache, ne font que transiter par le sol algérien. Dans certains cas ils séjournent sur le territoire national pendant quelques jours, soit juste le temps de gagner de l'argent qu'ils échangeront plus tard contre de la devise. L'autre élément révélé par l'officier de police est que ces candidats subsahariens à l'émigration clandestine arrivent sur le sol national sans la moindre pièce d'identité. « Et quand nous les interpellons après les avoir interceptés, ils refusent de prononcer aucun mot et font semblant de ne pas comprendre ce que nous leur disons », signale l'intervenant avant de poursuivre : « Ils font semblant de ne comprendre ni l'arabe, ni le français, ni l'anglais alors que nous savons qu'ils comprennent et maîtrisent parfaitement au

moins une de ces trois langues », affirme l'officier « Ainsi, nous rencontrons maintes difficultés à identifier leurs pays pour procéder à l'opération de leur refoulement », conclut-il.

Le Dr Karima Oukid du CHU Nedir-Mohamed de Tizi-Ouzou développera, pour sa part, le côté tragique de la noyade. Tout en faisant recours au langage purement médico-scientifique, l'intervenante dira que la mort par noyade est la plus horrible qui soit. D'autres universitaires et savants prendront la parole pour développer, chacun en ce qui le concerne, leur thématique propre à ce phénomène des harraga.

Notons enfin que El-Djouher Hachemi révélera que la mort frappant les candidats à l'émigration clandestine en mer n'est pas toujours due aux éléments. « Il n'est pas rare, déclare la conférencière, que c'est le passeur lui-même qui jette ses passagers en mer pour permettre plus de sécurisation à son embarcation. La révélation de la présidente de l'association « Femme Active » relève de l'inédit.


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