Un merveilleux voyage dans le temps



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Le travail est le fruit de longues recherches dans les fonds d’archives en France, ainsi que les divers documents et récits historiques. Le centre culturel islamique, Ahmed Hamani, de Jijel, a attiré une assistance nombreuse, samedi dernier, à l’occasion de la conférence animée par Mustapha Blibli, enseignant-chercheur au département d’architecture de l’université de Jijel, qui s’est penché sur l’ancienne cité de Jijel, désormais perdue, pour arriver à une reconstitution tridimensionnelle de cette médina.

Organisée par l’association culturelle Jijel antique, en collaboration avec le centre culturel islamique, la conférence a été une occasion de voyager dans le temps pour se retrouver devant l’image reconstituée de la cité avant l’arrivée des Français en 1839. Une vue tridimensionnelle qui a émerveillé les présents.

Conscient de la fragilité de certaines conclusions qui nécessitent encore des documents pour les attester, Mustapha Blibli a expliqué la méthodologie suivie présentant les outils iconographiques (dessins, gravures, cartes…) puisés notamment dans les fonds d’archives du Centre national des archives d’outre-mer (CAOM) à Aix-en-Provence, archives nationales) et le Service historique de la défense (SHD) à Vincennes, ainsi que les divers documents et récits historiques retraçant la vie de la cité au fil des 23 siècles de son histoire connue.

La sélection et la digitalisation de la cartographie la plus intéressante ont concerné essentiellement celles du génie-militaire français entre 1839 et 1856, année durant laquelle la ville fut complètement rasée par un terrible tremblement de terre, suivi d’un tsunami, survenu dans la nuit du 21 au 22 août.

Cette date représente le début de la construction de l’actuelle ville hors de ses limites historiques, délimitées par des remparts construits à différentes périodes. Le conférencier préviendra l’assistance sur la confusion entre la médina et la citadelle, qui renvoie surtout à l’époque coloniale, caractérisée par la présence d’une garnison militaire.

Se basant sur certains plans et gravures, il est arrivé à situer certains édifices qu’il a confondus avec les éléments structurants de la médina, comme la grande mosquée, la citadelle, les souks, les remparts et le patio, ou west eddar, comme particularité dans les habitations. Une cité qui, dira-t-il, se rapprochait beaucoup plus de celle de Constantine que de La Casbah d’Alger. Petit à petit, les différents éléments du puzzle commencent à apparaître.

On reconnaît la Tour génoise sur les gravures, dont certaines datent du XVe siècle, les deux minarets des deux mosquées, le tracé des ruelles, les débarcadères, le souk, les portes de la cité et la typologie des habitations, qui ne se limitaient pas au seul rez-de-chaussée comme dans la nouvelle ville après le traumatisme du séisme de 1856.

«La plaine située hors des remparts était aussi habitée», dira le conférencier. Ce dernier ajoutera qu’elle comptait les jardins et les parcelles de terre cultivable qui étaient travaillées et fournissaient les denrées nécessaires en plus du poisson pêché et de la viande des animaux d’élevage.

Sur la base des documents rassemblés, les technologies numériques entrent en scène à travers les outils d’acquisition, de modélisation en deux et trois dimensions pour arriver à la présentation finale. «Un travail colossal qui devrait être celui d’une équipe», précisera Mustapha Blibli, qui appellera d’ailleurs que d’autres spécialités, notamment en archéologie, intègrent ce projet pour parfaire encore plus le travail. 


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