Avancement des vacances universitaires

Hadjar veut déconnecter l’université de la contestation populaire



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Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, qui avait suscité la polémique il y a peu en appelant les étudiants à s’impliquer dans la vie politique et à adhérer à son parti le Fln, vient de confirmer qu’il est un acteur de premier rang dans le sabordage des manifestations populaires et, particulièrement, de la mobilisation extraordinaire de son secteur : étudiants, enseignants et personnel administratif et de service.

Son «génie», le ministre le consacre non pas à améliorer la performance de l’université algérienne réduite à l’état de loque en occupant le bas du tableau dans le classement mondial, mais à prodiguer ses conseils «éclairés» sur le mode d’emploi à suivre pour couper l’université du peuple et de la contestation populaire à la manière des baltaguia, sans la violence physique.

Sans se soucier des répercussions lourdes sur la perturbation de la programmation des cours et des examens, il n’a rien trouvé de mieux pour tenter d’isoler l’université de la société que d’avancer le calendrier des vacances de printemps et d’offrir avec une générosité suspecte une semaine de congé de plus aux étudiants pour porter la trêve à trois semaines.

On n’a jamais vu cela nulle part dans le monde. Et comme le ministre a de la suite dans les idées, il avait envisagé, avant de se rebiffer suite à la pression des étudiants et des enseignants, de déconnecter l’université de la société en fermant carrément les campus universitaires et donc les bibliothèques assidûment fréquentées par les étudiants, même en période de vacances, et d’interrompre les prestations de services du Cous (transport universitaire, restauration), là où elles sont assurées.

C’est là une nouvelle preuve que ce ministre – et d’autres qui portent une lourde responsabilité dans la déliquescence du système en place et de l’Etat, massivement rejetés par les Algériens à travers les manifestations populaires qui se déroulent dans le pays – n’est pas venu à ce ministère stratégique en charge de la formation de l’élite de demain pour relever le défi de la connaissance et du savoir dans l’intérêt suprême du pays, mais pour faire de la politique et de l’obstruction à l’émergence des compétences.

Depuis son avènement à la tête de ce département ministériel, l’université n’a connu que grèves et mouvements de contestation des étudiants et des enseignants, dont la plus spectaculaire est la grève des médecins résidents qui a duré presque 8 longs mois. Le dialogue n’a jamais été son point fort ni avec les syndicats, qu’il a toujours méprisés et combattus, ni avec les étudiants.

Le bouillonnement que connaît aujourd’hui l’université est un gage de l’engagement citoyen et politique des cadres de demain aux côtés du peuple pour la réappropriation de la souveraineté populaire et la construction de l’Etat de droit. Mais c’est aussi une réponse forte à un ras-le-bol généralisé dont l’université a eu sa part du feu.

Le bilan de Bouteflika, qui est fait aujourd’hui par les citoyens dans la rue, est aussi celui du rejet global de son gouvernement, de ses ministres, walis, diplomates et toutes les forces de l’inertie dans l’appareil de l’Etat, l’administration constituant le bouclier et l’armature de ce système. Même dans les pays avancés où le système universitaire est performant, on ne se montre pas aussi indifférent qu’en Algérie face à cette hémorragie en quête d’une meilleure qualité de la formation et pour pouvoir réaliser son rêve universitaire et professionnel.

Bourse d’études à paris pour le fils de Hadjar

Dans ces mêmes colonnes, nous avions alerté, à l’occasion de la rentrée universitaire de cette année, sur les pratiques de passe-droits, avec documents à l’appui, dont s’est rendu coupable le ministre de l’Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, en accordant des dérogations à des étudiants pistonnés pour s’inscrire dans des spécialités prisées auxquelles leurs résultats au bac n’ouvrent pas droit, alors qu’à l’inverse, d’autres étudiants plus méritants ont été orientés vers des filières de 3e et 4e choix qu’ils ne rejoindront pas.

Dans un pays qui se respecte, face à un tel scandale, le ministre aurait été débarqué sur-le-champ. Le site électronique ToutSurl’Algérie (TSA) a dévoilé hier un autre scandale dans lequel serait mêlé Tahar Hadjar qui s’est appliqué le proverbe : «On n’est jamais mieux servi que par soi-même.» Alors que les étudiants algériens, qui tentent l’aventure, contraints et forcés, de poursuivre des études à l’étranger, se retrouvent dans la précarité, finançant leurs études à coups d’expédients et de petits boulots de misère éprouvants, le ministre a offert à son rejeton une bourse d’études d’Etat à Paris.

Outre le délit de trafic d’influence, le fils du ministre ne remplirait pas les conditions pédagogiques pour bénéficier de cette bourse. Le système basé sur la prévarication contre lequel s’élèvent aujourd’hui les Algériens est ainsi fait. Et si Hadjar a trempé son doigt dans le pot de miel sans être inquiété, c’est qu’il a aussi servi la nomenklatura par des bourses, des passe-droits divers pour survivre à toutes les tempêtes qui ont soufflé sur sa personne et son ministère.


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