Doyenne du Hawzi et du âsri.. Seloua fête seule ses 84 ans



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Seloua, la grande dame de la variété algérienne et de la chanson algéroise et hawzie, a fêté hier ses 84 ans. A notre connaissance, aucune institution culturelle n’a programmé une soirée pour lui rendre hommage.

La grande dame et doyenne de la chanson algérienne Seloua a fêté hier ses 84 ans alors qu’aucune institution culturelle n’a programmé une quelconque cérémonie pour rendre hommage à cette chanteuse qui était au-devant de la scène durant plusieurs décennies pour bien représenter la chanson algérienne aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Après avoir été marginalisée durant les années 1980 aux côtés d’autres grands chanteurs tels que Rabah Driassa et Khelifi Ahmed et vécu la décennie noire chez elle, Seloua qui a fait quelques apparitions il y a quelques années, notamment lors de quelques hommages organisés à Alger et Blida, continue d’être mise à l’écart. C’est vrai que la grande artiste n’a plus les capacités d’autrefois pour donner un concert mais on aurait bien aimé la revoir au moins comme invitée d’une émission télévisée.

La chanson moderne
Seloua, cette grande dame dont la carrière a débuté en 1952 à Radio Alger a eu une double carrière de chanteuse et d’animatrice très riche. Née à Mimeche en contrebas du mont de Chréa à Blida, elle a, dès son jeune âge compris qu’elle est destinée au monde artistique. Elle rejoint la radio algérienne pour participer à l’animation d’une émission enfantine conçue par Redha Falaki. Au moment où la Guerre d’Algérie est à son summum, la jeune femme décide d’aller à Paris où elle continuera sur sa lancée. Elle sera, en effet, l’animatrice de la première émission destinée aux femmes arabes à la radio française.

La voie de Fadhila Dziria
Seloua aura à côtoyer le monde artistique et rencontrera le compositeur Lamraoui Missoum qui lui proposera de chanter du moderne typiquement algérien. Les essais ne tarderont pas à donner les résultats escomptés puisqu’ en 1962, elle est invitée à enregistrer «Lalla Amina» à l’occasion de la mort du roi Mohamed V du Maroc. Le disque 45 tours fera un tabac et sera classé 3e des ventes de Pathé Marconi. Il faut préciser que ce classement restera dans l’histoire car cette année, c’était les chansons «Milord» d’Edith Piaf et «J’ai quitté mon pays» d’Enrico Macias qui avaient eu respectivement la première et deuxième place. Dès l’annonce de l’indépendance de l’ Algérie le 5 juillet 1962, Seloua fait son retour à Alger et prouvera sa maîtrise de la langue arabe en prononçant un discours à son arrivée à l’aéroport de Dar El Beida. Missoum continuera à composer pour elle mais elle rencontrera d’autres paroliers et musiciens notamment Hachlaf,
Mahboubati et plus tard Boudjemia Merzak qui deviendra son époux. La chanteuse continuera sur sa lancée grâce à sa belle voix et sa culture musicale. Après la mort de Fadhila Dziria, tout le monde voit en elle la digne remplaçante puisqu’ elle décidera de chanter dans le même style. Au début des années 1980, cette chanteuse, comme tant d’autres tel que Khelifi Ahmed, Nora et Rabah Driassa, sera marginalisée par les programmateurs de la télévision alors qu’elle fut, l’une des ambassadrices de la chanson algérienne durant une longue période notamment avec ses participations aux semaines culturelles algériennes à l’étranger.
Répondant à cette marginalisation sans motif, Seloua décidera de se cloîtrer chez elle et décide de ne plus accorder d’interview. Elle a fait toutefois un retour sur scène il y a une dizaine d’années à travers lequel elle avait prouvé qu’elle avait gardé ses capacités vocales mais elle n’avait pas trouvé l’environnement nécessaire pour l’encourager ce qui la poussera à nouveau à un retrait définitif. On l’a toutefois revue lors de quelques hommages à Alger et Blida. On aurait aimé qu’elle fasse une réapparition à l’occasion de son 84e anniversaire mais les chargés du secteur culturel n’y ont pas pensé. Dommage !
Bari Stambouli


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