Un bon moment de comédie populaire



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Samedi, en découvrant Arlequin, valet des deux maîtres, le public oranais a retrouvé en Ziani Cherif Ayad l’inspiré metteur en scène de Galou Laârab Galou (1983).

Il y confirme combien il excelle dans la comédie, la dérision et la truculence. Avec une distribution de qualité, boostée par un «esprit troupe» qui lui est cher et qu’il a su insuffler à son équipe, c’est-à-dire la complicité entre partenaires, la générale d’Arlequin… a été un bon moment de théâtre. Il y a du rythme et du plaisir à jouer chez les comédiens. Aussi, une fois rodé, le spectacle gagnera en punch grâce à l’abandon du sur-jeu chez quelques comédiens, une fois qu’ils ont été persuadés de l’efficacité du comique de situation qu’il charrie à profusion.

Le texte, réécrit par Mohamed Bourahla, a ramené la représentation à une durée de 1 heure 45mn, plutôt que les 2 heures 50mn qu’aurait induits la traduction intégrale effectuée par Alloula. Moyennant ce rééquilibrage, Ziani a réussi un attrayant compromis entre les formes populaires de la halqa et une mise en scène classique de la pièce de Carlo Goldoni. Rappelons au lecteur non averti que Arlequin… est la première pièce écrite de Commedia dell’ Arte, un genre qui s’appuyait jusque-là exclusivement sur un canevas et l’improvisation sur scène.

Aussi, dans la version de Ziani, sa dizaine de comédiens a apporté sa touche personnelle en ajoutant quelques désopilantes réparties, un clin d’œil à l’actualité nationale marquée par les manifestations populaires depuis un mois. Qu’en est-il de l’intrigue ? Arlequin (Mostefa Meratia) est un valet, mais surtout un gaffeur de premier ordre. Il sème les quiproquos autour de lui, mettant aux prises les personnages entre lesquels il intervient : Pantalon (Mohamed Haïmour), un riche marchand vénitien, est le père de Clarisse (Amina Belhocine) promise à Silvio (Mohamed El Amine Rara), le fils du docteur Lombardi (Mahfoud El Hani).

Mais la main de Clarisse a été précédemment accordée à Rasponi, le frère de Béatrice (Fatima Belhamici), donné pour mort. Mais ne voilà-t-il pas que ce Rasponi se présente à la veille du mariage de Clarisse et Silvio. Par ailleurs, Béatrice est venue à Venise à la recherche de son amant Florindo (Youcef Gouasmi) qui a fui Torino, parce qu’il est soupçonné du meurtre de Rasponi. Brighella (Abbès Mohamed Islam) est un aubergiste qui se trouve mêlé à l’embrouillamini provoqué par Arlequin. Enfin, ce dernier s’est épris de Sméraldine (Nesrine Belhadj), la domestique de Pantalon.

Pour le déploiement scénique de la représentation, Arezki Larbi s’est démarqué de l’esthétique du malheur qui imprégnait ses deux précédentes scénographies réalisées pour Ziani dans Noces de sang et Behidja. Il a opté pour une esthétique de la séduction, dans un espace ouvert, comme en halqa, les lieux étant suggérés, alors que les costumes renvoient à la pantalonnade qui s’y déroule. Par ailleurs, judicieuse trouvaille, dans la transformation en un chœur des personnages une fois extraits de l’action. Ils s’installent en spectateurs, côté cour et côté jardin autour de la halqa, affublés d’une coiffe dont descendent des filaments qui voilent leur figure comme un masque. Parfois, l’un ou l’autre des choristes participe en tant que tel à l’action. Sensabyl Beghdadi, le musicien est lui aussi sur scène, côté jardin en avant-plan, participant à l’action en jouant sa partition ou, alors en retrait, pour suggérer une ambiance.

Le quatrième mur tombe de temps à autre, mais paradoxalement pour mieux renforcer l’illusion qu’il est censé annihiler. Ainsi en est-il à l’instant où le public est pris à rebrousse-poil par une féroce critique de la pudibonderie qui a gagné la société algérienne. C’est dire que le spectacle n’est pas un simple amusement, mais bien un divertissement qui fait sens. Aussi, l’on ne peut que féliciter les théâtres Mahieddine Bachetarzi et Abdelkader Alloula d’avoir mutualisé leurs moyens dans cette coproduction qui constitue une première dans l’activité des théâtres étatiques.

Pour rappel, Arlequin…, montée au TRO en 1993, n’a pas véritablement tourné, la tragédie algérienne ayant alors empiré à l’époque. Avec l’assassinat de Alloula, le spectacle est mort. «Nous avons voulu avec M. Yahiaoui, le directeur du TNA, à l’occasion du 25e anniversaire du décès de Alloula, de lui rendre hommage en reprenant là où son aventure artistique s’est achevée», explique Mourad Senouci, le directeur du TRO. Le directeur de l’Opéra d’Alger, séduit par Arlequin…, s’est engagé à l’inscrire au programme de son institution. En attendant, le spectacle sera à l’affiche du TNA les 20, 21 et 22 mars.  


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