5e vendredi des manifestations citoyennes



...


Ils étaient des milliers ce vendredi à rallier tôt le matin (8 heures) leur point de repère, à savoir l'esplanade de la Grande poste à Alger. Des familles entières de plusieurs wilayas, telles Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa, Blida, n'ont pas hésité à se déplacer en cette journée pluvieuse pour marcher pacifiquement et revendiquer le départ du système en place.


Dans une ambiance bon enfant, les marcheurs sillonnaient les grandes artères de la capitale en mettant à jour leurs slogans en fonction de l'évolution de l'actualité politique nationale. C'est notamment le « revirement total » des deux partis de l'allégeance, le FLN et son alter ego dans la scène politique, le RND, qui enflamme la rue en ce 5e vendredi.


En effet, en plus du fameux slogan « Klitou labled Yasserakine » (vous avez dilapidé le pays, Voleurs), scandé depuis le début des manifestations le 22 février dernier, les manifestants entonnent à l'envi « FLN, dégage » ou encore « Goulna rouhou ga3, Machi arwahou ga3 » (nous vous avons dit partez tous, et pas venez tous). Des pancartes, s'inscrivant dans ce sillage, ont été hautement dressées : « FLN, RND dégagez », « FLN, le mouvement populaire n'a pas besoin de vous, partez, partez, partez… ».


Des slogans qui ont été répétés par toutes les foules ayant battu le pavé dans la capitale sous des averses de pluie. C'est comme une façon d'exprimer sa détermination en un seul homme pour refuser toutes les propositions faites par le pouvoir et toute solidarité tardive et fallacieuse exprimée par les partis politiques en quête manifeste de repositionnement.


L'autre fait remarquable le nombre impressionnant de ceux qui s'enveloppaient dans le drapeau amazigh. Parmi eux Rabah, un jeune de 34 ans venu de Tizi Ouzou. Il explique qu'il s'agit d'un symbole de l'identité amazighe est non pas un comportement idéologique raciste. Estimant qu'il faut être fier de son origine et de son appartenance à ce beau pays qu'est l'Algérie. Kahina, quant à elle, une dame âgée de 42 ans, nous a révélé qu'elle est venue en compagnie de sa famille de Bouira pour être solidaire avec tous les concitoyens et se mobiliser davantage. « En dépit du mauvais temps, Il est de notre devoir d'être solidaires avec le peuple qui revendique le changement radical ». Brandissant ostentatoirement les deux drapeaux amazigh et national, Kahina, son mari et ses deux enfants sont là, défiant toutes les conditions météorologiques. Pour elle le drapeau en jaune, vert, rouge et bleu ne diminue en rien leur patriotisme. « Ce drapeau est le cordon ombilical qui nous rattache étroitement à notre patrie et comme un symbole de la continuité avec notre histoire », tient-elle à clarifier.


Par ailleurs, la présence d'esprit de certains marcheurs, ayant pensé à célébrer la Journée nationale de l'arbre à leur façon, a caractérisé ce 22 mars. Un groupe de jeunes rencontrés à la place du 1e Mai ont vu en ce vendredi pluvieux une bonne occasion de célébrer la Journée nationale de l'arbre coïncidant avec le 21 mars, en plantant des arbres. « Nous nous sommes déplacés à Blida pour ramener ces plantes en vue de les planter ici à la place du 1e Mai », nous dit Walid. Et de poursuivre : « C'est une manière de dire que les Algériens aiment leur pays, nettoient leurs quartiers et préservent leur environnement ».



L'ampleur de la mobilisation, faut-il le signaler, n'a pas été réduite par la paralysie affectant le transport en commun. À titre d'exemple, les dessertes ferroviaires entre Alger-Centre et ses banlieues ont connu une perturbation à cause de la non-disponibilité du train sur plusieurs axes (Alger- Thénia, Alger-Affroun, Alger- Zéralda). Les voyageurs sont aussi privés du tramway et du métro d'Alger qui ne travaillent plus les vendredis depuis le 22 février dernier. Il ne reste que quelques bus privés qui assurent le transport des passagers la matinée de chaque vendredi. Malgré ça, le peuple tient bon et maintient son entrain pour faire aboutir ses revendications.


Lire la suite sur Le jeune indépendant.