CHANSON.. Quand la médiocrité domine…



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On a vu cette semaine, le passage de plusieurs chanteurs de la nouvelle génération classés comme les dix premiers dans une émission Hit parade sur la chaîne oranaise El Bahia.

Il y a deux jours, on a vu le passage de quelques chanteurs de la nouvelle génération dans une émission qui passe régulièrement sur la chaîne de télévision oranaise El Bahia. Ces chanteurs classés comme les dix premiers par les téléspectateurs nous ont prouvé, une nouvelle fois, que le niveau a nettement baissé ces dernières décennies si ce n’est quelques exceptions. Parmi les chanteurs les mieux classés de cette émission, on a relevé un certain Cheb Bilal Seghir qui aurait choisi la voie de l’autre chanteur de Rai Bilal qui avait quand même certaines qualités notamment le choix des sujets et une voix limpide. On a également vu le fils du chanteur oranais Houari Benchenet qui n’a rien pris des qualités de son paternel en choisissant un semblant de style appelé Way Way et à travers lequel, on n’entend pratiquement aucune parole du texte, si texte il y a. Dans les deux cas précédents, les chanteurs semblent se cacher derrière la boîte à rythmes ainsi que les images du Clip qu’on retrouve pratiquement dans tous les clips, c’est à dire, l’image d’une jeune fille, d’une belle voiture de quelques jeunes qui dansent. Même le chanteur Cheb Nasro qui était parmi les chefs de file de la chanson raï sentimentale aux côtés du défunt Hasni, n’a pas réussi à nous convaincre par des nouveautés au niveau du texte ou de la musique.

Marginalisation
Ces jeunes devenus des stars malgré eux ne sont pas responsables de cette médiocrité qui règne. La faute revient aux programmateurs qui les encouragent et marginalisent les chanteurs de qualité. Il est anormal qu’une star comme Houari Benchenet passe moins souvent à la télévision que son propre fils qu’il n’a pas formé pour suivre la voie de Blaoui Houari et Ahmed Wahbi ou même sa propre voie. Cette baisse de niveau et l’ouverture à la médiocrité a commencé dès le début des années 1990 lorsque les dirigeants de la seule chaîne télévisée de l’époque et les organisateurs de concerts avaient décidé de marginaliser les meilleurs chanteurs de l’époque dont Khelifi Ahmed, Driassa, Lamari, Seloua et Noura sans oublier ceux qui étaient déjà quasiment interdits notamment Taleb Rabah et Akli Yahiatene. A cause des anciens programmateurs, plusieurs grands chanteurs sont à ce jour inconnus car ils ne sont pratiquement jamais programmés. C’est le cas de l’ancien artiste et chanteur Mahieddine Bentir qu’on croyait complètement retiré du monde de la chanson alors qu’il n’a jamais abandonné cet art. Pour rappel, Mahieddine Bentir qui avait obtenu la 2e place à l’Eurovision 1966 avec la chanson Ya l’Bakia est aussi le créateur du logo de la RTA. Il parait qu’aux archives de la télévision nationale, on n’aurait gardé qu’un seul de ses enregistrements. Dessinateur, peintre, sculpteur et grand chanteur, Bentir est pratiquement inconnu par la nouvelle génération. Ce n’est sûrement pas de sa faute si les programmateurs de la télévision qui, depuis plus d’une dizaine d’années, semblent avoir choisi la médiocrité comme critère pour passer à l’écran, ne lui lui faisaient pas appel. Une émission l’a invité pour lui rendre hommage mais on aurait préféré le voir chanter régulièrement durant ces dernières décennies. Le cas du chanteur Mohamed Lamari est identique puisqu’il fut marginalisé au moment où il était d’une excellente forme en proposant des chanteurs qui se présentent avec des boites à rythmes et des textes de bas niveau profitant de l’absence de la commission de lecture.

L’habitude
Beaucoup de chanteurs algériens de renommée tels que Larinouna ont été obligés de se retirer, laissant leurs places à des médiocres, car ils étaient marginalisés notamment par la télévision. On se demande pourquoi, la plupart des télévisions privées sont tombées dans le même piège en programmant des médiocres au lieu de faire appel à des chanteurs de qualité. Il faut dire toutefois que certaines chaînes telles que Dzair TV, Numidia et Amel TV ont réussi à se démarquer. Dzair TV a ouvert ses ondes à de jeunes bons chanteurs et même à des associations andalouses. Numidia TV a le mérite de relancer le chaâbi en programmant des chanteurs connus et moins connus alors que Amel TV n’hésite pas à nous replonger dans le bon vieux temps avec les anciens chanteurs et groupes algériens et marocains tels Djil djilala, Lemchaheb et inviter les nouvelles stars qui le méritent. Les programmateurs devraient proposer la bonne qualité et non ce que demande la majorité du public car ce dernier s’est habitué à la médiocrité puisqu’il ne sait plus ce qu’est la bonne qualité.
Bari Stambouli


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