Le Parti vit la page la plus sombre de son histoire

La rue réclame de mettre le FLN au musée

Depuis le mouvement populaire du 22 février, le parti FLN vit la plus sombre page de son histoire avec la grogne de la rue qui ne cesse de réclamer son placement au musée de l’histoire et une base qui manifeste ouvertement son hostilité à une direction qu’elle considère illégitime.

Des bagarres et des démissions en cascade de cadres, d’élus et de militants sont au menu quotidien des réunions de cette entité. A ce spectacle peu flatteur, la rue a prononcé sa sentence. Chaque vendredi, des slogans demandant le départ du FLN sont scandés par les manifestants. L’ex-parti unique est la cible privilégiée de la foule qui reprend en chœur le slogan qui fera froid dans le dos des caciques de ce parti : «FLN dégage !» Les militants FLN qui tentaient de rejoindre les marches dans certaines localités du pays ont été aussi rabroués.

La génération à l’origine de l’insurrection en cours récuse la légitimité historique dont se réclament encore les caciques de l’ex-parti unique et ne veut plus de cet appareil synonyme de «corruption» et de «répression».

Toutefois, il n’y a pas que la rue qui a rendu son verdict, la très puissante Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a, de son côté, exigé la libération du FLN pour être placé à la place qui lui revient de droit.

Elle veut le voir au musée. Elle estime que le FLN est l’adresse de toutes les manifestations de corruption à cause de l’exploitation dont il fait l’objet de la part de certaines personnes qui ont voulu s’emparer du pouvoir. Il est nécessaire pour cette organisation de distinguer entre le FLN qui a conduit le peuple algérien à la libération et la victoire sur le colonialisme et le parti qui est devenu aujourd’hui un appareil synonyme de corruption, ce qui pousse chaque vendredi la population à exiger son départ.

L’ONM demande la restitution du FLN à la mémoire collective du peuple algérien et réclame l’interdiction de son instrumentalisation par quelque partie que ce soit, considérant qu’il s’agit d’un patrimoine de tous les enfants du peuple algérien.

Aujourd’hui donc, la question de mettre le FLN, ce symbole auquel les Algériens prêtent serment chaque fois qu’ils entonnent l’hymne national, à l’abri des luttes partisanes, revient au-devant de la scène et se pose avec insistance. Des moudjahidine bien connus, à l’instar de Zohra Drif-Bitat, Abdelkader Guerroudj, le Colonel Senoussi ou encore Cherif Abdelmadjid, ont de tout temps demandé à réformer profondément le FLN.

Pour eux, il est important de préserver et de remettre le sigle FLN qui est le patrimoine de tout le peuple algérien au musée de l’histoire. Quand Boudiaf, titulaire de la carte n°1 du FLN, avait honnêtement suggéré de placer «le FLN au musée de l’histoire», il redoutait, rappelle Nacer Boudiaf, de tomber dans cette situation de voir le parti, qui jadis s’assimilait au mot «Algérie», passer entre des mains qui le placeraient dans un débarras.

Oui, nous en sommes arrivés là, s’indignent certains militants. Triste sort pour un parti qui représentait l’espoir pour toute une génération. La revendication de la rue est en somme toute légitime.

Les Algériens demandent à mettre le FLN, comme du reste tout le patrimoine de la Révolution, au musée. Le FLN, selon le Colonel Senoussi, est un patrimoine commun à tout un peuple et de ce fait, il ne devrait pas être monopolisé par une partie trop restreinte d’Algériens. «Le FLN historique était un front regroupant toutes les forces nationales et se situait au-dessus de toutes les chapelles politiques. Hélas, après l’indépendance, on a décidé d’en faire un parti politique avec ses hauts et ses bas…

Cet appareil est voué à vivre des crises successives, pouvant mener à sa disparition, d’où la nécessité de préserver son sigle», plaide Senoussi. Si Boudiaf n’avait pas été assassiné, le FLN serait déjà au musée, mais avec le contexte actuel, cette revendication chère à la classe politique nationale et aux Algériens pourrait peut-être se concrétiser !