Manifestations contre le «système» et les relations algéro-françaises

Paris a-t-il acté la fin prochaine et inéluctable de l’ère Bouteflika ?



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L’Algérie doit être maîtresse de son destin. La population contribue par ces différentes manifestations à montrer son appartenance et sa fierté algériennes. Il faut donc que le processus, qui va se mettre en œuvre, de transition, qui maintenant s’impose, puisse se dérouler dans les meilleures conditions», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères…

«Je suis frappé de la dignité et de la fierté du peuple algérien. Il y a une phase difficile de leur histoire mais en même temps il y a un civisme remarquable», a-t-il indiqué à des médias à New York.Le 11 mars le MAE français saluait la déclaration du président Bouteflika annonçant «ne pas solliciter un 5e mandat et prendre des mesures pour rénover le système politique algérien». «Au lendemain des grandes manifestations, qui se sont déroulées dans le calme et la dignité à travers toute l’Algérie, la France exprime l’espoir qu’une nouvelle dynamique à même de répondre aux aspirations profondes du peuple algérien puisse s’engager rapidement.»

Des propos qui ont été perçus comme un acte d’ingérence par les manifestants et l’opposition en Algérie. Le ministre place aujourd’hui au cœur de son positionnement le peuple algérien, qui revendique pacifiquement depuis plus d’un mois son rejet du système politique algérien et son remplacement par une nouvelle République démocratique, fondée sur l’égalité des droits des citoyennes et citoyens, sur les libertés collectives et individuelles et leur respect.

Hier matin, Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, emboîtait le pas à Jean-Yves Le Drian en affirmant sur la chaîne France 24 que «le peuple algérien décide librement de son avenir», ajoutant qu’«avoir un membre du gouvernement français qui irait dire aux Algériens voilà ce que vous devez faire, ce serait ne pas respecter la souveraineté du peuple algérien».

Du soutien à la feuille de route attribuée à Abdelaziz Bouteflika

Les premières déclarations des officiels français étaient favorables à l’annonce du pouvoir algérien de procéder à des réformes pour calmer les manifestants. «Je voudrais vous dire aussi que nous avons pris acte des propositions qu’a formulées le président Bouteflika en déposant sa candidature, c’est-à-dire une conférence nationale, des réformes de la Constitution, réformes de la loi électorale, élections présidentielles anticipées auxquelles lui-même ne serait pas candidat», répondait, le 6 mars, le ministre des Affaires étrangères, devant l’Assemblée nationale, aux questions de députés. «Vous savez que le Conseil constitutionnel a quelques jours, d’ici au 14 mars, pour trancher sur la validité des candidatures, nous devons donc laisser le processus électoral se dérouler.» Et de préciser : La France «appliquera trois principes : tout d’abord, l’Algérie est un pays souverain, et c’est au peuple algérien et à lui seul qu’il revient de choisir ses dirigeants et son avenir.

C’est aussi au peuple algérien de définir ses aspirations, ce qui implique la transparence et la liberté du processus. Deuxièmement, l’Algérie est un pays ami auquel nous rattachent des liens multiples et ce qui se passe en Algérie a des liens directs et un fort retentissement en France, nous le constatons. Enfin et troisièmement, l’Algérie est un pays clef en Afrique et en Méditerranée , c’est pourquoi la stabilité, la sécurité et le développement de l’Algérie sont tout à fait essentiels ; c’est dans cet esprit que la France appréhende cette échéance cruciale en Algérie».

Toujours devant l’Assemblée nationale : «Vous avez fait part de votre inquiétude sur les flux migratoires, je dois vous dire à cet égard que les flux migratoires avec l’Algérie sont stables, aujourd’hui maîtrisés, et que le gouvernement y accorde une importance toute particulière.»

«La France a imaginé le scénario du pire»

Ces derniers propos, formulés de façon diplomatique sont à rapprocher des informations rapportées par des médias français selon lesquels, «la France a imaginé le scénario du pire au début de la mobilisation contre Abdelaziz Bouteflika en Algérie. Le gouvernement craignait alors un embrasement avec des troubles violents, de la répression et des conséquences en France avec une arrivée massive de bateaux venus d’Algérie» (France Info, vendredi 29 mars). «L’Exécutif a alors évalué les besoins en matière médicale ou sécuritaire.

Un scénario avec trois ports de la Méditerranée dédiés à l’arrivée de ces migrants», ajoutait la radio publique. Avant de préciser que «le gouvernement ne croit plus que la situation puisse dégénérer. Les manifestations sont restées pacifiques et le président algérien est même lâché par l’armée». Quelques jours plus tôt l’Obs rapportait qu’avec ces manifestations, «l’Algérie est plus que jamais le numéro un des préoccupations de l’Elysée». Lequel redouterait ainsi «les conséquences d’une déstabilisation de ce pays», écrivait pour sa part Le Parisien. Tandis que Libération soutenait que «Paris craint surtout qu’une crise politique ne pousse la jeunesse à l’immigration, comme en Tunisie après la chute de Ben Ali. S’agissant de l’Algérie, dont la moitié des 40 millions d’habitants a moins de 20 ans, le phénomène pourrait être massif».

«Une forme d’art du contournement»

Répondant à l’intervention de l’historien Benjamin Stora dans le cadre du «Grand débat des idées» organisé par France Culture, qui estimait que la France «ne peut pas être absente du mouvement» que vit l’Algérie, le président Macron avait avancé «que si j’en venais, en tout cas de là où je suis, d’où je parle, à choisir mes interlocuteurs dans l’opposition ou dans la rue, d’abord je commettrais une erreur fondamentale vis-à-vis d’eux, c’est-à-dire que je les condamnerais au discrédit immédiat». «Et je pense qu’on ouvrirait un débat qu’on connaît par cœur dans la relation franco-algérienne, qui est le débat de l’immixtion dans la politique, etc.», avait-il ajouté. «Donc je me suis tenu très à distance à ce sujet.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des échanges, en particulier avec ceux qui dirigent l’Algérie, pour essayer de comprendre, d’accompagner et de faire passer des messages d’une transition, mais je ne peux pas aller beaucoup plus loin sur ce sujet», a déclaré Macron. «Il faut accepter sur ce sujet, compte tenu de notre histoire commune, d’avoir une forme d’art du contournement, en tout cas de politique indirecte, extrêmement respectueuse de la souveraineté et du contexte», a conclu le président français.
C’est dire combien les Français suivent à la loupe l’évolution des événements algériens.


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