Il confirme avoir reçu le général Toufik à sa demande

Zeroual décline une offre de Saïd Bouteflika pour conduire la transition



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Le frère cadet du président Bouteflika, Saïd, continue de manœuvrer pour contourner la mobilisation populaire réclamant le changement du système. Après avoir tenté de proroger le 4e mandat du chef de l’Etat, le «puissant» conseiller a essayé, après six semaines de protestation populaire, d’impliquer l’ancien président Liamine Zeroual dans la transition.

Il a chargé l’ex-patron du DRS, le général Toufik, de lui soumettre la proposition de présider l’instance de transition. C’est ce qu’a confirmé Liamine Zeroual dans une lettre rendue publique, hier. «Je tiens à informer, par devoir de vérité et transparence, que j’ai reçu ce samedi 30 mars et à sa demande le général de corps d’armée Mohamed Mediene qui m’a porté la proposition de présider une instance chargée de la conduite de la transition.

Il m’a confirmé que cette proposition avait été faite en accord avec Saïd Bouteflika, conseiller à la présidence de la République», explique-t-il. Poursuivant, l’ex-chef de l’Etat laisse entendre qu’il avait gentiment décliné l’offre. «J’ai fait part à mon interlocuteur de toute ma confiance dans la maturité des millions de manifestants et de la nécessité de ne pas entraver la marche du peuple, redevenu maître de son destin», ajoute-t-il.

«Organiser une véritable alternance»

Liamine Zeroual dit avoir ressenti de la fierté devant cette mobilisation populaire. «Comme tous les algériens, j’ai ressenti une immense fierté en voyant des millions d’Algériennes et d’Algériens réclamer une Algérie démocratique dans une ferveur et une discipline qui font honneur à la nation et donnent de l’Algérie et de son peuple une image digne de nos aspirations historiques», écrit-il.

L’ex-Président dénonce, dans la foulée, l’incapacité du système algérien à se réformer 57 ans après l’indépendance. «Depuis l’indépendance, notre système politique n’a pas su être à l’écoute du peuple, se réformer à temps, se moderniser et se hisser à la hauteur des attentes d’un grand peuple qui, le 22 février 2019, n’a pas raté son rendez-vous avec la démocratie et a réconcilié l’Algérie avec son immense Histoire», rappelle-t-il.

L’auteur de cette lettre affirme être, lui aussi, interpellé par la force des manifestations populaires, massives et organisées du peuple algérien «auxquelles j’ai apporté publiquement mon soutien dès les premiers instants». «Je suis également, tout comme vous, préoccupé par l’absence de réponses politiques à la hauteur de ses légitimes revendications démocratiques», précise-t-il.

Ce faisant, Liamine Zeroual adresse un message aux tenants du pouvoir leur demandant de répondre à la demande citoyenne afin d’éviter tout dérapage au pays. «Aujourd’hui, et devant la gravité de la situation, les tenants du pouvoir doivent faire preuve de raison et de discernement et s’élever à la hauteur de notre peuple pour éviter tout dérapage aux conséquences inéluctables pour le pays et laisser les Algériens s’exprimer librement et imposer la volonté de notre grand peuple», recommande-t-il.

Rappelant qu’il ne veut aucune responsabilité politique, il appelle aussi à une véritable alternance. «Comme vous le savez, je décline depuis 2004 toutes les sollicitations politiques et j’appelle à chaque fois à organiser une véritable alternance de nature à favoriser l’émergence de nouvelles générations auxquelles j’ai toujours fait confiance et fortement encouragées», souligne-t-il.

A travers cette lettre, Liamine Zeroual dément également indirectement le dernier message du chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, qui avait dénoncé «des parties malintentionnées qui ont tenu des réunions, le 30 mars dernier, pour comploter contre l’armée». Avant lui, rappelons que l’ex-patron du DRS, le général Toufik, est sorti de son mutisme aussi pour affirmer qu’il «n’a jamais rencontré le personnel des services de sécurité» et rejette «l’accusation d’avoir rencontré des agents étrangers».


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