Chanson kabyle

 Slimane Chabi revient avec deux albums



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Slimane Chabi, le chanteur et comédien kabyle, bien connu par ses divers sketches, vient de mettre en vente chez les disquaires un double album contenant 15 chansons (7+8 titres).

Un album où il décortique la société algérienne dans les profondeurs de ses us et coutumes. Avec un timbre clair de la voix, couplé à une musique à rythme, usant d’instruments ordinaires et traditionnels (flûte, bendir, guitare…), Slimane Chabi donne l’impression, dans ses œuvres, d’interpeller l’esprit des multiples couches et classes sociales du pays.

Il a réussi à extérioriser tout haut des situations dans lesquelles des générations (jeunes et moins jeunes, femmes et hommes) vivent tout bas et durement pour certaines. D’ailleurs, dans ce nouvel opus, notre humoriste inclut une belle chanson en arabe algérien, un hymne à la femme résistante, intitulé Ya arianat erras (Ô femmes aux cheveux au vent !), un titre hommage aux vaillantes algériennes qui luttent pour leur liberté et l’égalité dans les droits, au même titre que leurs frères hommes. Sa version en kabyle est déjà terminée et sera incluse dans un prochain album dont la parution ne saurait tarder, nous dira-t-il.

A travers ses nouveaux produits, comme c’est le cas dans ses précédentes compositions, Slimane Chabi semble s’être acquitté d’un «devoir» vis-à-vis de ses concitoyens en exprimant, avec le chant, leurs préoccupations.

Dans cet album, notre humoriste va aussi de ses «regrets» multiples dans l’abandon de l’amour vis-à-vis de la terre, de l’arbre nourricier, leur mise en jachère, sans arrosage de régénérescence, leur pollution délibérée, voire leur dégradation dans l’impunité, le laisser-faire, etc. «Pleurez, ô mes montagnes, jadis altières ! de ces ténèbres qui nous entourent, de ces printemps qui nous fuient ou qu’on avorte, car nous nous sommes laissé faire sans réagir face aux bizarres renversements de looks dans les villages mêmes de ces coins reculés, jadis fiers de leurs coutumes et valeurs saines», sermonne-t-il.

Dans une autre piste, intitulée Qabel iten (fais leur face !), s’apparentant à une jolie comédie, l’artiste décrie les avancées époustouflantes atteintes par les sciences universelles, notamment chez ces puissances occidentales que «nous décrions sans cesse, en les qualifiant d’’’impies’’», alors qu’elles réalisent au fil des ans des prouesses inimaginables, à l’image de ces satellites «nous scrutant depuis les hauteurs des cieux jusque dans les moindres interstices de nos maisons».

Qabel iten a-Dda s-utchamar est le refrain revenant au long des cinq minutes de cet impeccable titre par lequel il parodie et invite ces barbus «qui luttent pour l’arriération de la société afin de la projeter vers le mode de vie prévalant il y a 14 siècles, à aller donc entraver ces poussées astronomiques de la science avec… les poils de leurs barbes».

Il y consacre, en outre, deux titres hommage à deux grands artistes, «qui ont pu introduire la chanson dans les foyers conservateurs kabyles, notamment Slimane Azem et Zerrouk Allaoua, des géants qui m’ont bercé dans mon enfance et continuent à le faire aujourd’hui encore, au crépuscule de ma vie».

Slimane Chabi compte, faut-il le rappeler, d’autres chansons en arabe populaire, une dardja qu’il maîtrise parfaitement. Dans ce contexte, l’enfant des montagnes du Djurdjura nous dira que cela est dû à son intéressement à la langue et à sa fréquentation des milieux de l’art et de la poésie, surtout après avoir côtoyé dans sa jeunesse de grands poètes, comme Lakhdar Benkhelouf, Cheikh Smati, Abdellah Benkeriou, Abderrahmane Medjdoub, etc.

Son premier disque (45 tours) a été édité en 1965, à Alger, alors tout jeune de 20 ans. «Pendant deux ans, je dormais dehors, tel un SDF, jusqu’au jour où j’ai commencé à travailler dans un atelier de confection. Ma fierté est que je ne dépendais de personne en me débrouillant seul. Je voulais alors me rapprocher de la Radio kabyle, le premier à voir à la Chaîne II, c’était Abdelmadjid Bali. Je faisais alors des chansons ‘‘en marche arrière’’ dans son émission pour enfants, comme le faisait Mohamed Hilmi», se rappelle notre artiste, qui garde encore la «jeunesse» de sa voix, malgré ses 73 ans.

«Ma première chanson dans cette émission fut celle de Chérifa ‘‘Ch’kani medden ma nnan, uliw zeddik am aman’’. La chanson de Chérifa, je l’ai retournée en ‘‘Ch’kan iyi medden ma nnan nek ay hemlegh d lbanan’’, qui sera reprise plus tard par Ahmed Hamou, dans le genre humoristique, lui aussi, mais sans consultation des auteurs. En 1972, Lounis Aït Menguellet reprendra également une de mes chansons, Tura dayen s3igh lebian, un titre que je n’aurais jamais accepté de chanter aujourd’hui, car il parlait de la femme, et à cette époque-là, le caractère conservateur nous submergeait en Kabylie».

Slimane Chabi avoue qu’il ne vivait pas du tout de ses chansons, «lesquelles sont bizarrement frappées du sceau de rejet auprès des directions des Radios algériennes où existe un ‘‘pouvoir occulte’’ qui les bannit, comme c’était le cas d’ailleurs pour celles de Slimane Azem. Et dire que j’ai vu les principaux responsables, dans les années 1980, puis 1990, qui me demandaient à chaque fois s’il n’y a pas de politique dans mes produits. Sur ce, j’ai compris et je ne suis jamais plus allé les revoir.

Pourtant, mes compositions relatent, et souvent en métaphore et avec humour, l’évolution sociale de l’Algérie, laquelle m’a de tout temps inspiré, y compris aujourd’hui». Ce qui le fait vivre, ajoute-t-il, «c’est bien le travail de la terre, particulièrement l’apiculture», domaine qu’il maîtrise convenablement. Son hobby principal, les modes de vie et de travail des abeilles.

Slimane Chabi compte un répertoire de plus de 130 chansons, ainsi qu’un scénario de film fin prêt, pour peu qu’il trouve du soutien. Dans ce dernier album, produit par Jugurtha Mehdi (Rex Productions de Aïn El Hammam), l’artiste, qui n’a jamais arrêté d’écrire, comme il le dit, et à la moindre inspiration, a mis en exergue la femme, l’humour, l’éducation, l’environnement, les valeurs humaines, etc.


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