Abdelkader Bensalah joue sa dernière carte avant d’être éjecté par l’armée



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Par Karim B. – La hiérarchie militaire a voulu faire vite en fixant la date de l’élection présidentielle dès le lendemain de la démission de Bouteflika et de son remplacement par le président du Conseil de la nation pour une période de quatre-vingt-dix jours. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

Les manifestants ont rejeté cette option dès son annonce, poussant l’armée à envisager d’autres recours pour calmer la rue. C’est dans cette perspective que s’inscrit la démarche d’Abdelkader Bensalah qui a ouvert un nouveau chantier mais dont l’issue est incertaine. En ouvrant les portes du palais d’El-Mouradia à un certain nombre d’interlocuteurs triés sur le volet, le chef de l’Etat provisoire laisse entendre que l’échéance électorale est compromise et qu’il attend de ses hôtes de nouvelles propositions pour résorber la colère des citoyens qui se retournent désormais contre le chef d’état-major de l’ANP, accusé de ne pas tenir ses promesses de faire «dégager» tout le système.

Devant la levée de boucliers des juges et des présidents d’APC, deux acteurs principaux sans la participation desquels l’élection présidentielle ne peut se dérouler normalement, l’armée n’a d’autre choix que de passer à une nouvelle étape inscrite dans sa feuille de route graduée qui comporte plusieurs solutions, comme l’a indiqué le général Ahmed Gaïd-Salah dans son dernier discours.

Abdelkader Bensalah reprend son initiative échouée de 2012 lorsque l’ex-président Abdelaziz Bouteflika l’avait désigné pour présider une commission de dialogue dont les recommandations avaient abouti à renforcer le régime en place au lieu de précipiter son départ, comme cela avait été réclamé par le peuple au firmament des soulèvements de 2011 qui ont emporté de nombreux chefs d’Etat dans leur sillage. Bouteflika, qui promettait de remettre le témoin à la nouvelle génération dans un discours «d’adieu» prononcé le 8 mai 2012 à Sétif, a trahi son engagement en se maintenant au pouvoir jusqu’à ce que le peuple l’en déloge sept ans plus tard.

Non seulement l’initiative de Bensalah n’a aucune chance d’aboutir, mais elle résonne comme une dernière carte que l’institution militaire joue avant de le débarquer et de passer à une vitesse supérieure. Le refus par les millions de citoyens qui battent le pavé depuis le 22 février de toutes les solutions proposées jusque-là, fait que le temps joue en défaveur du chef d’état-major de l’armée qui se voit lui-même menacé par la révolte des citoyens de plus en plus nombreux à réclamer son départ.

Quelle sera la prochaine étape ? Nous le saurons dès lundi, quand Bensalah se retrouvera face à des chaises vides ou occupées par des personnes que la rue ne reconnaît pas.

K. B.


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