Enquête – Un réseau de passeurs au sein de la compagnie Air Algérie.



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La Direction des Opérations au Sol (DOS) d’Air Algérie est une des directions les plus importantes de la compagnie aérienne nationale. C’est la DOS qui est en contact direct avec les clients et gère directement, à l’aller comme au retour, le traitement des passagers, leur enregistrement, la vérification des documents de voyage, l’embarquement et bagages et ce, dès leur arrivée à l’aérogare jusqu’au décollage de l’avion.

Ainsi, c’est à la compagnie algérienne de procéder à la vérification préalable de documents d’autorisation d’entrée dans le pays de destination et d’exécuter cette mission de police dans un but de prévention, de lutte contre l’immigration « illégale » et pour éviter de payer les lourdes amendes.

Lorsqu’ils ne sont pas autorisés à entrer sur le territoire français, les étrangers qui se présentent aux frontières peuvent être maintenus dans une zone d’attente pendant plusieurs jours.

Les lois françaises ont par ailleurs renforcé l’arsenal des sanctions contre les transporteurs d’étrangers arrivant sans les documents requis et exigés par la réglementation et les accords internationaux. C’est une amende de 5000 à 10 000 euros, à laquelle peuvent être rajoutés la prise en charge des frais pendant la durée de placement en zone d’attente et la prise en charge du vol retour.

Selon nos informations depuis Janvier 2019, le montant des amendes a augmenté de manière surprenante pour atteindre les 3 Millions d’euros !

Une grande partie de ce montant faramineux correspondrait, selon une source interne à la compagnie nationale, aux amendes infligées par les autorités françaises pour absence de documents de passagers essentiellement originaires d’Afrique Subsaharienne.

Un réseau de passeurs aurait ainsi été constitué, principalement au niveau de l’Aéroport d’Alger, qui serait composé d’agents de la compagnie aérienne avec la complicité d’agents des services de sécurité, causant cette perte colossale à la compagnie battant pavillon algérien.

Toujours selon nos sources, la somme demandée à chaque candidat à l’exil européen serait de l’ordre de 2000 à 3000 euros.

Si quelques personnes africaines, au fait de ces opérations illégales nous ont bien confirmé l’existence d’un tel trafic, elles se sont refusées à nous donner des noms de leurs contacts ou le réel modus operandi, craignant vraisemblablement pour leur sécurité…

La DOS est actuellement dirigée par Adel Frik, le fils de l’ex Wali Bachir Frik, condamné à 7 années de prison ferme à Serkadji, pour malversations dans le domaine foncier.

Nous avons difficilement pu joindre un cadre opérant dans une des directions de la compagnie Air Algérie, qui nous a bien laissé entendre que le montant des amendes était à la hausse, mais sans nous en confirmer le montant.

 »Les employés de la DOS sont en première ligne quant aux manquements aux dispositions en vigueur de l’Etat concerné en matière d’entrée ou de traversée du territoire, ou en raison de l’absence des documents nécessaires. » Nous affirme notre source.

Air Algérie a-t-elle pris la mesure de cette saignée et a-t-elle alerté les services de police ? Les officiers de la sécurité de l’aéroport d’Alger sont-ils au fait de cette faille dans le système ? Nous n’avons pas pu obtenir de réponses…

Dans un passé récent, Air Algérie a eu recours aux services du bureau d’audit aérien : Lufthansa Consulting, pour l’équivalent en devises d’environ 2,5 milliards de centimes. Cet audit qui a duré plus de 16 mois a passé en revue l’ensemble des fonctions de la compagnie Air Algérie, dont la Direction des Opérations au Sol.

L’étude a conclue, entre autres, que le niveau des managers ne permettait pas une gestion efficace de la compagnie parce que ses employés ne possédaient pas le “minimum requis”.

S’il est vrai qu’Air Algérie souffre clairement de l’incompétence et de l’avidité de certains de ses managers et employés, la pression exercée par les politiques et le lobby syndical est également à déplorer. Nous y reviendrons.


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