Tizi Ouzou

«Primauté du politique sur le militaire»

La rue ne connaît pas de répit à Tizi Ouzou, où les étudiants ont organisé, encore une fois hier, une véritable démonstration de force, dans le sillage des actions de protestation allant dans le sens de l’exigence du départ, pur et simple, du système.

Des milliers d’étudiants de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ont ainsi battu le pavé à l’occasion d’une imposante marche dans la capitale du Djurdjura. La procession estudiantine s’est ébranlée devant le portail principal du campus de Hasnaoua, dans un climat pacifique, pour amorcer la montée du stade du 1er Novembre.

Au devant de la foule, une banderole sur laquelle est mentionné «Système dégage, étudiant s’engage». «Le peuple a vomi votre mensonge», lit-on sur une autre. L’emblème national et le drapeau amazigh étaient fortement présents dans la marche.

Les manifestants, dont plusieurs étudiantes étaient vêtues de robes kabyles, ont également réclamé la dissolution des deux Chambres du Parlement (l’APN et le Sénat) et du Conseil constitutionnel, et ce, à travers ce qu’a été écrit sur certaines pancartes que nous avons remarquées dans la foule.

Celle-ci a marqué une halte devant le CHU Nedir Mohamed, pour, sans doute, bien organiser les carrés, en raison des autres étudiants, enseignants qui rejoignaient la procession. «Pouvoir assassin» et le traditionnel mot d’ordre des événements de Kabylie, en 2001, «Ulach Smah Ulach» étaient parmi les principaux slogans scandés, à gorge déployée, par les marcheurs qui ont aussi brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, «Pour la primauté du politique sur le militaire».

Les manifestants ont continué leur marche, via la grande rue de la ville des Genêts, jusqu’à la place Matoub Lounès, en face de l’ancienne gare routière. Ainsi, après un grand rassemblement devant le mémorial des martyrs de la Guerre de Libération nationale, les marcheurs se sont dispersés dans le calme.

Par ailleurs, il est utile de noter que l’université de Tizi Ouzou, bastion des luttes démocratiques et notamment du combat identitaire est au rendez-vous avec le mouvement populaire enclenché depuis le 22 février dernier.

Outre les actions de terrain entreprises par les différentes franges de la communauté universitaire, l’UMMTO est devenue un lieu de débat privilégié sur la transition démocratique.

D’ailleurs, aujourd’hui, l’avocat et militants des droits de l’homme, Mustapha Bouchachi, sera l’invité des rencontres «Les débats de l’UMMTO» initiées par les enseignants, étudiants et personnel ATS de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou.

Me Bouchachi animera une conférence sous le thème «Quelles solutions politiques pour la crise actuelle en Algérie», aujourd’hui à 10h, à l’auditorium du campus de Hasnaoua.