Crise libyenne

L’armée de Haftar au bord de l’enlisement



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L ’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé une offensive sur Tripoli il y a près de trois semaines dans le but de s’emparer du pouvoir, est en train de déchanter.

Malgré l’appui militaire de nombreux pays, les unités de l’ANL n’ont pas réussi à percer les défenses sud de la ville. C’est même le scénario inverse qui se produit. Les forces soutenant le gouvernement d’union nationale (GNA) les ont obligé à battre en retraire dans certaines régions. L’homme fort de l’Est libyen et ses sponsors internationaux ont manifestement sous-estimé la capacité de riposte du gouvernement de Fayez Al Sarraj.

Mardi, des milices alliées au GNA ont pu repousser les troupes fidèles au maréchal Haftar à plus de 60 km au sud-ouest de Tripoli. La ville de Aziziya, prise par l’ANL il y a quelques jours, était hier entièrement sous le contrôle des forces de Tripoli.
Le front reste toutefois mouvant, les deux parties ayant gagné et perdu des territoires en quelques jours, voire quelques heures.

Durant la reconquête de Aziziya par le GNA, les forces de Khalifa Haftar ont perdu de nombreux combattants. Mohammed Qanounou, porte-parole de GNA, a déclaré que les forces gouvernementales ont détruit huit véhicules blindés appartenant aux troupes de Haftar.

Bilan macabre

Le bilan du conflit commence toutefois à être lourd pour tout le monde. Mais surtout pour les populations civiles. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme qu’au moins 270 personnes, dont 69 des civils, ont été tuées et 1266 autres blessées depuis le 4 avril dans les combats.

Le conflit a également provoqué le déplacement de 35 000 personnes. Face à cette situation, l’OMS a répété dans un tweet son appel à un «arrêt temporaire des hostilités» entre les deux camps, les appelant à «respecter le droit humanitaire international».
Maria do Valle Ribeiro, l’adjointe de l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a soutenu que ces bilans «ne sont que des estimations minimales».

Devant la crainte d’assister à un bain de sang et à une résurgence de la guerre civile, plusieurs dirigeants africains ont demandé mardi «l’arrêt immédiat et inconditionnel» des combats en Libye, à l’issue d’un sommet au Caire sur la Libye sous la houlette du chef de l’Etat égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, président en exercice de l’Union africaine. Pour le moment, les deux belligérants sont restés sourds aux appels au calme.

Le but du sommet de l’UA du Caire était de trouver «les moyens d’endiguer la crise et de relancer le processus politique». Aux côtés de M. Al Sissi, les présidents du Rwanda, Paul Kagame, et d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, membres de la «troïka» sur la Libye, ainsi que celui du Congo, Denis Sassou-Nguesso, chef de la commission sur la Libye à l’UA, ont appelé «toutes les parties à la retenue» et à permettre «l’arrivée de l’aide humanitaire».

Les quatre chefs d’Etat ont également appelé la communauté internationale à «prendre ses responsabilités» dans la lutte contre le «trafic d’armes» et l’incursion de «combattants terroristes», tout en évitant les «ingérences extérieures».
Ingérences
A propos justement d’ingérences, Le Canard enchaîné, citant un rapport du renseignement militaire français, a révélé hier que l’Arabie Saoudite et les Emirats ont «gracieusement» offert à Khalifa Haftar quatre hélicoptères d’attaque au sol Mi-24, une demi-douzaine d’avions légers américains AT-Avitractor, un bon nombre de blindés de transport de troupes Panther T-6, fabriqués en Inde par la société Minerva, et plusieurs dizaines de blindés à roue Typhoon, une production du groupe canadien Streit. Le journal a ajouté que Moscou a récemment livré cinq hélicoptères Mi «flambant neufs» à ANL.

Concernant la position de la France sur ce qui se passe en Libye, Le Canard enchaîné a indiqué que si le président Emmanuel Macron a démenti le soutien de la France à Haftar, le reproche du Premier ministre libyen, Fayez Al Sarraj, qui a accusé Paris d’avoir trahi Tripoli, poursuit-il, «ne l’empêche vraiment pas de dormir, et il n’éprouve aucune honte à figurer parmi les parrains d’un va-t-en guerre».

Pour le journal, «c’est grâce à lui que le France se retrouve en brillante compagnie : l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte, trois excellents clients des marchands d’armes français».

Le Canard enchaîné rappelle que cette «malheureuse» Libye, que la guerre franco-britannique de 2011 «a transformé en paradis pour les terroristes de Daech et d’Al Qaîda, hérite donc aujourd’hui d’une guerre civile».

Le média français estime, dans ce contexte, que les trois parrains de Haftar «parient sur l’avenir en se montrant fort généreux», ajoutant que «s’ils espèrent le voir bientôt devenir le maître incontesté de l’ancien fief d’El Gueddafi, ils n’en lorgnent pas moins ses riches ressources pétrolières déjà tombées sous son contrôle». Mais pour le moment, rien n’est gagné pour eux, car l’ANL n’est pas loin de tomber dans le piège de l’enlisement.

Un enlisement qui peut durer des années. En tout cas, il semble évident que c’est la bataille de Tripoli qui décidera de l’avenir de la Libye.


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