«Le club est agressé dans ce qu’il a de plus cher



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Zoubir Bachi, une des figures de proue du MC Alger, ancien joueur et capitaine d’équipe de la génération dorée qui a remporté plusieurs titres nationaux et première formation algérienne à avoir remporté le titre continental, vainqueur de la Coupe d’Afrique des clubs champions, n’est pas insensible aux durs moments que traverse le club algérois. Nous sommes allés à sa rencontre pour connaître son point de vue sur ce qui se passe au Mouloudia, après les péripéties qui ont marqué l’installation du comité qu’il a présidé quelques jours, avec d’autres anciens joueurs, à l’instar de Zenir, Benali et Farhi.

– Zoubir Bachi, votre commentaire sur ce qui se passe au MC Alger…

Ce qui se passe au Mouloudia est déplorable et le mot n’est pas assez fort. Le club ressemble à un bateau ivre, trimballé à droite et à gauche, au gré de la volonté de ses nombreux fossoyeurs. L’instabilité est le trait majeur qui caractérise le Mouloudia. Ce n’est pas innocent. Cycliquement, le club est agressé dans ce qu’il a de plus cher.

C’est-à-dire son histoire et ses symboles. Avec le temps, il est devenu un cobaye offert aux apprentis sorciers propulsés au-devant de la scène par des parties qui ont toujours cherché à manipuler les millions de supporters du Mouloudia dans le but de faire reluire leur vitrine politique, au détriment de l’objet même de la création et de l’existence de ce monument et véritable patrimoine de tous les Algériens.

– Selon vous, le Mouloudia est utilisé comme une arme politique au profit de parties et clans qui dévoient donc les objectifs pour lesquels le MCA a été fondé…

Absolument. Les derniers événements le prouvent et ne laissent place à aucun doute là dessus. Alors que le peuple algérien réclame, depuis le 22 février 2019, la fin du système en place, de ses hommes et symboles, Sonatrach, propriétaire et actionnaire majoritaire de la SPS Le Doyen, esquisse une action provocatrice à l’endroit des supporters du Mouloudia, qui sont une partie du peuple algérien, en réintronisant à la tête du club un pion des forces anticonstitutionnelles. Cet individu ne s’est jamais caché de sa proximité avec le clan qui a conduit l’Algérie là où elle est aujourd’hui.

– Vous estimez que le dernier changement opéré à la tête du club est une décision commanditée d’en haut.  A quelles fins ?

Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour saisir les enjeux qu’il y a derrière cette décision. Le mouvement populaire du 22 février 2019 a déboussolé le pouvoir qui, depuis, cherche par tous les moyens à rester en vie.

Chaque vendredi, la rue exige la fin du système. Les mauvais génies de celui-ci ont pensé pouvoir casser le mouvement en manipulant le peuple du Mouloudia en lui faisant miroiter des titres uniquement par la grâce de l’installation d’un individu qui se réclame de l’appartenance au clan qu’agitent les forces anticonstitutionnelles qui cherchent à maintenir le statu quo.

– Vous êtes, avec d’autres anciens joueurs, des acteurs majeurs de l’épisode de votre nomination et ensuite de votre départ pour être remplacé par celui que le PDG de Sonatrach a installé…

Mes amis et moi n’étions demandeurs de rien du tout. Comme tous les authentiques Mouloudéens, nous étions peinés par ce qui se passait au club. Lorsque le PDG m’a adressé une invitation, je l’ai honorée. Il m’a proposé de diriger une commission composée d’anciens joueurs pour diriger le club. J’ai donné mon accord et rapidement j’ai entamé ma mission avec mes anciens coéquipiers.

Les passations de consignes avec Kamel Kaci Saïd se sont passées le plus normalement du monde. Nous avons élaboré un programme que nous étions en train de mettre en pratique, lorsque le PDG m’a de nouveau invité à le rencontrer. Avant d’entrer dans son bureau, j’étais à mille lieux d’imaginer ce qu’il allait m’annoncer. C’est-à-dire la fin de ma mission et mon remplacement par celui qui pérore sur les plateaux que le Mouloudia, c’est lui.

– C’est-à-dire Omar Ghrib ?

D’abord, je précise une chose. Cet individu ne m’intéresse pas pour les raisons que tout le monde connaît. Je ne veux pas entrer dans les détails. Ensuite, vous m’offrez l’occasion de revenir sur les détails de ma rencontre avec Ould Kaddour, le PDG de Sonatrach. D’emblée, il m’a dit : «Monsieur Bachi, j’ai le regret de vous signifier la fin de votre mission. C’est un ordre venu d’en haut que je suis obligé d’exécuter.»

Cela me donne l’occasion de dénoncer avec la plus grande fermeté ce genre de pratiques détestables et infamantes utilisées par le système pour barrer la route et fermer les portes de la responsabilité à l’élite de ce pays qui, par dépit, va malheureusement monnayer sa compétence et son expertise à l’étranger, alors qu’elle pourrait participer activement au développement de son pays, l’Algérie.

– Votre courte mission s’est arrêtée avec un goût d’inachevé…

Tout à fait. Nous étions porteurs d’un projet ambitieux que nous avons entamé avec passion. Malheureusement, des forces occultes ont de nouveau jeté leur dévolu sur notre grand club, avec l’objectif de l’utiliser comme une arme politique contre le peuple algérien. Le Mouloudia est né pour porter les revendications et aspirations du peuple algérien pendant la colonisation.

Il ne déviera jamais de la ligne de conduite que les Mouloudéens ont héritée de nos valeureux dirigeants qui ont créé le club et semé les valeurs du patriotisme, de l’engagement et du sacrifice au profit de l’Algérie.

Nous avons été nourris par les principes énoncés dans la Déclaration du 1er Novembre 1954. Le Mouloudia, c’est plus qu’un simple club de football. Nous sommes là pour défendre ses valeurs et la mémoire des grands dirigeants qui nous ont légué ce prestigieux patrimoine qu’est le Mouloudia.

Ceux qui partagent avec nous cette philosophie sont plus nombreux que ceux qui n’arrêtent pas de souiller l’histoire de ce grand club. Il est temps pour tous les Mouloudéens sincères et attachés aux valeurs que représente ce club de s’unir pour barrer la route définitivement aux aventuriers et politicards de pacotille, qui cherchent à utiliser le MCA pour assouvir leurs maléfiques desseins antipatriotiques. 


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