Impasse politique et désaccords d’approches

Légitimité libératrice contre légalité bloquante



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Paradoxal. Il plane une grande inquiétude sur le pays, alors qu’il est porté par une grande espérance née de l’insurrection citoyenne, partie de l’historique journée du 22 février.

Deux mois après et grâce à une mobilisation populaire aussi inédite qu’originelle, l’Algérie a franchi un pas géant dans le démantèlement d’un système politique révolu.

Les Algériens sont désormais entrés de plain-pied dans l’esprit d’un nouveau système qui pour l’heure ne voit pas encore le jour. Le chemin sera encore long et la tâche sera encore plus difficile pour bâtir ce nouvel ordre démocratique auquel aspire la révolution démocratique en cours.

Cependant, si les visages du régime incarné par Abdelaziz Bouteflika ont pour la plupart disparu de la scène, par contre ses usages, ses mœurs et ses pratiques sévissent encore.

Le tout escorté d’un discours officiel des plus menaçants. Propulsé bon gré malgré au-devant de la scène, le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, est en première ligne et ne cesse de pilonner.

A tout-va. Avec lui, l’armée n’est plus la grande muette. Au fil des discours, où menace et conciliation s’alternent, il prend toute la place officielle. Le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, est totalement effacé, à l’image de «son» Premier ministre, disparu des écrans radar.

Mais constatant que l’attachement obstiné au formalisme constitutionnel pour donner un prolongement politique à l’insurrection citoyenne conduit inéluctablement à l’impasse, le patron de l’ANP s’énerve et perd son sang-froid.

Son discours de Blida avant-hier atteste de cette nervosité  extrême chez le général de corps d’armée.

Mitrailler, les yeux fermés, l’ensemble de la classe politique et désigner ces membres comme des «ennemis» qui ne «veulent aucun bien pour l’Algérie», pour la simple raison que les opposants et, à juste titre, rejettent la «proposition» du chef de l’Etat a créé, au sein de l’opinion, une tension.

De l’incompréhension et des inquiétudes sur l’avenir du mouvement populaire et son aboutissement. L’armée doit rassurer et non pas faire peur ; le moment recommande la sagesse à tous les niveaux de responsabilité. Les Algériens redoutent une reprise en main autoritaire.

D’évidence, l’option exclusivement constitutionnaliste avec le maintien de l’agenda électoral ne peut constituer une réponse à la crise politique que traverse le pays.

Vouloir l’imposer contre l’avis de l’ensemble de la société et surtout contre le bon sens politique, c’est poursuivre le chemin vers l’impasse. Les divergences politiques et les désaccords d’approches ne doivent pas déboucher sur une confrontation violente ou une escalade verbale.

La situation politique que vit le pays depuis deux mois requiert une démarche nouvelle avec de nouveaux mécanismes à mettre en place devant conduire à une véritable transition. Le contexte exige sérénité et lucidité.

Le pays regorge de capacités et de compétences disposées à conduire cette période avec beaucoup de responsabilité.

Il est vrai que pour l’armée nationale – seule force institutionnelle encore solide –,  il serait difficile de quitter définitivement l’ordre constitutionnel en vigueur. Sortir de la légalité peut en effet faire courir un risque politique pour une institution scrupuleusement attachée au formalisme et à la discipline.

Cependant, il s’avère que les lois et textes fondamentaux régissant la vie politique nationale se trouvent dépassés par la nouvelle situation qui s’est créée dans le pays.

Une situation qui ne peut s’accommoder d’une Constitution plusieurs fois remodelées pour renforcer le pouvoir du Président déchu. Elle est désormais devenue source de l’impasse.

Elle ne peut constituer la base pouvant servir de règle à l’émergence d’un régime politique nouveau. Elle est l’incarnation du système politique ancien et contre lequel des millions d’Algériens se sont soulevés.

Comment faire alors ? L’armée, qui est fortement sollicitée pour aider et accompagner le processus de changement, peut s’appuyer sur la légitimité populaire pour permettre aux élites politiques et sociales d’élaborer collectivement le modèle dans lequel la transition pourra enfin évoluer.

Il ne faut plus retarder l’échéance. L’armée et son chef peuvent faire confiance au génie et à l’intelligence politique des Algériens. L’insurrection citoyenne en cours est salutaire pour le pays.

C’est un moment politique exceptionnellement rare dans l’histoire de la nation, porteur d’une espérance collective et qui ressuscite l’utopie algérienne.


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