Ces «agoras» qui renforcent le mouvement populaire



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Il est de ces belles traditions qui s’installent discrètement et finissent par s’imposer en mœurs démocratiques. Les tribunes ouvertes qui émergent ici et là depuis le mouvement du 22 février ne peinent pas à trouver écho auprès de personnes déterminées à occuper l’espace public, bien entendu par tous les moyens pacifiques.

Des citoyens lambda, qui ne sont pas rompus à ce genre d’exercice prennent la parole en public. Inimaginable il y a quelques mois, tant la chape de plomb du système interdisait de simples rassemblements. Un des miracles de cette révolution qui a libéré les vocations et émancipé un peuple de la confiscation de la parole.

Alger a été la première à intégrer les tribunes publiques dans le mouvement de contestation de vendredi. Rien d’étonnant, diriez-vous, c’est la capitale et par conséquent elle est l’épicentre de la contestation et du militantisme. Mais ce n’est pas une raison pour qu’elle en fasse une chasse gardée.

Mieux, elle s’est échinée à transformer cette initiative en émulation, qui progressivement sera appropriée par la rue à Oran et Constantine. Sans protocole ni préambule. Seule une pancarte portant le nom de «Tribune» est à même d’indiquer le lieu de cette agora où tout citoyen peut exprimer son avis librement, sur la conjoncture actuelle. «Prendre la parole en public est un exercice périlleux. Il n’est pas facile de trouver les mots appropriés pour traduire une idée et la transmettre aux autres. Il faut disposer de certains outils, et surtout de vocabulaire pour le réussir», nous explique Faïza Dahmani, sociologue.

Mais quand bien même l’avis des spécialistes n’est pas à négliger, il n’en demeure pas moins que certaines théories sont démolies à l’épreuve du terrain. «Les citoyens qui défient depuis plusieurs semaines ce système ont réussi dans la foulée à vaincre leur timidité, leur crainte ou leur manque de confiance en soi.

Ils ne se soucient pas de l’art de la formulation ou de la recherche du style. Ils prennent la parole et donnent leur avis avec des mots simples, et c’est un premier pas dans la réappropriation de l’espace public en dehors des marches», atteste notre interlocutrice. Sur des vidéos qui circulent sur la Toile, certains sont à l’aise et ont le verbe facile. D’autres le sont moins, mais parviennent en deux trois mots à dévoiler leurs aspirations, qui dans la plupart des cas font jonction avec celles des millions de compatriotes.

JOUTES VERBALES

Le terme «dégage» à lui seul se substitue à mille discours. «Scander dans la foule des slogans repris collégialement est à la portée de tout un chacun. Développer un avis sur tel ou tel événement, c’est une autre paire de manches.

D’où l’intérêt de perpétuer ces agoras à l’effet d’habituer les gens à prendre la parole et exprimer leurs opinions. Nous sommes dans la période la plus propice à cela», nous a expliqué Hocine, ingénieur à la retraite qui a pris la parole à un forum à Constantine, vendredi dernier. C’était deux heures avant le début de la manifestation dans son 9e acte.

Quelques citoyens, en attendant la marche, ont saisi l’opportunité de lancer un débat public. Des joutes verbales improvisées sur la place de la Liberté. Petit à petit, les gens se sont emparés du «mégaphone» pour analyser la situation «Nous avons besoin de ce genre de tribune, puisque nous ne l’aurons jamais sur la télévision étatique, qui a failli à sa mission publique. Il faut préparer l’après-hirak, il faut que nous lancions les jalons d’un Etat de droit maintenant», dira un intervenant.

Un autre lui répond : «Il faut d’abord que la ‘‘issaba’’ (mafia) qui est au pouvoir parte. Il ne faut pas précipiter les choses.» Un troisième tribun abonde dans le même sens : «Mes frères, depuis plus de deux mois, nous sortons manifester, et Bensalah et Bédoui avec son gouvernement illégitime sont toujours là.

Que faut-il faire pour les dégager ?» Hocine intervient pour la seconde fois afin de mettre en garde «contre la démobilisation ou le fléchissement du mouvement» et d’appeler «à la vigilance car la contre-révolution a commencé». Le débat s’est orienté par la suite sur le post-mouvement du 22 février, les choix des représentants du peuple et la période transitoire.

Les divergences dans les avis étaient palpables. Mais ils se sont dispersés en étant tous sur la même longueur d’onde concernant le départ des résidus du système. Pour le reste, ils verront pour les prochains rendez-vous. Pour l’heure, il leur reste une révolution à poursuivre.


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