Saïd Bouteflika et les généraux Toufik et Tartag arrêtés



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Saïd Bouteflika, frère et conseiller de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été arrêté hier par les services de sécurité, en compagnie des généraux Mohamed Mediene dit Toufik et Bachir Tartag, deux anciens patrons des services du renseignement.

Selon plusieurs sources, les généraux Toufik et Tartag ont été auditionnés par les services de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), dans le cadre d’une enquête sur leurs activités. Selon le site Maghreb Emergent, il s’agirait d’une «demande d’éclaircissements relatifs à la supposée réunion tenue fin février pour mettre fin aux fonctions du Chef d’état-major et l’installation d’un comité de transition présidé par Liamine Zeroual, à laquelle auraient assisté les deux hommes».

Concernant Saïd Bouteflika, plusieurs sources évoquent également son arrestation, au même titre que les deux généraux, dans la cadre de la même affaire. Selon la chaîne Ennahar, les généraux Toufik et Tertag devraient être déférés aujourd’hui devant le tribunal militaire de Blida, eux qui ne cessent de faire l’objet de dénonciation de la part du chef d’Etat major de l’ANP et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, à travers ses différents discours depuis le début de l’insurrection populaire contre le système de Bouteflika.

Dans un discours virulent prononcé le 16 avril dernier à Ouargla, le général Ahmed Gaïd Salah avait accusé publiquement l’ex-puissant patron du DRS, le général Mediene, dit Toufik, de comploter contre l’armée et le mouvement populaire, avant de lui lancer un dernier avertissement, le sommant de cesser ses activités. «J’ai déjà évoqué, lors de mon intervention du 30 mars 2019, les réunions suspectes qui se tiennent dans l’ombre pour conspirer autour des revendications du peuple et afin d’entraver les solutions de l’ANP et les propositions de sortie de crise.

Toutefois, ces parties, à leur tête l’ex-Chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, ont tenté, en vain, de nier leur présence dans ces réunions et d’induire en erreur l’opinion publique, et ce, en dépit de l’existence de preuves irréfutables sur ces faits abjects. Nous avons affirmé, ce jour-là, que nous allions dévoiler la vérité, et les voici continuer à s’agiter contre la volonté du peuple et œuvrer à attiser la situation, en approchant des parties suspectes, et inciter à entraver les solutions de sortie de crise», avait déclaré Gaid Salah depuis Ouargla. Le chef d’état-major de l’armée ne s’est pas contenté d’accuser l’ancien directeur du DRS.

Il l’a menacé ouvertement en déclarant : «Je lance à cette personne (Toufik ndlr) un dernier avertissement, et dans le cas où il persiste dans ses agissements, des mesures légales fermes seront prises à son encontre». Le général Tartag était considéré comme proche du clan présidentiel, notamment de Saïd Bouteflika. Il avait démissionné de son poste de chef de la Direction des services de sécurité (DSS), ancêtre du DRS, le même jour de la démission de Bouteflika, le 2 avril dernier.

Devenu l’homme le plus honni depuis le début de l’insurrection citoyenne le 22 février dernier au point où tout le peuple réclame sa tête, Said Bouteflika, le frère conseiller de l’ex-président de la République, a lui aussi fait l’objet d’accusation à peine voilée de la part du chef d’état-major de l’ANP, dans plusieurs de ses discours. Sans le citer nommément, Ahmed Gaid Salah avait accusé, dans son fameux discours du 2 avril dernier, Said Bouteflika d’être à la tête de la «issaba» (bande) qui a confisqué, selon lui, le pouvoir présidentiel. Même le général Khaled Nezzar n’a pas ménagé, à travers un témoignage rendu public la semaine dernière, le frère cadet de l’ex-président de la République, l’accusant ouvertement de vouloir instaurer l’état d’urgence ou l’état de siège et limoger Gaid Salah de son poste.

A. C.


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