Les mouvements amazighs en Afrique du Nord sous la direction de Nacer Djabi.. Tous engagés pour les revendications linguistiques et identitaires

Cette étude permet d’évaluer le niveau d’intégration nationale sur les plans économique, politique et social ainsi que d’appréhender l’évolution de ce mouvement dans la sphère régionale et nationale.

Paru aux éditions Chihab, cet ouvrage sous la direction de Nacer Djabi «Les mouvements amazighs en Afrique du Nord, élites, formes d’expressions et défis» se décline par les différentes formes d’expression que le mouvement amazigh emprunte dans ces divers pays. Cette étude permet d’évaluer le niveau d’intégration nationale sur les plans économique, politique et social ainsi que d’appréhender l’évolution de ce mouvement dans la sphère régional et national. Nacer Djabi, coordinateur de ce projet, s’est assigné comme but de faire cette étude en raison de la méconnaissance de cette question par divers intellectuels du Moyen-Orient ainsi que par les héritiers de cette culture qui n’avaient presque rien écrit sur ce sujet.
Ce travail de recherche est le premier du genre qui se consacre à l’étude du mouvement amazigh en Afrique du Nord. Cette enquête scientifique dont la durée s’est étalée sur deux années a réuni des chercheurs de diverses disciplines. Cette étude se base sur des entretiens avec des acteurs sociaux et politiques permettant d’avoir un panel de points de vue et des éléments de réponses.
«Comprenant cinq pays, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte, cette recherche est le fruit d’une collaboration interdisciplinaire entre onze chercheurs provenant de plusieurs disciplines dont la sociologie, l’anthropologie, et les sciences politiques. Tous natifs de la région, ils ont étudié des échantillons provenant de neuf régions restées amazigho-phones dans la vie quotidienne. Celles-ci vont du Rif et de l’Atlas central au Maroc, passant par la Kabylie et Ghardaïa en Algérie, la région des Touaregs au sud de l’Algérie et de la Libye où est également inclus le mont Nefoussa ; en passant par des régions amazighophones de Tunisie, pour finir dans l’oasis de Sioua en Egypte», précise Nacer Djabi.
Cet ouvrage très intéressant et plein d’informations renvoie à différents événements politiques et sociaux qui ont jalonné la trajectoire du mouvement amazigh. «Cette étude s’interroge si la question amazighe est basée sur les strictes revendications linguistiques et culturelles, auquel cas l’on peut affirmer qu’elle a atteint son terme suite à la reconnaissance constitutionnelle ; ou bien si elle s’est intégrée dans un ensemble de revendications, voire économiques et sociales ?» affirme le coordinateur. Différents chapitres focalisent sur certaines questions sensibles et épineuses comme «De la question de l’identité algérienne au printemps amazigh (1949-1980)», «Les répercussions du printemps amazigh sur la vallée du M’zab et les Touaregs», « «L’évolution de la question amazighe en Algérie», «Le cadre géographiques des Amazighs», «Le mouvement culturel amazigh au Maroc», «La question amazighe en Tunisie» ; le mouvement amazigh en Libye», et «Les amazighs d’Egypte : isolement géographique et minorité démographique face à un Etat central puissant». Il est à noter que ce travail a été réalisé dans le cadre de la collaboration entre le centre de recherche du développement international canadien et le centre de recherche d’économie appliquée du développement en Algérie (CREAD).
Pour clore, Nacer Djabi affirme par ses propos : «En effet, dans tous les pays d’Afrique du Nord, le débat sur la question de l’Etat, sa décentralisation, sa refonte… est de mise, car les élites dans leur majorité considèrent que la forme centralisée et jacobine de l’Etat a fait son temps, et ne répond plus aux besoins du développement, et constitue même un frein pour la transition démocratique tant attendue dans ce sous-continent». C’est un livre judicieux qui donne des éléments clés pour aborder cette itérative question amazighe.
Kheira Attouche