Boukrouh dénonce des «opportunistes» soutenus par des médias «complices»



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Par Mounir Serrai – L’ancien ministre et fondateur du PRA, Noureddine Boukrouh, revient dans une tribune publiée sur sa page Facebook sur la situation politique que vit actuellement l’Algérie. Il évoque d’emblée l’impasse dans laquelle se trouvent le pays, peuple et pouvoir.

«Le peuple et l’armée sont face à face. Ils doivent régler un problème qui ne s’était jamais ouvertement posé, celui de la dévolution du pouvoir. Non plus sur la base de la force mais du droit. La révolution citoyenne a commencé ‘’silmiya’’ et ne saurait finir ‘’damiya’’, relève Boukrouh pour lequel la cohabitation de la révolution avec l’ordre constitutionnel a été jusqu’à aujourd’hui possible.

Il précise que le départ du président de la République s’est bien effectué, dans le respect de la volonté populaire et des formes légales. Mais faire partir le président de la République n’était pas la finalité du mouvement, souligne Boukrouh. «Il était le premier objectif dans l’ordre des priorités mais il vient en seconde position dans l’ordre des finalités, juste après le départ du ‘’système’’ qui n’est pas né il y a vingt ans.»

Noureddine Boukrouh estime que «le lundi 21 mai cessera le mariage, improbable en soi, entre révolution et légalité. Non pas du fait d’une embardée de la révolution, ni d’un coup de volant du pouvoir mais de la survenance d’une circonstance rare dans les annales de la politique et du droit : une panne électorale, une élection présidentielle tombée en désuétude faute de candidats et d’électeurs».

Mais il considère qu’«il  reste possible de faire coexister révolution et légalité pour une cinquantaine de jours encore, c’est-à-dire avant l’expiration, le 9 juillet, du mandat du chef de l’Etat par intérim». Au-delà, affirme-t-il, «ce sera l’inconnu, l’obscurité, c’est-à-dire un champ ouvert à toutes les éventualités : les bonnes autant que les mauvaises».

Selon lui, un compromis entre la légalité constitutionnelle et la légitimité populaire n’ayant pu être trouvé, le pays se retrouvera dans la nécessité d’une période et des instances de transition forcément non constitutionnelles.

Boukrouh parle ainsi de «l’idée d’une élection présidentielle à l’échéance prévue ou quelques mois après, mais sans les 3 B, encadrée par des visages inspirant confiance et des règles de jeu revues et corrigées». Pour lui, «le vide constitutionnel ne doit pas devenir un vide cosmique et, pour l’éviter, il faut savoir définir, conceptualiser et matérialiser la période et les instances de transition».

«Les ‘’initiatives’’ allant dans ce sens se multiplient au fil des jours, se copiant, se complétant ou se contredisant, de même que prospère l’opportunisme avec des figures qui se sont autoproclamées porte-voix d’un ‘’hirak’’ qu’elles n’ont pas déclenché», fait-il remarquer, précisant qu’elles sont «issues pour la plupart d’un même courant idéologique et soutenues par quelques médias complices».

Il considère dans ce sillage que «les détenteurs véritables du hirak n’ont rien proposé à ce stade, ce qui ne signifie pas qu’ils n’ont pas leur idée sur la suite ou le cap vers lequel ils comptent mener la nation».

Boukrouh estime que «le problème de la relation peuple-pouvoir est de nature mentale, psychologique et se pose entre des ‘’décideurs’’ soudés par une culture du pouvoir enracinée dans leur vision des choses et un peuple qu’ils n’arrivent pas à se représenter sous l’angle des articles 7, 8, 11 et 12 de la Constitution car en retrait de la vie politique ou associative depuis l’indépendance».

«Ces articles disent bien que le peuple est le propriétaire du pays, le détenteur de la souveraineté nationale, le mandataire du pouvoir et le patron de l’armée, de la police, des pompiers, des gardes-forestiers et de tout ce qui porte un uniforme mais, pour le pouvoir, le dire est une chose et le mettre en pratique en est une autre», observe-t-il.

«C’est oui tant que cela ne prête pas à conséquence mais c’est non quand il faut lui remettre le pouvoir et se mettre à son service. Cela n’arrivera qu’au terme d’une réforme mentale, psychique et culturelle que nul ne sait comment, quand et où l’entamer», ajoute Boukrouh, affirmant que «c’est ainsi que les ‘’décideurs’’ parlent de ‘’crise’’ là où il y a une révolution citoyenne portée par des idéaux démocratiques que ne partagent pas tous les hirakistes, certes, mais qui en est une, même si elle n’a pas réalisé tous ses objectifs, œuvre de longue haleine». Pour Boukrouh, considérant que «le problème n’a jamais été dans la relation entre le peuple et ceux qui l’ont gouverné mais a de tout temps été dans le peuple, dans le peuple lui seul».

Les Algériens, selon lui, «ne formaient pas un tout homogène mais un tas hétérogène : ethnies, tribus, aârouch, ‘’açabiyate’’, dwawars…» Et d’après lui, «ce n’est qu’aujourd’hui qu’ils goûtent aux délices du nous après avoir si longtemps souffert des affres des moi désunis et désarticulés. Devenus ‘’hirak’’, ils ont vu de quoi ils pouvaient être capables. Plus jamais ils ne seront comme avant !» «De ce point de vue, on peut dater la naissance du peuple algérien du 22 février 2019», soutient-il.

La révolution est, explique-t-il, «un changement de sa vision du monde avant d’être un changement du décor extérieur, du régime politique ou des lois. C’est le premier qui conduit au second, et non l’inverse».

«Le but de ce point de situation n’était pas de se demander où on en est depuis trois mois mais où en sommes-nous depuis 3000 ans», conclut-il.

M. S.


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