14e vendredi de contestation populaire

Gaïd Salah ciblé, rejet des élections



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Ainsi, malgré la répression de la matinée, la chaleur et la soif, ils étaient des milliers à marcher dans les rues d’Alger pour exprimer une nouvelle fois leur principale revendication, à savoir, le départ du système.

A cet effet, le slogan «Yetnahaw ga3» a retenti de plus belle hier encore, comme pour répondre au chef d’état-major de l’ANP qui l’avait remis en cause dimanche dernier le jugeant «irréaliste». «Dawla madania machi askaria» (Etat civil et non militaire), «Gaïd Salah dégage», «Djeiche chaab, khawa khawa, Gaïd Salah maa el khawana» (Armée, peuple, frères, frères, Gaïd Salah avec les traîtres) ou bien «Gaïd Salah, chiate El Emarat» (Gaïd Salah, serviteur des Emirats) sont les principaux slogans scandés, hier, par les manifestants.

Si le chef d’état-major a été salué au début, lorsqu’il avait «recommandé» la mise en application de l’article 102 de la Constitution (démission du chef de l’Etat), aujourd’hui, du fait qu’il s’accroche vaille que vaille à la voie constitutionnelle, il est de plus en plus ciblé par les manifestants.

Le discours prononcé lundi dernier par le vice-ministre de la Défense nationale, dans lequel il avait réaffirmé ses positions antérieures de s’en tenir au processus électoral en cours, et de rejet donc de toute idée de transition, entre autres, n’a pas été vu d’un bon œil par beaucoup d’Algériens. Ils ont tenu, donc, hier, à le lui faire savoir.

«Pas d’élection avec les symboles du système»

Les manifestants ont également exprimé, une nouvelle fois, leur rejet de l’élection présidentielle du 4 juillet prochain. «Makanch intikhabat ya issabat» (Pas d’élection, gangs), ont-ils crié à maintes reprises.

Les manifestants ne veulent surtout pas d’une élection organisée et supervisée par les symboles de l’ancien régime, en l’occurrence le chef d’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Noureddine Bedoui, ce dernier surtout ayant organisé, en tant que ministre de l’Intérieur, les élections législatives de 2017.

Ils ont ainsi réclamé, sur des pancartes et banderoles, le départ de ces deux responsables. Un appel a été également lancé pour des manifestations grandioses le 4 juillet prochain, jour de l’élection. «4 juillet, kayen massira» (Le 4 juillet, il y a aura une marche), scandaient-ils.

A 24 heures de la fin du dernier délai de dépôt de candidature, les Algériens ont voulu donner un signal quant à l’ampleur du sentiment de rejet qui existe au sein de la population pour ce rendez-vous électoral. Il est question aussi de lancer un «avertissement» en direction des potentiels candidats.

Avant-hier, le ministère de l’Intérieur avait indiqué que 77 intentions de candidature ont été déposées à son niveau, dont trois émanant de chefs de parti politique, à savoir Belkacem Sahli de l’Alliance nationale républicaine (ANR), Abdelaziz Belaïd du Front El Moustakbel (FM) et Tayeb Yennoune du Front algérien pour le développement, la liberté et l’équité (Fadle).

Ces trois pourront-ils déposer quand même leurs dossiers – à supposer qu’ils puissent récolter les signatures nécessaires – malgré le rejet populaire ?

En tout cas, les Algériens, et partout dans le pays, ont une nouvelle fois réaffirmé leur position par rapport à ce processus électoral mené par les symboles de l’ancien régime. Et si Gaïd Salah a été particulièrement ciblé, c’est parce qu’il s’en tient à cette élection massivement rejetée.


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