Ils n’ont pas assisté à la finale de la coupe d’Algérie / Bensalah et Bedoui ont échappé à l’ultime humiliation



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Ce n’est pas Abdelkader Bensalah qui a remis le trophée de la coupe d’Algérie au belouizdadis hier, ni même son Premier ministre Noureddine Bedoui. Le pouvoir le sait bien, la révolution pacifique est née le 22 février, mais elle était en gestation dans les stades depuis des années. Les slogans flamboyants du Hirak sont inspirés des chants de supporteurs. Des chants qui ont imprégné le mouvement citoyen. L’absence du chef d’État et du Premier ministre est, certes, un aveu d’impopularité, mais elle leur a épargné une ultime humiliation, car les arènes sportives se transforment, lors de tels rendez-vous, en tribunaux où sont prononcées des sentences impitoyables contre les dirigeants!

Avant le début de finale de la coupe d’Algérie opposant la JSM Béjaïa et le CR Belouazdad au stade Mustapha-Tchaker hier, des violences avaient éclaté. Ce n’est pas les scènes que l’ont peut imaginer, car les insanités et les jets de projectiles ne s’étaient pas déclarés entre supporteurs des deux équipes, mais  visaient les officiels installés sur les sièges confortables de la tribune officielle.

Les invités de « marque » et les officiels, dont le ministre de la Jeunesse et des Sports, ont été évacués et éloignés durant plusieurs minutes. Des affrontements ont alors éclaté entre les supporteurs et la police, avant que le calme ne revienne à l’entame de la rencontre. Le chef de l’État et le Premier ministre étaient absents. Pourquoi ? Nous allons tenter d’y répondre en décrivant un peu l’ambiance dans laquelle s’est déroulée cette rencontre.

Conjoncture oblige. Les slogans du Hirak ont été scandés durant toute la rencontre. C’était quand même des slogans qui comportaient quelques différences. Ils étaient un peu plus violents et dégradants.

On pourrait croire que le Hirak s’était invité au stade. On aurait tort. Des slogans comme « klito leblad » (comprendre : vous avez dilapidé le pays), sont scandés depuis des décennies dans les stades en Algérie où le contenu des chants des supporteurs a une très forte connotation politique. Le stade était le seul espace garantissant aux jeunes une liberté de ton.

Pour être utilisés dans les manifestations pacifiques, quelques slogans inspirés des chants des stades ont été adoucis et assainis de certaines grossièretés. On préfère chanter les versions authentiques dans les stades, en présence des dirigeants qui s’aventurent dans ces arènes. Face à eux, les supporteurs vomissent tout le malaise de la société. Et pourtant, le pouvoir est toujours resté insensible. Dans sa logique, ce n’est qu’un « chahut de gamins ».

En décidant de ne pas assister à cette rencontre, Bensalah et Bedoui ont évité d’être trainés dans la boue et humilié par cette jeunesse qui a fait des stades une sorte de tribunaux où sont jugés les responsables politiques.

Mais est-ce raisonnable ? Jusqu’à quand se cacheront-ils ainsi ?


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