Deuxième partie

Première participation et beaucoup de regrets



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L’Algérie participe pour la première fois à la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations en 1968, en Ethiopie.

Cinq ans après le recouvrement de l’indépendance nationale et quatre ans seulement après la création d’un championnat national, l’Algérie se qualifie pour la 6e édition de la CAN qu’organise le pays de l’Empereur, le «Négus», Haïlé Sélassié (1930-1974).

Le tirage au sort des éliminatoires de la CAN en Ethiopie a placé l’Algérie dans un groupe difficile avec le Mali de Salif Keita et la Haute-Volta, actuellement le Burkina Faso. Entre 1963 et 1967, débuts de la phase des éliminatoires, l’Algérie n’avait pas encore joué contre des sélections africaines, hors zone Maghreb.

Pour préparer la grande aventure africaine sous la direction du sélectionneur français, Lucien Leduc, en poste depuis novembre 1966, la Fédération présidée par le Dr Mohand Ameziane Maouche a élaboré un programme de préparation avec les moyens de l’époque, c’est-à-dire dérisoires comparativement à ceux d’aujourd’hui.

Pour préparer la première sortie officielle des Verts dans les éliminatoires de la CAN 1968, la Fédération a programmé un match amical à Alger contre l’équipe suisse de la Chaux de Fonds que l’Algérie remporte sur le large score de 3 buts à 0. Les buts algériens ont été l’œuvre de Lalmas, Hachouf et Achour.

Dix jours plus tard, les verts se sont envolés pour Bamako, première étape de leur périple en Afrique. A leur arrivée dans la capitale malienne, les verts prennent leurs quartiers dans le grand hôtel de la ville, l’hôtel Amitié, le seul établissement qui offre des commodités pour une bonne mise au vert.

En ce début d’année (février) 1967, il fait chaud à Bamako. Une autre (mauvaise) surprise attend les Algériens à leur arrivée au stade pour la première séance d’entraînement. La pelouse est dans un mauvais état. Elle n’est pas tondue. Elle le sera la veille du match.

La délégation algérienne est bien accueillie par la population malienne. Lors de la réunion qui a précédé le match, Lucien Leduc a mis l’accent sur une consigne particulière. Il faut maîtriser Salif Keita «Domingo», le meilleur joueur du Mali et qui fera après la retraite de Rachid Mekhloufi les beaux jours de l’AS Saint-Etienne (France).

Il aligne une équipe à vocation offensive avec deux ailiers, Achour et Berroudji, pour servir le buteur Noureddine Hachouf (ESGuelma), un milieu de terrain complémentaire avec les Belouizdadis Lalmas-Djemaa, et le métronome Mostfa Seridi (ES Guelma). Mohamed Nassou (CRB) est titularisé dans les buts et protégé par une belle garde formée des Annabis Ali Attoui et Boudene, le sétifien Amar Bourouba et le batnéen Melaksou.

Le match démarre sous de bons auspices. Alors que le chrono de l’arbitre égrenait le début de la 2e minute de jeu, le belouizdadi Hassen Achour ouvre le score pour l’Algérie sur une passe de son coéquipier en club, Ahcène Lalmas. L’ouverture du score a perturbé les Maliens.

Ces derniers comptaient beaucoup sur Salif Keita. Malheureusement pour eux, Hassan Djemaa ne l’a pas laissé respirer. Partout où il bougeait, il avait Djemaa sur ses basques.

Ce dernier a fini par le mettre totalement sous l’éteignoir. Avant la mi-temps, Lalmas doubla la mise (2-0). Le duel Lalmas-Keita a tourné à l’avantage du joueur algérien, auteur d’un très bon match. En fin de partie, il a marqué le 3e et dernier but de la partie.

Ce qu’il faut retenir des deux sorties africaines, c’est la reconduction de la même équipe par le sélectionneur Lucien Leduc, adepte de la formule «on ne change pas une équipe qui gagne».

Donc, débuts réussis des verts dans les éliminatoires de la CAN-1968. Les verts n’ont pas eu le temps de fêter cette victoire à l’extérieur. Ils mettent le cap sur une autre capitale africaine, Ouagadougou, où quelques jours après le succès face au Mali ils doivent donner la réplique à la Haute-Volta qui deviendra plus tard le Burkina Faso, le pays des hommes intègres.

A priori, le match s’annonçait un peu plus facile que celui du Mali. En fait, il a été plus difficile que prévu, surtout en raison de la très forte chaleur qui régnait à Ouagadougou. L’adversaire a ouvert le score en premier. Mostefa Seridi, en première mi-temps, et Ahcène Lalmas, en seconde période, ont signé les deux buts de la victoire algérienne. En deux matchs, les verts ont fait le plein et posé un pied en Ethiopie.

Les matchs retour ont été programmés au printemps 1967. Ils seront une simple formalité. L’équipe nationale aligne sa troisième victoire consécutive contre le Mali grâce à un but de Noureddine Hachouf, qui met la sélection à l’abri de toute mauvaise surprise. L’Algérie a validé son billet pour la CAN-1968 au stade du 20 Août contre le Mali.

Un mois plus tard, l’équipe nationale boucle son parcours dans les éliminatoires par une victoire (3-1) face à la Haute-Volta à la faveur des buts inscrits par Bouyahi (NAHD), Abdi (USMBA) et le défenseur sétifien Amar Bourouba.

Neuf mois ont séparé la fin des éliminatoires et le début de la CAN-1968 en Ethiopie. Lucien Leduc met à profit ce calendrier pour établir un programme de préparation en prévision du grand tournoi d’Addis-Abéba en janvier 1968. Hassen Achour, l’auteur du premier but de l’Algérie dans les éliminatoires de la CAN-1968, se souvient de cette période : «Je me souviens de cette époque. Nous participions pour la première fois aux éliminatoires de la CAN.

Autant dire que nous allions vers l’inconnu. On ne connaissait pas le football africain. Heureusement que pour un coup d’essai ce fut un coup de maître. On s’est imposé deux fois consécutivement à l’extérieur, avec la manière en plus. Nous l’avons fait avec des moyens modestes comparativement à ceux d’aujourd’hui.

Comme récompense, on nous a donné un costume, une cravate et 200 DA comme prime de qualification. Cerise sur le gâteau, l’équipe nationale s’est déplacée en Ethiopie dans l’avion présidentiel. Feu Houari Boumediène avait mis l’avion présidentiel à disposition de la sélection. Deux hautes personnalités se sont déplacées avec la sélection à Addis-Abéba. Il s’agit des regrettés Kasdi Merbah et le colonel Zerguini.»

L’équipe nationale a effectué deux stages de préparation avant le voyage en Ethiopie. Le premier à Seraïdi pour l’acclimatation avec l’altitude, et le second à Alger avant le départ pour l’Ethiopie. L’équipe prend ses quartiers au Guenet Hôtel.

Les joueurs découvrent ce qu’est l’altitude. Ils souffrent beaucoup lors des séances d’entraînement. Les moyens de récupération sont dérisoires. Les joueurs s’ennuient à l’hôtel. Ils passent le temps à taper la belote et jouer aux dominos. C’est le rythme que berce la préparation depuis l’arrivée dans le pays de Haïlé Sélassié.

La veille de l’entrée en lice face à la Côte d’Ivoire, le 11 janvier, la mauvaise nouvelle tombe. Lalmas est forfait pour le premier match face aux Eléphants de Côte d’Ivoire. Le joueur est donné comme blessé. Il refuse d’accepter cette décision et arrive à convaincre Lucien Leduc qu’il peut participer au match tout en étant blessé.

Finalement, il sera remplaçant et prendra la place de Noureddine Hachouf en seconde mi-temps. Entre-temps, les Ivoiriens ont fait le break (3-0) grâce à un doublé de Laurent Pokou et un but de Bozou. C’est la grande déception dans le camp algérien.

Des informations ont fait état de «pressions exercées sur Lucien Leduc pour ne pas aligner Lalmas». Lucien Leduc le reconnaîtra en partie dans une déclaration faite sur place à l’envoyé spécial d’El Moudjahid, Mokhtar Chergui, à qui il dit en substance : «Ce qui risque de tuer votre football, c’est le régionalisme. L’entraîneur est obligé de composer avec tout le monde, de faire l’équilibre régional pour composer son équipe». Il a confirmé entre les lignes le complot contre Lalmas.

Avant d’affronter l’Ouganda, le 14 janvier 1968, il lance : «Je titularise Lalmas et j’aligne l’équipe que je veux. Personne n’interférera dans mes choix.» Il ne le regrettera pas. Lalmas est titulaire et marque 3 des 4 buts de la victoire de l’Algérie. Le Belouizdadi a fait une démonstration sur le terrain.

Son camarade en club, Mokhtar Kalem, a marqué un des 4 buts. Victoire éclatante qui remet en selle les verts qui sont devant un défi : battre le pays organisateur pour se qualifier aux demi-finales. Le 16 janvier 1968, les joueurs algériens vivront le cauchemar face à l’Ethiopie obligée, elle aussi, à vaincre coûte que coûte pour passer le premier tour.

Les Ethiopiens useront de tous les moyens, même anti-sportifs, pour atteindre leur objectif. Ils remportent le match par 3 buts à 1. Le but algérien est inscrit par Boualem Amirouche (RC Kouba) en fin de partie, marquée par l’agression et l’expulsion de Djilali Selmi par l’arbitre congolais qui a sanctionné le joueur agressé et non pas l’agresseur.

L’équipe quitte la CAN-1968 avec un goût d’inachevé et d’injustice aussi. Maigre consolation, Ahcène Lalmas est désigné, avec Luciano (Ethiopie), meilleur joueur du tournoi. Il avait 25 ans. 


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