Si la m’laya et le haïk m’étaient contés



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Le 11 mai 2017, nous avons consacré une chronique philatélique à l’héritage fabuleux des costumes et des habits traditionnels, dans laquelle nous avons survolé en quelques lignes la parution de la m’laya et du haïk sur les timbres réalisés par Ali Kerbouche et émis le 27/8/2014.

Deux ans après, il nous a paru important de revenir avec plus de discernement sur ces deux habits, dont le port symbolique s’affiche avec autant de fierté dans les marches du mouvement populaire du 22 février, notamment pour le haïk. Depuis les marches du 8 mars, qui ont vu une participation historique des femmes, à l’occasion de leur Journée mondiale, le haïk a été la grande vedette du hirak.

Ce dernier est au centre d’une action militante de la part de tous ceux qui portent l’amour des traditions dans leur cœur, pour le reconnaître en tant que patrimoine vestimentaire national. Les manifestations se sont d’ailleurs multipliées ces dernières années pour la promotion auprès des jeunes générations de ce symbole authentique de pudeur et d’élégance féminine.

Le haïk, dont des chercheurs soutiennent qu’il est typiquement algérien, et dont l’histoire remonte au XVIIe siècle, ne devra plus être vu seulement comme ce long tissu blanc en laine fine, en lin ou en soie servant à couvrir le corps de la femme dans la vie quotidienne, mais aussi un élément de l’identité et de l’unité nationales.

Il n’est pas spécifique à Alger, mais était porté aussi à Oran, Tlemcen et plusieurs villes de l’Ouest, mais aussi à Constantine, à Jijel et même dans certaines régions du Sud. Seules la manière de le porter et la confection du fameux «aâdjar», une sorte de voilette cachant le visage, diffèrent. Ce voile blanc était aussi pratique dans la vie quotidienne.

C’est le même sort qui a été réservé à la m’laya. Depuis plusieurs années, le port du fameux voile noir par les femmes est un fait rarissime, aussi bien à Constantine que dans les principales villes de l’Est algérien. La modernité et la popularisation du hidjab, devenu un habit à la mode, ont scellé le destin de la m’laya, après une longue résistance. Elle sera l’un des derniers effets vestimentaires traditionnels à être portés dans la rue.

Selon la légende populaire très répandue, l’histoire de la m’laya est intimement liée au destin tragique de Salah Bey, qui gouverna Constantine durant 21 ans dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Un homme exceptionnel, très populaire et surtout aimé par son peuple, qui marquera pour l’éternité la mémoire collective constantinoise.

Connu pour ses ambitions politiques illimitées, il connaîtra une fin brutale et tragique qui commencera le 8 août 1792, quand le dey Husayn, nouvellement nommé, proclame la destitution de Salah Bey, remplacé par Ibrahim Bousbaâ, ancien caïd du Sébaou, dans l’Ouest. Ce dernier sera tué quatre jours après son arrivée à Constantine par les partisans de Salah bey.

La reprise du pouvoir par Salah bey mènera à une dissidence contre la Régence à Alger, qui n’hésitera pas à lui envoyer une armée renforcée. Salah Bey finira par perdre ses soutiens et sa tentative de soumission se terminera dans le sang.

Il sera arrêté et étranglé le 1er septembre 1792. Les conséquences de cet événement, qui sera à l’origine du port de la m’laya par les Constantinoises, ont été révélées par H’sen Derdour dans son volumineux ouvrage Annaba, 25 siècles de vie quotidienne et de luttes.

Passionnées par son drame, les femmes prononcèrent un deuil qui durera plus de deux siècles à travers le port d’un voile noir aux plis lourds, qui enveloppe la femme de la tête aux pieds, avec pour accessoire une désagréable chebrella (savate sans talon). Le même ouvrage révélera que les femmes de l’Est algérien avaient quand même porté avec élégance, modestie et dignité, le haïk blanc.

Depuis au moins quatre décennies, le port de la m’laya n’est plus ce merveilleux rituel transmis de génération en génération, avec les mêmes gestes et les mêmes accessoires. Il a carrément disparu pour ne réapparaître que lors des cérémonies et des célébrations de circonstance. La m’laya, son histoire, sa simplicité et son charme font désormais partie du passé. C’est vraiment dommage.


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